Africa-Press – CentrAfricaine. La décision de Washington de suspendre les financements USAID place la République centrafricaine dans une situation critique, avec des conséquences directes sur l’accès aux soins, l’alimentation et l’emploi de millions de citoyens.
L’annonce de la suspension des financements de l’Agence américaine pour le développement international (USAID) par l’administration Trump en 2025 constitue un tournant inquiétant pour la République centrafricaine. Cette mesure touche de plein fouet un pays où l’assistance internationale demeure un élément structurant de la survie quotidienne des populations.
Les programmes financés par Washington interviennent dans des secteurs névralgiques de la société centrafricaine. Le Plan d’urgence du président américain pour la lutte contre le sida (PEPFAR) permet actuellement à des milliers de patients d’accéder aux traitements antirétroviraux. Les cliniques mobiles, soutenues par ces fonds, assurent la distribution de médicaments dans les zones reculées du territoire national. Le Programme alimentaire mondial, bénéficiant d’un appui financier américain substantiel, intervient auprès des familles confrontées à l’insécurité alimentaire dans plusieurs préfectures.
Cette dépendance à l’aide extérieure reflète la réalité structurelle du pays. Les témoignages recueillis par nos confrères de Guira FM illustrent cette situation. Un habitant de Bangui souligne que “la quasi-totalité des Centrafricains dépend de l’aide humanitaire”, tandis qu’un autre précise que “la question de la nourriture dépend de certaines organisations internationales”.
L’impact économique de cette suspension dépasse le cadre humanitaire. Les organisations non gouvernementales financées par l’USAID constituent un employeur significatif sur le marché du travail national. Selon les estimations disponibles, près de 1 000 postes dans le secteur humanitaire seraient directement menacés par cette décision. Dans un contexte où l’État centrafricain dispose de capacités limitées pour l’absorption de cette main-d’œuvre, la mesure américaine risque d’aggraver le taux de chômage, particulièrement chez les jeunes diplômés.
La République centrafricaine, malgré la stabilisation progressive observée depuis la fin des conflits majeurs, demeure confrontée à des défis institutionnels considérables. Les infrastructures sanitaires accusent des déficits en équipements et en personnel qualifié. Le système éducatif souffre d’un manque chronique d’enseignants. Les voies de communication nécessitent des investissements massifs pour leur réhabilitation. Dans ce contexte, l’USAID intervenait comme un partenaire technique et financier compensant partiellement ces insuffisances.
Cette situation n’est pas spécifique à la République centrafricaine. D’autres pays du continent, notamment le Soudan du Sud, subissent également les conséquences de la révision de la politique d’aide américaine. Les États-Unis représentaient 42% de l’aide humanitaire mondiale en 2024, selon les données des organisations internationales. Le retrait de ce contributeur majeur crée un déficit que les autres bailleurs de fonds, Union européenne en tête, peineront à compenser dans l’immédiat.
Pour la République centrafricaine, cette crise révèle la nécessité d’une réflexion approfondie sur la diversification des sources de financement et le renforcement des capacités nationales. Les ressources minières du pays, or et diamant notamment, pourraient contribuer au financement des programmes sociaux si leur exploitation était optimisée et leur gestion transparente.
L’heure est désormais à la recherche de solutions alternatives. Les autorités centrafricaines, en collaboration avec les partenaires internationaux restants, doivent élaborer des stratégies de substitution pour maintenir les services essentiels à la population. L’enjeu dépasse le cadre humanitaire immédiat: il s’agit de préserver les acquis de la stabilisation et d’éviter une régression qui pourrait compromettre les efforts de reconstruction du pays.
La suspension de l’aide USAID place ainsi la République centrafricaine devant un test de résilience majeur, dont l’issue déterminera sa capacité à construire un développement moins dépendant de l’assistance extérieure….
Source: Corbeau News Centrafrique
Pour plus d’informations et d’analyses sur la CentrAfricaine, suivez Africa-Press