Africa-Press – Comores. L’ONG Dahari avec le Parc National de Mohéli, le Parc Ntringui, et l’Université des Comores ont terminé le comptage complet La Roussette de Livingstone dans les deux îles. La découverte des nouveaux dortoirs a entrainé une augmentation de l’estimation de la population à entre 1500 et 1800 individus.
Depuis quelques mois, l’ONG Dahari avec le Parc National de Mohéli, le Parc Ntringui, et l’Université des Comores était en cours de finalisation de l’analyse des résultats d’une étude sur les mouvements de La Roussette de Livingstone effectuée grâce aux balises GPS attachées aux chauve-souris (avec un permis de la Direction de l’Environnement). Grace à cette étude, ils ont identifié des nouveaux dortoirs pour l’espèce, également des zones et arbres importants pour la nourriture. La découverte des nouveaux dortoirs a entrainé une augmentation de l’estimation de la population à entre 1500 et 1800 individus. « Le comptage national de l’espèce est un travail que nous effectuons chaque année en collaboration avec le Parc National de Mohéli, le Parc National du Mont Tringui et l’Université des Comores », rappelle Hugh Doulton, le co-fondateur de l’ONG Dahari.
La Roussette de Livingstone (Pteropus livingstonii) est l’un des trésors de la biodiversité comorienne. Endémique dans l’archipel des Comores, cette grande chauve-souris se trouve que sur les îles d’Anjouan et de Mohéli. Sa survie est menacée par la disparition progressive de son habitat naturel. Face à cette urgence écologique, Dahari s’est engagée depuis plusieurs années pour préserver cette espèce en collaboration avec les Parcs Nationaux, en impliquant directement les communautés locales dans les actions de conservation. « Depuis 2016, nous avons signé sept accords de cogestion avec des propriétaires de parcelles où se trouvaient des sites dortoirs pour la chauve-souris de Livingstone, ce qui a permis de protéger autour d’un tiers de la population globale de l’espèce. Pour tirer profit de ces accords, les propriétaires de ces sites dortoirs ont reçu des appuis pour augmenter leurs rendements agricoles dans leurs champs en dehors des zones sensibles pour la biodiversité », poursuit-il.
Abdouroimane Hifadhui, du village d’Adda, a emboité le pas de l’ONG Dahari pour la préservation de cette espèce endémique. « Je me suis rapproché de Dahari, car j’avais entendu qu’il y a ces agents qui passaient dans mon champ. J’ai donc demandé qu’on discute pour avoir des explications. C’est à ce moment que j’ai su que c’est une espèce de chauve-souris qui existe seulement aux Comores et que c’est important de la protéger. Moi je ne savais pas que c’était des espèces importantes, Ils étaient là depuis et je ne les ai jamais dérangés. On s’est ensuite mis d’accord que je n’allais pas labourer ni couper les arbres et en retour Dahari m’a aidé sur mes activités agricoles sur d’autres parcelles. Il me donne chaque année en fonction de mes besoins des semences, ça peut être des semences de pomme de terre, de semences de tomates pour le maraichage, de matériels et ils m’ont aussi donné des conseils pour mieux planter », témoigne-t-il.
Cette démarche participative ne s’arrête pas là. Depuis 2024, des accords de conservation forestière plus larges sont signés avec d’autres communautés pour renforcer la protection des massifs forestiers essentiels à la biodiversité d’Anjouan mais également au maintien de l’approvisionnement en eau. L’engagement communautaire est accompagné de recherches scientifiques pour mieux comprendre la dynamique des populations de Roussettes. Des études récentes réalisé entre 2016 et 2023 aux Comores ont permis de comprendre l’état de la population de cette espèce menacée aux Comores. La population d’Anjouan est restée globalement stable au cours des huit années de suivi. L’estimation actuelle est d’environ 1 200 à 1 500 individus sur Anjouan et de 300 à 400 individus sur Mohéli. En collaboration avec l’Université des Comores et Bat Conservation International, l’ONG Dahari effectue des suivis individuels des Roussettes avec des tags GPS pour comprendre comment cette espèce endémique des Comores utilisent le paysage afin d’identifier les arbres-clés utilisés pour l’alimentation ou le repos.
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