Africa-Press – Comores. Le mercredi passé dans la salle de conférences du Casm à Moroni, le docteur Mbaé Toyb, avait invité le conseil des sages et quelques représentants de la société civile, pour leur parler de son livre relatif à la révolte lycéenne de 1968. Une révolte estudiantine qui a été le prélude, selon certains, du vaste mouvement populaire ayant abouti, dans une certaine mesure, à l’indépendance des Comores.
En effet la révolte lycéenne de 1968 a été un creuset où des échanges importants entre jeunes de toutes les îles comoriennes ont eu lieu. Le brassage brutal en quelques mois de ces jeunes dans les forêts et les villages perdus de Grande Comore, ont conduit à une prise de conscience commune sur le nécessaire combat à mener contre le colonialisme et le devoir de s’impliquer dans la lutte pour la libération nationale. La révolte lycéenne a ouvert les yeux de bon nombre de jeunes élèves sur leur propre devenir dans une société coloniale.
Mais rappelons le contexte. Le samedi 27 janvier 1968 : un avion Héron de la compagnie Air Comores s’écrase sur la piste d’atterrissage lors des manœuvres d’approche. André Sabbas rédacteur en chef en rapportant les fait lors du journal parlé de l’Office de Radio et Télévision Française (ORTF) accuse les comoriens présents sur les lieux du crash d’avoir commis des actes de pillage pendant que les autres – les français blancs, caucasiens – eux faisaient du sauvetage. Or il se trouve que du fait que le lycée Said Mohamed Cheik est localisé non loin de la piste, de nombreux lycéens ont abandonné précipitamment les cours pour aller porter secours aux victimes en plongeant dans une mer très agitée à la rechercher des corps et d’éventuels survivants.
Le lundi 29 janvier 1968, s’en est suivi une manifestation d’indignation des lycéens. Les manifestants arrivent au Haut-commissariat de la République française, siège du pouvoir colonial et de l’ORTF et assiège le bâtiment avant d’être dégagés par les forces de l’ordre. Un Conseil des professeurs se tient pour statuer. Expulsions de certains élèves considérés comme meneurs. En réponse, la grève des cours est décidée par les lycéens en solidarité. La suite on la connait dans ses grandes lignes.
Devant la persistance de la grève des cours, la décision de fermer le Lycée Said Mohamed Cheik est prise par l’administration. Le samedi 2 Mars, les grévistes décident de « prendre le maquis » pour un périple dans certains villages avant le retour au lycée le 14 mars pour une reprise des cours mais qui s’est terminée par des affrontements violents et généralisés commencent entre lycéens grévistes et non grévistes.
L’objet de ce livre est de permettre au lecteur de suivre toutes les pérégrinations des protagonistes de cette histoire qui a marqué beaucoup de générations. Et pour cette première réunion, on a noté que beaucoup d’acteurs de cette révolte étaient présents dans la salle et chacun a parlé de son expérience personnelle, ce qui a donné une tonalité particulière à la sortie du livre.
A la fin de la conférence, une dame a demandé où est passé cette solidarité que l’on ressent à travers les différents témoignages? Selon elle, ce livre pourrait nous aider à faire renaitre cette solidarité dans les moments difficiles que nous traversons et où le chacun pour soi est devenu la règle. Damir Ben Ali, le président du collège des sages a émis le souhait que d’autres rencontres puissent se tenir pour que le plus grand nombre, notamment les jeunes, s’approprie ce pan de notre histoire contemporaine et ne pas perdre espoir en l’avenir.
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