Africa-Press – CentrAfricaine. L’observatoire San Pedro Martir, au Mexique, dispose d’un nouvel instrument aux performances uniques: le télescope Colibri dont l’installation s’est achevée au début du mois de septembre 2024. Il a livré ses premières images dans la foulée et une fois que les derniers réglages seront effectués, il sera prêt à accomplir sa mission qui est de traquer les phénomènes transitoires dans le ciel.
A la poursuite des sursauts gamma
Parmi ces phénomènes, le télescope Colibri est particulièrement dévolu à l’étude des sursauts gamma. Ce sont des explosions d’une extrême violence qui se produisent de façon aléatoire dans l’Univers et génèrent un flux de rayonnements hautement énergétiques. Leur origine est aujourd’hui mieux comprise: les sursauts gamma peuvent être générés par des étoiles se transformant en trous noirs ou par deux étoiles à neutrons entrant en collision, ce qui finira par former, là aussi, un trou noir.
Pour détecter ces sursauts gamma, les scientifiques disposent désormais du satellite SVOM (Space-based multi-band astronomical Variable Objects Monitor) lancé le 22 juin 2024. Avec d’autres instruments, il enverra des alertes au télescope Colibri qui pourra très vite s’orienter vers la région voulue. “SVOM va repérer le sursaut avec l’émission de rayons gamma et Colibri va ensuite réaliser des observations dans le domaine de l’optique et de l’infrarouge grâce à ses trois caméras et son miroir d’1,30 mètre. Ce qui permettra d’obtenir une position plus précise de la source d’émission du sursaut gamma et aussi de sa distance”, explique Stéphane Basa, Directeur de recherche CNRS à l’Observatoire de Haute-Provence et au Laboratoire d’Astrophysique de Marseille.
De la détection du sursaut à la redirection de Colibri, l’ensemble des manœuvres est automatisé, ce qui permet un gain de temps ainsi qu’une diminution des coûts de fonctionnement. En observant la région d’émission du sursaut, le télescope servira à mieux comprendre l’objet qui en est à l’origine “et cet objet agit aussi comme un phare pour faire de la cosmologie, en éclairant la région d’où il provient. Cela nous donnera l’occasion de modéliser la quantité de matière présente entre lui et nous et ainsi de réaliser des sortes de carottages de toute une portion d’Univers”, détaille le scientifique.
D’autres cibles prévues
Colibri prendra prioritairement en charge les alertes en provenance du satellite SVOM, mais il sera aussi intégré à un réseau plus large de détecteurs (VRO, A-LIGO et Virgo, KM3Net) de manière à multiplier les occasions d’observation. Malgré cela, l’étude des sursauts gamma ne représentera qu’environ 20% du temps d’observation du télescope qui sera aussi dédié “plus généralement à l’analyse de la contrepartie optique des phénomènes explosifs en lien avec un trou noir”, explique Stéphane Basa.
Ainsi Colibri pourrait s’intéresser aux phénomènes à l’origine d’ondes gravitationnelles ou d’émissions de neutrinos à haute énergie. Enfin, en dehors de ce contexte “d’urgence”, Colibri mènera un programme de surveillance d’arrière-plan et des créneaux d’observations seront aussi mis à disposition des astronomes français et mexicains.
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