Africa-Press – Comores. La Commission de l’océan Indien (COI) avec le soutien de l’Agence française de développement (AFD), a réuni à Maurice des artistes, décideurs et acteurs culturels de la région autour d’un enjeu aussi sensible qu’urgent: les violences sexistes et sexuelles dans les industries culturelles et créatives (ICC).
Les 24 et 25 juin 2025, dans le cadre de son projet dédié aux Industries Culturelles et Créatives (ICC), la Commission de l’océan Indien (COI), avec le soutien de l’Agence française de développement (AFD), a réuni à Maurice plus de 70 professionnels, artistes, chercheurs et représentants d’institutions des Comores, de Madagascar, de Maurice, du Mozambique, de La Réunion et des Seychelles. Cette Rencontre-Action était consacrée sur les violences sexistes et sexuelles dans les ICC.Ces derniers ont croisé leurs regards, partagé leurs expériences et engagé une réflexion commune pour repenser les ICC autour de la sécurité, de l’inclusion et de la justice. À travers tables rondes, témoignages, performances, projections et partages d’outils, ils ont mis en lumière l’ampleur de ces violences systémiques souvent invisibilisées, tout en formulant des pistes concrètes pour construire des environnements professionnels plus sûrs et inclusifs. « Oui, nous avons parlé de violences, d’inégalités, de discriminations, ces réalités qu’on préfère trop souvent taire. Mais nous avons aussi, et surtout, mis en lumière des solutions. Des outils, des initiatives, des alliances qui montrent qu’un autre modèle est possible. Ensemble, nous avons fait émerger des pistes fortes, des urgences partagées, des idées d’avenir. », indique Juliette Janin, Chargée de mission Éducation et formation, culture, santé, genre et entrepreneuriat à la COI.
Tout au long de ces deux jours, les intervenants ont parlé de violences sexuelles infligées par des personnes en position de pouvoir et entravant leur accès à des postes à responsabilités ou à une éducation. Elles ont aussi parlé de violences sexistes comme la mise en doute de leurs compétences, le rabaissement de leur travail ou encore les propos dénigrants. Plusieurs intervenantes ont témoigné avoir préféré garder le silence face aux abus subis, faute de recours disponibles et par crainte d’être jugées ou stigmatisées. Certaines ont même dû quitter leur pays pour pouvoir poursuivre leurs études dans un environnement plus sûr. Les intervenantes ont évoqué la difficulté de gravir les échelons dans un secteur où l’accès aux opportunités reste limité, mais aussi la nécessité, pour beaucoup, de recourir à d’autres sources de revenus, l’art n’étant pas encore suffisamment professionnalisé pour leur permettre d’en vivre pleinement.
Parmi les initiatives structurantes qui ont émergé de cette rencontre-action consiste à la création d’un réseau régional de femmes dans les ICC, développement d’outils pédagogiques, plateformes sécurisées de signalement, et un plaidoyer commun en vue de politiques publiques plus justes. Pour les Comores, la chanteuse Mlaha a montré que ces deux jours l’a fait du bien et surtout, grâce à toutes ces femmes qui ont témoigné. « Je ne me sens plus seule. Bien sûr, nous avons toutes des parcours différents. Mais en les écoutant, j’ai réalisé à quel point nos histoires se rejoignent. Chaque intervention a été un moment fort à mes yeux. Ce que je garderai en mémoire, c’est l’image de toutes ces femmes debout, témoignant avec sincérité des violences qu’elles ont vécues et surtout, leur détermination à faire bouger les choses. Une idée m’a particulièrement marquée: celle de commencer par l’éducation.
Pour elle, il existe clairement une transversalité entre l’industrie culturelle et l’autonomisation des femmes. « C’est un sujet qui mérite d’être étudié en profondeur, car de nombreux aspects liés au genre et à la culture restent encore à explorer. Il faut en parler davantage, sensibiliser le public pour mieux comprendre les enjeux liés aux violences dans les ICC, et surtout, créer un véritable chemin vers la justice pour toutes les victimes, un espace où les abus peuvent être signalés et les personnes accompagnées sur le chemin de la guérison. »
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