« Nous devons briser les tabous »

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« Nous devons briser les tabous »
« Nous devons briser les tabous »

Propos recueillis par Andjouza Abouheir

Africa-Press – Comores. Consciente que les maladies de santé mentale peuvent toucher n’importe qui, Farah Moussa, se veut résiliente. Elle crée l’association « espoir » pour être une épaule et un soutien pour les gens atteintes de ces pathologies. Dans cette interview, elle nous montre comment elle a eu l’idée de créer son association et ses perspectives.
Question: D’où vient l’idée de créer une association pour les personnes atteintes de maladies mentales ?
Farah Moussa : c’est d’abord, par rapport à mon parcours universitaire, j’ai un master en droit des personnes vulnérables. En créant cette association je me retrouve un peu dans mon domaine de prédilection même si actuellement j’exerce dans le notariat. Outre cela, l’idée de créer l’association m’est venue par une demande formulée par un ami atteint par une maladie mentale. Il a des moments de lucidité et des moments de démence. Et un jour, , il m’a fait part de sa souffrance et m’a demandé de l’aide. Après plusieurs années de réflexion, je me suis dit que plusieurs personnes se trouvent dans cette même situation et méritent d’être soutenu. Je suis arrivée à l’idée de créer cette association pour épauler ces personnes.

Question : Avez-vous évalué la situation au niveau du pays ?
F.M : pour le moment non. Mais rien qu’en regardant autour de nous, on n’en voit pas mal des gens dans cette situation. Le problème est réel, prend de l’ampleur et on ne se rend pas compte. Hier même, j’ai essayé de sensibiliser quelques personnes autour de moi et j’ai eu des révélations de plusieurs cas. Les maladies mentales touchent tous les âges et toutes les catégories sociales. Nous dévons agir car personne n’est à l’abri d’une dépression ou d’une démence. Il suffit juste d’un rien pour qu’on se retrouve fragilisé mentalement.

Question : Avez-vous des axes stratégiques à mettre en place ?
F.M : Ce qu’il faut retenir, est que notre association est très jeune. Elle a été créée en avril 2022 mais c’est en juin 2022, qu’elle a été enregistrée officiellement. Nous n’avons pas encore réalisé des activités. D’ailleurs c’est le 10 de ce mois que nous lancerons l’association officiellement. Notre plan d’action prévoit des activités à réaliser dans l’immédiat, le court terme, le moyen terme et le long terme. C’est un sujet très vaste mais nous commencerons les urgences. La première est de faire un recensement des cas, d’abord à Ngazidja, ensuite dans les autres îles. Nous avons un volontaire qui s’est proposé de nous créer un site web pour nous permettre d’avoir une bonne visibilité, et aussi faciliter le contact et le partage d’informations notamment les signalements de cas, etc.

Nous allons faire appel aux professionnels pour effectuer les consultations, classifier les cas, définir les besoins de chaque malades. Nous avons pensé à accompagner les familles. Parce que la personne atteinte mentalement, elle est éprouvée personnellement et son entourage l’est beaucoup plus.

Sensibiliser la population sur l’existence de ces maladies. Car malheureusement chez nous, la solution que nous avons quand une personne est atteinte de maladie mentale, c’est d’aller voir un marabout, un exorciste, se rendre dans les établissements religieux pour faire des prières.

Nous comptons aussi protéger les biens des personnes atteintes des maladies mentales. La loi a prévu des dispositions pour protéger ces personnes et leurs biens. ces biens peuvent être placés sous tutelle. Le juge peut nommer un tuteur pour leurs enfants mineurs d’une personne en incapacité juridique et la gestion du patrimoine de cette personne.

Question : le pays ne dispose pas d’un plan ni d’une stratégie nationale pour la santé mentale, quelle est votre stratégie afin de booster les gouvernants ?
F.M : en principe lorsqu’on crée une association c’est pour répondre à une demande spécifique, apporter une solution à un problème bien réel. Nous comptons être une force de propositions auprès du ministère de la santé. Nous pouvons participer dans la recherche de solutions du point de vue médical, social et législatif. Je pense aussi qu’il faut parfois partir du concret pour arriver à un cadre légal. il y a certainement des choses qui sont déjà faites ou qui existent mais qui sont ignorés. Nous comptons capitalier les acquis. Par le pays dispose d’un médecin psychiatre, dun infirmier psychiatre, de psychologues. Toutes ces forces peuvent être réunies pour un monde meilleur.

Un dernier mot :
F.M : Nous devons briser les tabous. Les noirs ne sont pas des personnes insensibles, ou des supers héros, nous sommes avant tout des humains. Nous avons tous des moments de faiblesse, des moments de dépression. Cela arrive à tout le monde de traverser des moments difficiles et c’est normal d’en parler. Il faut savoir évacuer. Nous n’avons pas besoin d’avoir une déception dans la vie pour voir un psychologue, parfois cela peut être pour le besoin d’échanger, ou d’être écouté par une personne qui ne nous portera pas de jugement.

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