Cinquantenaire de L’Indépendance et Son Bilan

1
Cinquantenaire de L'Indépendance et Son Bilan
Cinquantenaire de L'Indépendance et Son Bilan

Nassuf Ben Amad

 

Africa-Press – Comores. S’il y a bien une chose à retenir de notre cinquantième anniversaire de l’indépendance, c’est que la commémoration s’est transformée en une simple fête musicale. Les jours précédant le 6 juillet, le gouvernement a organisé une série de concerts au lieu de programmer des tables rondes pour dresser le bilan de cinquante ans d’indépendance et se projeter sur l’avenir pour rebâtir le pays.

Dans un pays comme le nôtre, où règnent instabilité politique et tensions sociales, ce cinquantenaire aurait dû être un moment fort de communion entre gouvernement, opposition et société civile. Une occasion de faire le point sur le chemin parcouru depuis 1975, à travers des débats constructifs et inclusifs. Une semaine entière aurait pu être dédiée à des échanges ouverts, des discussions thématiques et des propositions sur le devenir des Comores. « Je m’attendais à voir de véritables concertations. Des échanges entre toutes les composantes de notre pays: les autorités, l’opposition, la société civile, les étudiants. Tout le monde devrait y participer pour débattre de différentes thématiques. Il fallait surtout dresser un vrai bilan de notre pays après 50 ans d’indépendance, mais aussi réfléchir sur notre avenir, définir où nous voulons aller et comment bâtir notre nation », commente un sociologue, enseignant à l’Université des Comores. Et de poursuivre: « On ne se rend pas compte que ce 6 juillet marque un demi-siècle d’indépendance, et pourtant le pays fait toujours face aux mêmes problèmes de base: électricité, eau, pauvreté avec un taux de chômage considérable. Après 50 ans, notre capitale Moroni ne reflète toujours pas l’image d’une véritable capitale. Nous n’avons pas non plus un aéroport international digne de ce nom. Ce sont pourtant les deux premières vitrines d’un pays. Partout ailleurs, les capitales et les aéroports sont des symboles de modernité. Regardez nos voisins Madagascar, Maurice, Tanzanie…»

Enfin, il souligne que « pratiquement aucun secteur ne fonctionne correctement: ni l’éducation, ni la santé, ni la justice, ni l’économie. Certes, il y a eu quelques avancées sur les infrastructures routières, mais c’est bien peu face aux décennies écoulées depuis l’indépendance. Nous avons un petit pays, avec une population formidable, qui ne demande qu’à vivre en paix. Je pense que le gouvernement a échoué dans la manière dont le cinquantenaire a été célébré. C’était l’occasion de faire un vrai bilan, de tracer une vision, mais elle a été manquée ». Pour rappel, dans son allocution du jeudi 3 avril 2025, à la mosquée de Mitsoudjé, à l’occasion de l’Eïd El-Fitr, le chef de l’État avait déclaré: « Pour la célébration des cinquante ans d’indépendance, j’appelle à évaluer tout le chemin parcouru avant d’envisager les actions à entreprendre pour mener les Comores vers un développement socio-économique réel et l’émergence à l’horizon 2030. » Il avait aussi souligné que « la consolidation des valeurs d’unité, de solidarité et de paix est la base du succès de la politique de réformes que nous avons engagée pour l’émergence de notre pays ».

Et d’ajouter: « C’est pourquoi, dans le cadre de la célébration du cinquantenaire, des thématiques seront présentées aux tables rondes afin de faire le bilan des cinquante dernières années et tracer la voie de l’avenir. Il s’agira de renforcer la paix et la sécurité, et de promouvoir les domaines de la santé, de l’éducation, de la justice, de l’économie et des finances ». Le chef de l’État avait exhorté tous les acteurs politiques, du pouvoir comme de l’opposition, à y prendre part activement. Pour lui, c’était là la meilleure façon de rendre hommage aux héros de l’indépendance et de préparer un héritage digne pour les générations futures. Car, disait-il, « beaucoup a été fait, mais beaucoup reste encore à faire pour maintenir le pays sur la voie que nous lui avons tracée ». Mais force est de constater que ce discours est resté lettre morte. À l’exception des Assises nationales sur l’éducation, rien de concret n’a été organisé pour réfléchir collectivement sur les cinquante années d’histoire et les années à venir.

Source: lagazettedescomores

Pour plus d’informations et d’analyses sur la Comores, suivez Africa-Press

LAISSER UN COMMENTAIRE

Please enter your comment!
Please enter your name here