De Grimari à Yalinga en passant par Birao et Ndélé, le cri silencieux d’une Centrafrique assoiffée

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De Grimari à Yalinga en passant par Birao et Ndélé, le cri silencieux d’une Centrafrique assoiffée
De Grimari à Yalinga en passant par Birao et Ndélé, le cri silencieux d’une Centrafrique assoiffée

Africa-Press – CentrAfricaine.
À l’heure où la République centrafricaine se targue de soi-disant progrès, une réalité sombre persiste dans l’arrière-pays. De Grimari à Yalinga, en passant par Birao et Bria, voir Ndélé, le tableau est le même: des populations abandonnées à leur sort, assoiffées et oubliées par ceux-là mêmes qui devraient être leurs porte-voix. Un reportage exclusif du CNC.

Grimari, sous-préfecture située à 60 kilomètres de Bambari, dans la préfecture de la Ouaka, les enfants vivent un calvaire quotidien pour un besoin aussi élémentaire que l’eau. Chaque jour, ces jeunes âmes parcourent plus de 4 kilomètres aller-retour, bravant le soleil et les dangers, pour atteindre des puits de fortune. Ces “sources”, souvent de simples trous creusés à même le sol, profondes d’un à deux mètres, sont leur seul espoir d’étancher leur soif et d’assurer l’hygiène minimale de leurs familles, a constaté un reporter du CNC.

Pendant ce temps, à Bangui, les lambris dorés du pouvoir semblent avoir fait oublier à certains leur devoir envers leurs terres natales. Sylvie Baïpou-Temon, ministre des Affaires étrangères et enfant de Grimari, brille par son absence sur le terrain. Ses discours grandiloquents sur le développement de sa région contrastent cruellement avec la réalité vécue par ses compatriotes.

“On entend toujours parler de millions, de projets, mais ici, c’est le désert”, confie Parfait, un jeune de Grimari. “Nos sœurs et nos mères souffrent chaque jour pour avoir un peu d’eau. C’est ça, le développement?”

Yalinga, sous-préfecture de la Haute-Kotto, la situation n’est guère plus reluisante. Ici, pas de robinets, pas même de puits. Les habitants sont contraints de s’aventurer dans la forêt pour puiser l’eau des sources naturelles, bravant les dangers et l’insalubrité.

“Nos enfants boivent la même eau que les animaux sauvages”, témoigne Marie, mère de famille à Yalinga. “Est-ce ainsi que doivent vivre les citoyens d’un pays indépendant depuis plus de 60 ans?”

L’ironie de la situation n’échappe à personne. Le ministre des Transports, Gautron Djono Ahaba, enfant du pays ayant fait ses études à Yalinga, siège aujourd’hui dans les bureaux climatisés de Bangui. Ses comptes en banque, gonflés de millions de francs CFA, contrastent cruellement avec le dénuement de ses anciens camarades de classe.

“Nous l’avons vu grandir ici, nous étions fiers de le voir réussir”, confie un ancien enseignant. “Mais aujourd’hui, c’est comme s’il avait oublié d’où il venait”.

Ce constat amer ne se limite pas à ces deux localités. À Birao et Ndélé, voir Bria, d’autres régions représentées au gouvernement par le ministre d’État à la justice, ou encore le ministre de l’agriculture ainsi que celui du désarmement, , le tableau est tout aussi sombre. Les populations locales, abandonnées à leur sort, ne doivent leur survie qu’à l’intervention des organisations humanitaires et de la MINUSCA.

Face à cette situation, une question brûle les lèvres: jusqu’à quand les fils et filles du pays, aujourd’hui aux commandes, resteront-ils sourds aux cris de détresse de leurs propres communautés? À quoi servent ces millions qui transitent dans les ministères si ce n’est pas pour améliorer le sort des citoyens?

L’heure n’est plus aux discours creux ni aux promesses vaines. La Centrafrique a soif, non seulement d’eau, mais aussi de justice et d’équité. Il est temps que ceux qui ont gravi les échelons du pouvoir se souviennent du chemin parcouru et tendent la main à ceux qu’ils ont laissés derrière.

En attendant, de Grimari à Yalinga en passant par Birao ou Ndélé, , les enfants continueront leur quête quotidienne d’eau, portant sur leurs épaules le poids d’un développement qui semble les avoir oubliés.

 

Source: Corbeau News Centrafrique

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