Wagner, Or et Diamants: Financement en Centrafrique

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Wagner, Or et Diamants: Financement en Centrafrique
Wagner, Or et Diamants: Financement en Centrafrique

Africa-Press – CentrAfricaine. Le modèle mis en place repose sur une forme de troc sécuritaire: en échange de la protection rapprochée du président Faustin-Archange Touadéra, de l’encadrement de l’armée nationale (les FACA) et de la conduite d’opérations militaires, Wagner s’est vu accorder des droits d’exploitation sur plusieurs sites miniers, forestiers et agricoles. Cette logique de concessions discrétionnaires permet au groupe russe – désormais relayé par l’« Africa Corps », affilié au ministère russe de la Défense – de contrôler des pans entiers de l’économie centrafricaine en toute opacité.

Parmi les cas les plus emblématiques, la mine d’or de Ndassima, exploitée par Lobaye Invest, une société écran liée à Wagner, symbolise cette mainmise sur les ressources stratégiques. À cela s’ajoute la présence croissante des Russes dans les zones diamantifères de l’est du pays, notamment dans les préfectures de la Vakaga et de la Haute-Kotto. Dans ces régions, les populations locales sont fréquemment déplacées de force, les villages incendiés ou vidés de leurs habitants pour sécuriser les sites convoités.

Les témoignages recueillis dans plusieurs enquêtes, notamment par The Sentry et Crisis Group, révèlent un usage systématique de sociétés de façade, souvent enregistrées au nom de proches du pouvoir ou de ressortissants russes, pour masquer les liens avec Wagner et éviter tout contrôle extérieur. En parallèle, les élites de Bangui se retrouvent prises dans un système de dépendance: leur loyauté politique est rétribuée par une part des revenus extraits, renforçant ainsi un régime autoritaire et clientéliste.

Plusieurs enquêtes, dont celle de The Sentry, suggèrent que l’or extrait par des sociétés affiliées à Wagner en Centrafrique pourrait être acheminé hors du pays via des circuits opaques, potentiellement à destination de pays comme le Soudan ou les Émirats arabes unis. Ces exportations s’effectueraient en dehors de tout cadre officiel, échappant à la traçabilité des institutions financières et fiscales centrafricaines. Le recours à des sociétés écrans et à des intermédiaires étrangers, comme Lobaye Invest, rend pratiquement impossible toute supervision par les autorités locales.

Sur le terrain, cette économie de guerre se traduit par une recrudescence des violences contre les civils. En décembre 2021, l’attaque du village de Boyo dans la préfecture de la Ouaka, orchestrée avec la participation de forces associées à Wagner, a entraîné la mort d’au moins vingt personnes, le viol de cinq femmes, le déplacement de milliers d’habitants et la destruction de plus de 500 habitations. À Mboki et Koumboli, des évictions massives ont également été documentées, avec pour objectif non dissimulé de sécuriser des zones minières. Ces exactions s’accompagnent de recrutements forcés de jeunes Centrafricains pour surveiller ou exploiter les sites contrôlés par les Russes. Certains de ces jeunes, surnommés les « Russes noirs », auraient même été envoyés en Ukraine, selon des enquêtes relayées par Deutsche Welle, avant de disparaître sans laisser de traces. L’émergence de l’Africa Corps, qui remplace progressivement Wagner, ne fait qu’officialiser la mainmise militaire du Kremlin sur les opérations africaines. Ce nouveau groupe paramilitaire est directement piloté par le ministère russe de la Défense et semble destiné à pérenniser le modèle d’exploitation extractive militarisée initié par Wagner. À terme, cette stratégie renforce l’autoritarisme du régime de Bangui, isole le pays de la communauté internationale et détourne des ressources cruciales du développement national vers une logique de prédation et de guerre.

Source: Corbeau News Centrafrique

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