Début de construction de la Tara Polar Station avec la pose de la Moon-Pool

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Début de construction de la Tara Polar Station avec la pose de la Moon-Pool
Début de construction de la Tara Polar Station avec la pose de la Moon-Pool

Africa-Press – Comores. La construction de la station polaire de la fondation Tara (Tara Polar Station) a franchi une nouvelle étape cruciale. La toute première pièce de la station a été posée sur la table de montage le 29 septembre 2023 au chantier naval des Constructions Mécaniques de Normandie (CMN) à Cherbourg. Cet épisode inaugural s’est produit en présence de Romain Troublé, directeur général de la Fondation Tara, d’Albert II de Monaco et de l’ambassadeur pour les pôles et les enjeux maritimes Olivier Poivre d’Arvor. La Fondation Albert II de Monaco soutient en effet les expéditions Tara depuis 17 ans et est impliquée de longue date dans ce projet.

La moon-pool, porte d’entrée dans l’océan polaire aux plongeurs et aux drones

La première pièce, autour de laquelle seront assemblées les diverses strates du vaisseau, est la “moon-pool” : soit un cylindre en aluminium de 1,5 m de diamètre qui permettra d’effectuer des prélèvements d’eau jusqu’à – 2500 mètres de profondeurs depuis l’intérieur du bateau. La moon-pool servira également de porte d’entrée dans l’océan polaire aux plongeurs et à des drones sous-marins encore à l’état de projet, la navigation sous les glaces étant une gageure.

“Nous avons vécu un moment très émouvant ce 29 septembre, a confié Romain Troublé lors de la deuxième édition de l’événement Grand Océan qui s’est tenu du 29 septembre au 1er octobre 2023 dans la capitale du Cotentin (et dont Sciences et Avenir est partenaire). Cela lance le début de la construction qui doit s’achever au début de l’automne 2024. S’ensuivra une campagne de tests de 3 à 4 mois en milieu polaire et dans des conditions hivernales.” La première vraie expédition en Arctique est prévue pour la fin de l’année 2025.

“La station doit pouvoir affronter des températures extérieures pouvant descendre jusqu’à -52°C”

“C’est un environnement hostile, souligne Serge Quaranta, PDG du chantier naval CMN. La station doit pouvoir affronter des températures extérieures pouvant descendre jusqu’à -52°C tout en maintenant une température intérieure de 18°C, ce qui va nécessiter une forte isolation. La structure du bateau devra aussi résister à la pression et à l’abrasion de la glace. Sa coque est constituée d’une forte épaisseur d’aluminium qui nécessite de nouveaux procédés de soudage. Par chance, nous avons au sein de notre équipe une jeune fille médaille de bronze en chaudronnerie et un médaillé d’or en soudage.”

Conçu avec l’architecte Olivier Petit, le futur observatoire dérivant de 27 mètres de long disposera de 12 cabines. “Cela permettra à l’équipage hivernal de 12 personnes de pouvoir s’isoler. Au cours de cette période hivernale, on passe 7,5 mois d’affilée confinés à l’intérieur, explique Romain Troublé. Cela peut être difficile parfois. L’été, saison durant laquelle on vit beaucoup dehors, la station accueillera 18 à 20 personnes.”

L’Arctique, un environnement fragile où les effets du changement climatique sont démultipliés

“Il s’agit d’un bateau adapté au seul océan polaire de la planète, le seul à connaître six mois de nuit et six mois de jour, souligne Romain Troublé. C’est un environnement très particulier pour les écosystèmes qui disposent de peu d’énergie solaire.” Des écosystèmes qui demeurent à ce jour très mal connus. Lors de la dérive arctique effectuée par la goélette Tara durant la quatrième année polaire internationale (2007-2009), les scientifiques avaient principalement mené des études de physique de la glace. Et si la région a été très étudiée au cours des dernières décennies, c’était principalement pour en cartographier les fonds marins, en vue de demander l’extension de leur plateau continental au-delà de 200 milles marins, dans la perspective d’en exploiter les ressources en hydrocarbures. “Mais il y a peu de biologistes russes dans l’Arctique et donc il y a un déficit de connaissance”, remarque Romain Troublé.

La station polaire sera ainsi dédiée à l’étude de ce milieu unique et de son évolution au cours des dix missions qui se succéderont à bord lors des deux prochaines décennies. L’Arctique est en effet un environnement fragile, où les effets du changement climatique sont démultipliés. “Cela fait dix ans que la Fondation Tara travaille sur ce projet, avec des partenaires japonais et jusqu’à récemment russes, expose Romain Troublé. C’est un projet véritablement international : il s’agit de réunir les scientifiques des différents états riverains de l’Arctique, pour qu’ils parviennent à un constat commun, ce qui n’était pas le cas jusqu’à présent. C’est le préalable à une action commune.”

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