Africa-Press – CentrAfricaine. Le ministère des Mines et de la Géologie de la République Centrafricaine a validé un avant-projet de loi sur le contenu local les 14 et 15 juillet lors d’un atelier à Bangui. Le ministre Ruffin Beltoungou qualifie ce texte de « révolutionnaire » et affirme qu’il permettra de stimuler l’économie nationale en favorisant l’implication des entreprises centrafricaines dans l’exploitation minière. Toutefois, après des années de promesses non tenues, la population se montre sceptique.
L’atelier a rassemblé des experts et cadres du secteur minier qui ont enrichi le projet avec des propositions du terrain. Le ministre explique que ces recommandations permettront de finaliser un texte qui, après validation par une commission technique, le Conseil économique et social, puis l’Assemblée nationale, pourrait transformer le secteur minier en moteur de développement. Beltoungou déclare au micro de Saint-Christophe Dorouini: « Nos compatriotes nous ont informés de la situation réelle à l’intérieur du pays. » Mais ces annonces peinent à convaincre une population fatiguée par les discours.
En effet, depuis la levée totale de l’embargo sur les diamants par le Processus de Kimberley en novembre 2024, les attentes étaient importantes. Plus d’un an après, les retombées économiques demeurent invisibles. Les Centrafricains se questionnent: « On parle de révolution, mais où est le progrès? ». Les zones minières comme Berbérati et Nola restent dominées par des exploitations industrielles anarchiques, principalement menées par des opérateurs chinois et russes, souvent liés au groupe Wagner. À Nola, des machines sophistiquées aspirent or et diamants sur les rivières, laissant derrière elles des cours d’eau pollués et des terres dévastées.
Malgré les richesses du sous-sol centrafricain – diamants, or, uranium –, la population locale ne tire aucun bénéfice de cette exploitation. À Stangam-Bahéry ou dans la Sangha-Mbaéré, les routes restent délabrées, les écoles inexistantes, et les champs agricoles sont ravagés par l’exploitation minière. Un habitant de Berbérati témoigne: « Les Chinois et les Russes exploitent massivement, mais rien pour nous. » Les rapports font état de pratiques destructrices: pollution des rivières, déforestation, et même travail des enfants, sans que les communautés locales ne bénéficient de retombées significatives.
Le ministre insiste sur la transparence et l’industrialisation du secteur, mais les critiques s’accumulent. Les permis miniers, souvent attribués à des sociétés étrangères comme la russe Midas Ressources ou des entreprises chinoises, provoquent des tensions. En 2019, une commission d’enquête parlementaire dénonçait déjà les « désastres écologiques » causés par des compagnies chinoises à Bozoum, accusées de polluer le fleuve Ouham et de violer le Code minier. En parallèle, la mainmise du groupe Wagner sur le secteur diamantaire, via des pratiques opaques et des alliances avec des réseaux étrangers, inquiète.
Les Centrafricains exigent des explications claires. « Arrêtez de nous prendre pour des enfants ! », lance un habitant excédé. Alors que le ministère promet une révolution, la réalité sur le terrain reste celle d’une exploitation anarchique, d’une pauvreté persistante, et d’un secteur minier qui profite davantage aux étrangers qu’aux centrafricains. Le projet de loi sur le contenu local sera-t-il la réponse tant attendue, ou une énième promesse non tenue?
Source: Corbeau News Centrafrique
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