Africa-Press – Comores. À Bangoi Hambou, vingt pêcheurs artisanaux ont participé à une semaine de formation intensive, du 13 au 19 juin, consacrée à l’entretien et à la gestion des dispositifs de concentration de poissons (DCP). Cette initiative, portée par la Commission de l’océan Indien (COI) avec l’appui de l’Union européenne et du gouvernement comorien via le programme ECOFISH, vise à doter les communautés de compétences techniques essentielles pour rendre la pêche artisanale plus autonome, plus sûre et plus durable.
« Cet atelier représente une étape clé dans nos efforts pour renforcer les compétences des pêcheurs et promouvoir une gestion durable des ressources halieutiques aux Comores », a déclaré Fatima Alfeine, Officier permanent de liaison de l’Union des Comores auprès de la Commission de l’océan Indien, à l’occasion de la clôture de la formation. Les dispositifs de concentration de poissons (DCP), structures immergées en haute mer conçues pour attirer les bancs de poissons, occupent désormais une place centrale dans la stratégie comorienne de développement de la pêche artisanale. Savoir les entretenir soi-même, c’est non seulement réduire les coûts et la dépendance vis-à-vis d’interventions extérieures, mais aussi garantir une plus grande sécurité pour les pêcheurs lors de leurs sorties en mer. « C’est une approche innovante qui vise à améliorer les rendements, à réduire les risques en mer et à préserver nos écosystèmes marins », a souligné Fatima Alfeine. « L’objectif est clair: rendre nos pêcheurs plus autonomes, mieux équipés et davantage protégés. »
Pendant une semaine, les vingt participants ont alterné entre sessions théoriques en salle et mises en pratique en mer. Ils ont appris à assembler, entretenir et réparer les dispositifs de concentration de poissons (DCP), tout en abordant leur impact environnemental et économique. Ce renforcement des compétences ouvre la voie à une prise en main locale plus efficace de la pêche artisanale. Représentant la jeunesse de Bangoi, Fahar Mze Mbaba a salué cette initiative qu’il qualifie de « tournant décisif pour les communautés côtières ». « Ce programme va bien au-delà d’une simple formation technique. Il s’agit d’un véritable levier pour renforcer l’autonomie locale, garantir la sécurité alimentaire et inscrire nos pratiques dans une logique de durabilité », a-t-il déclaré.
Malgré les avancées enregistrées, plusieurs défis subsistent. Le village dispose bien d’une chambre froide, élément crucial pour la conservation des produits de la mer, mais celle-ci ne fonctionne qu’en partie, faute d’une source d’énergie fiable. « Nous lançons un appel au gouvernement et à ses partenaires pour l’installation de panneaux solaires. Cela garantirait un fonctionnement continu de la chambre froide et limiterait les pertes », a plaidé le porte-parole des pêcheurs locaux. Autre source de frustration: le marché agricole flambant neuf, encore jamais inauguré. Vide et inactif, il reste pour l’instant un symbole d’espoir non concrétisé.
« Ce marché a été construit avec de grandes attentes. Nous demandons aux autorités de procéder rapidement à son ouverture officielle afin de permettre aux producteurs de vendre dans des conditions dignes », ont exhorté les habitants.
Présents lors de la cérémonie, les représentants des coopératives de pêche de Ngazidja ont, quant à eux, exprimé leur volonté de renforcer leur collaboration avec les autorités. Une manière, selon eux, d’apporter un soutien concret aux populations, notamment en période de tension ou de crise alimentaire. « Nous sommes disposés à céder nos produits halieutiques à des prix abordables au gouvernement afin qu’ils soient redistribués à la population, notamment pendant le Ramadan ou en période de crise », a déclaré Fahar Mze Mbaba, soulignant l’esprit de solidarité qui anime les coopératives locales. Alors que les impacts du changement climatique et de la surpêche deviennent de plus en plus visibles, ces formations apparaissent comme des réponses concrètes aux enjeux du moment. La pêche artisanale, véritable pilier de l’économie comorienne, ne pourra perdurer que si elle s’appuie sur une transmission de savoir-faire adaptée, accompagnée d’un soutien technique et institutionnel solide. « Former, équiper, responsabiliser: c’est en suivant cette voie que nous bâtirons une pêche comorienne plus résiliente, durable et inclusive », a conclu Fatima Alfeine. Elle a réaffirmé, à cette occasion, l’engagement continu de la Commission de l’océan Indien et de l’Union européenne aux côtés des communautés de pêcheurs.
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