Africa-Press – CentrAfricaine. Évariste Ngamana vient de franchir une ligne rouge. Le député de Carnot, premier vice-président de l’Assemblée nationale et porte-parole du MCU, parti au pouvoir, s’est livré à un exercice pathétique et de mépris démocratique lors de son passage sur la Radio Ndékè Luka. Ses mots sonnent comme un ultimatum: “Je voudrais d’abord faire comprendre à l’opposition qu’il n’est pas normal qu’ils critiquent constamment pour le plaisir. C’est toujours le même scénario, un groupe de quatre ou cinq personnes qui essaie d’amener des troubles. Il est temps qu’ils se ravisent, car le peuple n’est plus dupe“.
Cette sortie démontre clairement la vraie nature du régime Touadéra. Ngamana transforme la critique politique en acte de sabotage, réduisant des formations politiques entières à une poignée d’individus isolés. Sa technique est bien connue: criminaliser la dissidence, monopoliser la parole populaire, présenter l’opposition comme ennemie de la stabilité.
L’homme politique applique un manuel classique de l’autoritarisme. Il caricature ses adversaires, les présente comme marginaux et nuisibles, puis s’autoproclame interprète unique de la volonté nationale. Cette méthode nie l’existence même du pluralisme politique. Elle efface d’un trait la société civile active, les partis d’opposition légalement constitués et les citoyens qui expriment leur mécontentement.
En déclarant que “le peuple n’est plus dupe”, Évariste Ngamana s’approprie une légitimité qu’aucune consultation populaire récente ne lui accorde. Il parle au nom d’un peuple fantasmé, taillé sur mesure pour servir sa rhétorique. Cette usurpation de la voix collective constitue une violence faite à la démocratie.
Le message est clair: toute critique du pouvoir devient suspecte, toute contestation relève du complot. Cette logique transforme l’adversaire politique en ennemi intérieur, préparant ainsi le terrain à des mesures répressives. Elle s’inscrit dans une dynamique d’étouffement progressif de l’espace démocratique.
Évariste Ngamana ne se contente pas de défendre son camp. Il participe à une entreprise de réécriture du politique, où seule la parole officielle mérite d’être entendue. Sa déclaration constitue un acte de violence symbolique qui vise à disqualifier par avance toute opposition future.
Cette posture autoritaire trouve ses racines dans l’incapacité du pouvoir à répondre aux critiques légitimes sur sa gestion. Plutôt que d’argumenter, Ngamana choisit la diabolisation. Plutôt que de convaincre, il préfère intimider.
Le vice-président de l’Assemblée nationale confirme ainsi une dérive annoncée. Son discours participe d’une stratégie de verrouillage politique, où l’opposition devient synonyme de trahison et la critique, un crime contre l’ordre public. Cette logique mine les fondements même de la démocratie centrafricaine.
Source: Corbeau News Centrafrique
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