Comment BâTir une Économie 24 H/24 en RDC?

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Comment BâTir une Économie 24 H/24 en RDC?
Comment BâTir une Économie 24 H/24 en RDC?

Africa-Press – Congo Kinshasa. Cet article examine la possibilité de bâtir une économie 24 h/24 en République démocratique du Congo (RDC), un modèle où la production et les services fonctionnent sans interruption. Dans un monde interconnecté, la RDC, riche en ressources et dotée d’une jeunesse dynamique, possède déjà les germes d’une telle économie à travers la vitalité de son secteur informel, de ses télécommunications et de ses activités minières et urbaines. Cependant, pour transformer cette réalité spontanée en système structuré, le pays doit renforcer ses infrastructures énergétiques et numériques, garantir la sécurité, moderniser sa législation du travail et investir dans la formation des jeunes. L’économie 24 h/24 n’est pas ici synonyme d’exploitation, mais d’optimisation du temps collectif et d’inclusion productive. Elle représente une vision congolaise du développement continu, fondée sur la créativité, la solidarité, capable de transformer les nuits du Congo en heures de développement inclusif.

1. Introduction

Partout dans le monde, la manière de travailler, de produire et de consommer est en pleine mutation. Les frontières entre le jour et la nuit, entre le temps de repos et le temps de production, s’effacent progressivement sous l’effet combiné de la technologie, de la mondialisation et des nouveaux modes de vie. C’est la naissance d’un modèle que l’on appelle désormais l’économie 24 heures sur 24 — une économie en continu, où les activités humaines ne s’arrêtent jamais, où la disponibilité devient la norme, et où le temps cesse d’être une contrainte.

Dans les grandes métropoles comme New York, Dubaï, Tokyo ou Shanghai, cette réalité est déjà ancrée dans le quotidien: les commerces, les services financiers, les transports, les plateformes numériques et les médias fonctionnent sans interruption. L’économie ne s’endort plus, elle tourne en permanence, portée par des infrastructures performantes, une connectivité totale et une culture de la réactivité.

Mais au-delà des puissances économiques, le modèle 24/24 intéresse aussi les pays en développement, notamment ceux dont les économies sont jeunes, dynamiques et encore en structuration. C’est ici qu’entre en scène la République démocratique du Congo (RDC) — un géant africain aux ressources naturelles inestimables, à la population vibrante de jeunesse et de créativité, mais confronté à des défis majeurs d’infrastructures, de gouvernance et d’inégalités.

La question se pose alors: la RDC peut-elle bâtir une économie 24 h/24?Autrement dit, peut-elle transformer ses contraintes en opportunités pour créer un modèle d’activité continue, adapté à ses réalités locales, mais capable d’interagir avec les flux économiques mondiaux?Cette réflexion ne se limite pas à un simple débat sur les horaires de travail. Elle touche à des dimensions plus profondes: le rapport au temps, à la productivité, à l’innovation et à la dignité du travail humain.

Construire une économie 24 h/24 en RDC, c’est repenser la manière dont le pays produit, consomme, se déplace, soigne, apprend et communique. C’est aussi imaginer comment les nuits congolaises, aujourd’hui marquées par le calme ou l’informalité, pourraient devenir des espaces de créativité, de services et de croissance inclusive.

L’enjeu n’est donc pas seulement économique — il est sociétal et stratégique. Dans un contexte mondial où la rapidité et la disponibilité déterminent souvent la compétitivité, la RDC a l’opportunité de tracer sa propre voie vers une économie continue: une économie qui ne dort pas, mais qui reste humaine, durable et adaptée à sa propre identité, conçue et mise en œuvre par des congolais.

2. Le contexte économique de la RDC

Parler d’« économie 24 h/24 » en République démocratique du Congo (RDC) revient à plonger dans un univers d’oppositions saisissantes: abondance et précarité, dynamisme et fragilité, innovation et désorganisation. Ce pays-continent, au cœur de l’Afrique, détient certains des atouts les plus puissants du continent pour bâtir une économie moderne, mais aussi des défis structurels qui freinent son plein essor.Depuis quelques années, la RDC connaît une croissance économique remarquable, souvent supérieure à la moyenne africaine. Selon les estimations, la croissance du PIB a dépassé les 7 % en 2024, portée principalement par le secteur minier, locomotive historique de l’économie nationale. Le cuivre, le cobalt, l’or et le lithium font du pays un acteur incontournable des chaînes de valeur mondiales, en particulier dans la transition énergétique et la fabrication de batteries électriques.

Mais cette croissance, aussi impressionnante soit-elle, ne se traduit pas encore en amélioration significative des conditions de vie pour la majorité des Congolais. Les revenus restent faibles, le chômage élevé, et les infrastructures de base — routes, énergie, eau, numérique — sont encore loin de répondre aux besoins d’une population qui a désormais franchi les 100 millions d’habitants. En d’autres termes, la RDC produit beaucoup, mais transforme et redistribue encore trop peu.

Pourtant, au milieu de ces contrastes, on observe une force silencieuse: le génie populaire congolais. Dans les grandes villes comme Kinshasa, Lubumbashi, Goma ou Kisangani, la vie économique ne s’arrête jamais vraiment. Les rues restent animées tard dans la nuit ; les vendeurs ambulants prolongent leurs activités à la lumière des lampadaires ou des générateurs ; les taxis-motos et bus collectifs circulent à toute heure ; les bars, restaurants et marchés improvisés témoignent d’une vitalité économique informelle qui, sans en avoir le nom, fonctionne déjà selon le principe d’une économie 24 h/24.Cette économie populaire, à la fois résiliente et inventive, représente une base culturelle et sociale essentielle pour toute transformation future. Elle montre que le peuple congolais a déjà intégré une logique d’adaptation continue, où les contraintes deviennent des opportunités.

