Africa-Press – Comores. Faire circuler les savoirs, cultiver les vocations, ouvrir des possibles. C’est dans cet esprit que l’association UONI – « vision » en comorien, s’est associée au Groupe Scolaire Fundi Abdoulhamid pour la Fête des Sciences 2025. Créée par des membres de la diaspora comorienne, UONI mobilise les talents d’ici et d’ailleurs pour accompagner les jeunes, notamment les filles, à se projeter dans les sciences et à bâtir leur avenir avec lucidité et ambition. Le président de l’association, maître de Conférences à l’Université de Lille (France) Amir Aboubacar a accepté de répondre à nos questions. Interview.
Question: Quelle est la mission principale de l’association UONI, et quelles actions concrètes menez-vous pour encourager l’engagement des jeunes, notamment des filles, dans les domaines scientifiques ?
Amir Aboubacar: UONI qui signifie vision en comorien, est une association créée par des membres de la diaspora comorienne. Notre objectif est de mettre nos compétences et expériences au service du pays et mobilisant notamment l’expertise de la diaspora comorienne pour apporter des solutions aux problèmes de notre pays. On souhaite que les savoirs circulent, que les parcours de celles et ceux qui ont étudié ailleurs puissent servir de repères, et que les jeunes trouvent des sources d’inspiration concrètes pour leur propre avenir.
Nos actions tournent autour de trois grands axes qui sont l’éducation, la recherche et développement et l’innovation. Nous intervenons dans les établissements scolaires pour parler avec les élèves, leur présenter des parcours variés, répondre à leurs questions, et les aider à mieux comprendre les différentes voies qui s’offrent à eux. On organise aussi des ateliers d’orientation et des moments d’échange avec des professionnels. Ce sont souvent des discussions simples mais elles permettent aux jeunes d’y voir plus clair.
On accorde une attention particulière aux filles, parce qu’on sait qu’elles sont encore peu nombreuses dans certains domaines scientifiques. Ce n’est pas une question de capacité, mais souvent de représentation. Elles manquent de modèles auxquels s’identifier, ou de soutien pour se projeter dans ces filières. Nous voulons leur montrer que ces domaines leur sont accessibles, qu’elles peuvent réussir et qu’elles ont toute leur place dans le développement du pays. Pour ça, on partage des exemples concrets, on crée des espaces où elles peuvent poser leurs questions librement et on essaye de leur donner confiance.
Question: Pourquoi est-il important pour UONI d’accompagner ce type d’événement éducatif, comme la Fête des Sciences 2025 organisée avec le GSFA ?
Amir Aboubacar: La Fête des Sciences a été l’occasion pour nous d’être présents sur le terrain, aux côtés des élèves. En co-organisant l’événement avec le GSFA, on a voulu rendre les sciences plus vivantes, plus concrètes. On a fourni du matériel de laboratoire pour permettre aux élèves d’expérimenter, d’observer, de manipuler. L’idée, c’était de sortir du cadre purement théorique et de leur donner l’opportunité d’apprendre autrement.
On a aussi rencontré des lycéens à Chouani. Ces moments de discussion sont importants. Les jeunes nous parlent de leurs envies, de leurs doutes, de leurs projets. Parfois, ils ont une idée vague de ce qu’ils aimeraient faire, mais ils ne savent pas comment s’y prendre ou ce qui est réellement possible. Le fait d’échanger avec des personnes passées par là peut vraiment les aider à mieux se situer.
Être présent avec eux, c’est leur dire qu’ils ne sont pas seuls à devoir faire des choix. C’est aussi leur montrer qu’il y a des personnes prêtes à les accompagner, à répondre à leurs questions, à partager ce qu’elles savent. La Fête des Sciences a permis de créer un cadre plus libre, plus interactif, dans lequel ils pouvaient apprendre, mais aussi s’exprimer. Et ça, pour nous, c’est essentiel.
Question: Quels sont les prochains projets de l’association UONI, et comment les jeunes peuvent-ils s’y impliquer ?
Amir Aboubacar: On prépare plusieurs actions pour les mois à venir, toujours dans cette logique d’accompagnement et de transmission. Des ateliers seront organisés dans différentes régions pour faire découvrir des filières scientifiques, techniques ou liées à l’innovation. L’idée, c’est de donner des repères, d’expliquer les étapes pour accéder à certaines formations, de montrer qu’il existe plusieurs chemins possibles selon les profils. On travaille aussi sur un programme de mentorat. Des jeunes pourront être mis en lien avec des professionnels qui les guideront, les aideront à mieux comprendre certains métiers, à se préparer, à prendre confiance. C’est un accompagnement sur le moyen terme, plus personnalisé, qui permet d’avancer à son rythme avec quelqu’un à qui parler.
On a lancé une enquête pour mieux comprendre les parcours des anciens étudiants comoriens, qu’ils soient restés au pays ou qu’ils aient étudié à l’étranger. On veut savoir ce qui les a aidés, ce qui a été difficile, ce qu’ils auraient aimé avoir comme soutien. Cette enquête va nous permettre d’adapter nos actions, d’être plus utiles, plus proches de la réalité. On prévoit de la renouveler chaque année pour suivre l’évolution des besoins.
On développe aussi des projets autour des savoirs locaux, de la biodiversité et des formes d’innovation adaptées au contexte comorien. On pense que certaines solutions sont déjà là, qu’elles existent dans les pratiques, dans les plantes, dans les usages, mais qu’elles méritent d’être étudiées, valorisées, ou simplement mieux comprises. Et puis, on réfléchit à d’autres formats pour impliquer les jeunes de manière plus active: des forums métiers, des challenges, des journées de création autour de problématiques concrètes.
Pour participer, les jeunes peuvent nous rejoindre de plusieurs façons. Ils peuvent s’inscrire à nos activités, venir assister aux ateliers, proposer des idées, répondre à nos questionnaires, ou même rejoindre l’équipe de manière ponctuelle sur un projet. Il n’y a pas une seule manière de s’impliquer. Chacun peut contribuer à sa façon, selon son emploi du temps, ses envies, ses compétences.
Et au-delà des jeunes, nos actions s’adressent aussi aux enseignants, chercheurs, professionnels, institutions locales et internationales, ou acteurs privés. On veut créer des ponts entre différents univers, favoriser les échanges d’idées et les coopérations utiles. On peut intervenir en soutien d’initiatives locales, lancer des projets de recherche, co-construire des programmes de formation ou de sensibilisation, ou accompagner des démarches d’innovation avec des partenaires publics ou privés. Certaines collaborations peuvent venir de France, d’Afrique, d’Asie ou d’ailleurs. Ce qui compte, c’est de construire des passerelles et de travailler ensemble autour d’objectifs communs. Chacun, à son échelle, peut contribuer à cette dynamique.
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