Africa-Press – Comores. La ville de Mitsamiouli s’est transformée en véritable carrefour de la mémoire nationale. Pour clore une semaine de festivités marquant le cinquantenaire de l’indépendance des Comores, le collectif Mashudjayi Wa Djanaa (MaWaDja) a organisé le Jeudi 3 juillet 2025, un grand rassemblement populaire mêlant élèves, parents, enseignants et acteurs de la société civile.
C’est sur la place symbolique de Mhandadjou que plus de 3 000 personnes venues de toute la région se sont retrouvées autour d’une foire scolaire et citoyenne, dans une ambiance festive, empreinte de fierté et d’émotion. Tous les niveaux du système éducatif étaient représentés: de la maternelle aux lycées, en passant par les écoles communautaires, publiques et privées. Des établissements comme Albert Camus ou le groupe scolaire Olivier ont également répondu à l’appel, malgré les difficultés rencontrées par certaines structures, comme le lycée public de Mitsamiouli actuellement délabré. « C’est un moment exceptionnel », s’est réjoui Mohamed Bacar, historien et président du collectif MaWaDja. « Voir des familles entières, des enfants de tous âges, des enseignants engagés… c’est une image forte. Une vraie célébration populaire, vivante et ancrée dans nos réalités. »
Cet événement vient couronner une semaine de mobilisation, lancée notamment par un colloque historique le 29 juin, qui avait réuni près de 300 participants, dont des intervenants venus de la diaspora Washington, Paris, ou encore La Réunion. Pour le collectif, cette dynamique illustre la vitalité de la mémoire comorienne et renouvelé pour honorer les figures héroïques des quatre îles qui se sont battues pour la souveraineté. Dans ses prises de parole, Mohamed Bacar a rappelé les moments-clés de l’histoire nationale: « Le 6 juillet 1975, le président Ahmed Abdallah proclamait l’indépendance des Comores. Quelques mois plus tard, le 12 novembre, notre pays faisait son entrée à l’ONU en tant qu’État souverain. » Mais l’historien souligne aussi les blessures non refermées. « L’indépendance reste partielle. Mayotte demeure sous occupation française. C’est une colonisation inachevée. Mais malgré tout, nous sommes debout. Le chemin est difficile, mais exister en tant qu’Union des Comores, c’est déjà un motif de fierté. »
Au-delà de la célébration, MaWaDja porte une ambition forte: faire vivre et transmettre l’histoire nationale, pour en faire un pilier de l’identité comorienne. « Raconter notre histoire, c’est affirmer notre existence. Il faut qu’elle soit enseignée, écrite, discutée dans les écoles. C’est par la connaissance de notre passé que nous construirons une nation unie, digne et souveraine. » En rassemblant plusieurs générations autour de la mémoire collective, la foire de Mhandadjou a réussi son pari: transformer l’histoire en un moteur de cohésion, de fierté et d’engagement citoyen – dans un pays encore en quête de reconnaissance complète de son intégrité territoriale.
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