Cependant, il existe un écart considérable entre cette vitalité de terrain et la structure économique nationale. Le secteur informel, estimé à plus de 60 % de l’activité totale, échappe en grande partie à la fiscalité, à la protection sociale et à la planification publique. Le défi, pour la RDC, n’est donc pas de créer une économie 24 h/24 à partir de rien: elle existe déjà, mais dans l’ombre, sans cadre ni infrastructure durable.

L’enjeu est de formaliser, sécuriser et moderniser cette dynamique pour qu’elle devienne un véritable moteur de développement. Cela suppose des politiques publiques audacieuses: un accès fiable à l’électricité, une connectivité numérique nationale, un cadre réglementaire favorable à l’entrepreneuriat, et une gouvernance locale capable de soutenir l’innovation urbaine et rurale.

En somme, le contexte économique de la RDC est paradoxal: un potentiel immense, une jeunesse entreprenante, mais une économie encore fragmentée et intermittente.

Pour bâtir une économie 24 h/24, il ne suffira pas d’allonger les horaires de production ; il faudra repenser les fondations mêmes du fonctionnement économique du pays — en électricité, en infrastructures, en technologies et en culture du travail.

C’est sur cette base que l’on peut se demander, concrètement, ce que signifie vivre et produire sans interruption dans un pays comme la RDC.

3. Que signifie « économie 24 h/24 » en pratique?

Pour beaucoup, parler d’économie 24 h/24 évoque immédiatement l’image de grandes métropoles occidentales où les lumières ne s’éteignent jamais. Pourtant, le concept ne se limite pas à une question d’horaires prolongés. Il s’agit avant tout d’un changement de paradigme économique et social, où la production, la distribution et la consommation s’organisent autour d’une continuité permanente des activités.Autrement dit, une économie 24 h/24 n’est pas seulement une économie qui travaille la nuit — c’est une économie qui ne s’arrête jamais.

Concrètement, cela signifie que le temps devient un espace de production ininterrompu. Les entreprises, les services et même les institutions publiques adaptent leurs rythmes pour répondre à une demande constante. Les nouvelles technologies, notamment l’intelligence artificielle, les plateformes numériques et les systèmes automatisés, jouent un rôle clé dans cette transformation: elles permettent aux machines, aux algorithmes et aux réseaux de fonctionner sans relâche, même lorsque les humains se reposent.Dans les pays développés, cette logique s’est imposée dans presque tous les secteurs: le commerce en ligne, les services bancaires numériques, les chaînes de production robotisées, la logistique mondiale et les médias en continu.

Mais qu’en est-il pour la RDC, où le tissu économique reste majoritairement informel et où les infrastructures sont fragiles?En réalité, la RDC connaît déjà une forme “naturelle” d’économie 24/24, née de la nécessité. Dans les rues de Kinshasa, Lubumbashi, Bukavu ou Matadi, il n’est pas rare de voir des activités économiques se poursuivre bien après la tombée du jour:

Des vendeurs de nourriture ou de produits de première nécessité qui installent leurs stands tard dans la nuit, éclairés par des lampes à pétrole ou des ampoules alimentées par des générateurs ;

Des chauffeurs de taxi et de moto qui continuent leur service jusqu’à l’aube pour répondre à la mobilité urbaine ;

Des cybercafés et points de transfert mobile-money qui restent ouverts pour des transactions urgentes ;

Des hôpitaux, pharmacies et cliniques privées qui assurent des gardes médicales ;

Des médias en ligne et influenceurs numériques qui diffusent l’actualité et le divertissement 24 h sur 24.

Cette réalité prouve que l’esprit d’une économie continue est déjà présent dans la culture congolaise: les Congolais ont appris à s’adapter à l’incertitude. Lorsque le courant est coupé le jour, ils travaillent la nuit. Quand les routes sont bloquées, ils improvisent d’autres circuits. Cette flexibilité, née des contraintes, constitue paradoxalement l’une des plus grandes forces du pays pour bâtir un modèle d’économie en continu.

Mais pour transformer cette résilience en système structuré, il faut dépasser la survie et entrer dans l’organisation.Une véritable économie 24 h/24 suppose une infrastructure de soutien capable d’assurer:

Une énergie électrique stable, accessible et abordable ;

Un réseau de transport sûr et fluide, y compris de nuit ;

Une sécurité publique renforcée, pour protéger les travailleurs nocturnes et les biens ;

Une connectivité numérique fiable, permettant aux entreprises, aux écoles et aux citoyens d’interagir en tout temps.

Autrement dit, le passage d’une économie “de débrouille” à une économie “de continuité” exige un changement de cap politique et structurel.L’économie 24 h/24, dans le contexte congolais, ne doit pas être comprise comme une imitation du modèle occidental, mais comme une évolution de la vitalité congolaise vers un système organisé, productif et inclusif.Elle ne vise pas à épuiser les travailleurs ni à allonger les journées, mais à répartir différemment le temps de travail et de service pour que la productivité nationale ne soit plus dépendante des contraintes d’horaires, de délestages ou de fuseaux horaires mondiaux.

En somme, l’économie 24/24 en RDC, c’est la promesse d’un pays qui reste éveillé, non pas par obligation, mais par ambition — celle de transformer l’énergie et la créativité de sa population en mouvement continu, au service du développement collectif.

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