Opération Wuambushu: Déjà 221 expulsés en quatre rotations

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Opération Wuambushu: Déjà 221 expulsés en quatre rotations
Opération Wuambushu: Déjà 221 expulsés en quatre rotations

Africa-Press – Comores. 90 expulsés de Mayotte sont reconduits mercredi dernier au port de Mutsamudu. 70, 46 et 15 sont les chiffres des trois premières déportations depuis la reprise des rotations du navire Maria Galanta, le 17 mai dernier. Et la plupart d’entre eux sont en errance à Mutsamudu. Une situation qui soulève inquiète et interrogations.

Face à l’expulsion des comoriens de Mayotte, le gouverneur Anissi Chamsidine reste inflexible contre l’opération Wuambushu. Sa dernière déclaration publiée le 17 mai, confirme que le premier magistrat de l’île reste droit dans ses bottes, malgré le revirement du gouvernement central. Le même jour, une discussion est ouverte avec tous les acteurs politiques et de la société civile, dont le parti JUWA. Le premier contingent arrivé la semaine dernière ne comptait que 15 refoulés, et en début de matinée d’hier jeudi 25 mai, on totalise déjà 221 expulsés, selon les données de l’agence SGTM de Mutsamudu. En tout, plus de deux cent personnes en moins de deux semaines sont donc refoulés de Mayotte.

A Mutsamudu, les témoignages des expulsés laissent perplexe l’opinion publique. « Nous avons passé un mois en prison avant d’être déportés vers Anjouan. On avait une fiche blanche, mais la police de frontière de Mutsamudu l’a prise », témoigne un jeune de 17 ans de Koni Djodjo, Karim Ali. « Nous sommes terrorisés, menacés et maltraités », poursuit-il. Ce dernier appuyé par une femme de la quarantaine qui présente devant les médias munie d’un sachet plastique noir comme seul bagage. « Mon mari et mes enfants sont restés à Mayotte. Nous sommes humiliés et expulsés après. Les dirigeants doivent nous dire où devons-nous vivre », avance-t-elle. Un jeune homme du village de Chandra, connu du nom de Fred a indiqué par contre que « après 20 ans à Mayotte, j’ai choisi de rentrer à Anjouan pour mon avenir. Le moral est au plus bas à Mayotte, d’où mon choix de rentrer ».

Ferme dans sa position, le gouverneur d’Anjouan Anissi Chamssidine ne voit toujours pas d’un bon œil la reprise des expulsions et le fait savoir publiquement. La semaine dernière, un émissaire du gouvernement central, en la personne du secrétaire général du gouvernement a été reçu à Dar Nadja. Mais sa visite n’a eu aucun effet sur l’intransigeance du gouverneur de l’île. Dans cette bataille, le chef de l’exécutif d’Anjouan a le soutien de 20 communes de l’île. Ces derniers ont manifesté début mai et réitèrent leur soutien à l’action initiée par Anissi.

Autre phénomène, depuis la reprise des refoulements, la plupart des expulsés se déambulent dans les rues de Mutsamudu. Ils n’ont nulle part où aller. L’on craint déjà que ces expulsions massives des jeunes déscolarisés et sans attache familiale connue, n’entraine une hausse de la délinquance urbaine. « Si ces jeunes victimes de Wumbushu se mélangent avec ceux qui sont sur place, la suite sera tragique » alerte Daoud Ali Combo, prédicateur de la place. Mercredi dernier, des jeunes fumeurs de haschisch ont cassé la porte d’un résident de Chitsangani. « Ils l’ont tabassé grièvement et l’on projeté sur la route. C’est le Cosep qui est venu le récupérer à 3h00 di matin », témoigne le chef du quartier Chitsangani, connu du nom de Ba Boura.

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