Africa-Press – Congo Kinshasa. Le chef de l’État congolais, Félix-Antoine Tshisekedi a, de nouveau, réprouvé les ambitions expansionnistes du Rwanda, accusant son homologue Paul Kagame de vouloir démembrer la RDC.
« Ses intentions sont belliqueuses et hégémoniques. L’objectif de Paul Kagame est de scinder notre pays et d’occuper, voire d’annexer la partie orientale, qui est une terre très riche en ressources minérales et agricoles », a-t-il déclaré avec fermeté lors de son échange, dimanche 2 novembre, avec la communauté congolaise vivant en Égypte, à l’issue de son séjour officiel dans ce pays d’Afrique du Nord.
Malgré ses critiques sévères à l’égard du régime de Kigali, le dirigeant congolais a rappelé avoir, à plusieurs reprises, tendu la main à Paul Kagame.« Ce n’était pas par faiblesse mais par réalisme, parce qu’on sait comment la guerre commence, mais pas comment elle finit. Je ne suis pas devenu président pour faire la guerre. Nos populations ont besoin de la paix et du développement », a-t-il insisté.
Les échanges ont été vifs, la majorité des questions de membres de la communauté congolaise ayant porté sur la situation sécuritaire et humanitaire dans l’est du pays, théâtre de la résurgence des violences orchestrées par les rebelles du M23, soutenus par le Rwanda.
Tshisekedi a profité de cette discussion pour faire le point sur les différents processus de paix initiés par la RDC: Nairobi, Luanda, Doha et Washington. Revenant sur les raisons de l’impasse du processus de Luanda, le président congolais a accusé Kigali d’avoir saboté les discussions. Malgré les tergiversation, Tshisekedi a rassuré ses compatriotes: la RDC ne baisse pas les bras. « Nous avons développé une diplomatie efficace, parce que nous avons réussi à impulser une dynamique au sein de la communauté internationale visant à sanctionner le Rwanda », a-t-il souligné, saluant les avancées enregistrées dans les processus de Doha et de Washington.
Il a d’ailleurs annoncé la reprise imminente des discussions de Doha.« Ce n’est qu’après cela que Washington, qui attend la conclusion de cet accord, va convoquer le président rwandais et moi-même pour qu’on aille autour du président Donald Trump afin d’entériner finalement les deux accords Doha et Washington », a-t-il précisé, laissant entrevoir une nouvelle étape diplomatique dans la quête de la paix dans l’est du pays.
Une diplomatie offensive et une main tendue vigilante
Tshisekedi a salué le rôle joué par l’émir du Qatar, Tamim ben Hamad Al Thani, dans les négociations avec la coalition AFC/M23.« Je vais lui dire, de vive voix, combien nous sommes reconnaissants », a-t-il confié. Concernant le président américain Donald Trump, médiateur annoncé du futur sommet, il a souligné leur convergence de vues. « C’est exactement la même vision que moi: vivre en paix, travailler au développement de nos populations et à la coopération entre nos pays ». Cependant, il a averti qu’en cas de menace directe contre la souveraineté nationale, il ne reculerait devant rien. « Pour défendre mon peuple, je suis prêt à tout, même à devenir militaire ».
Sur le plan humanitaire, Tshisekedi a également évoqué les efforts déployés par Paris pour rétablir les vols humanitaires dans la ville de Goma, coupée du reste du pays suite à l’occupation. « Je compte sur la pression qui a commencé depuis février et qui fait avancer les choses pour aboutir à l’ouverture de l’aéroport de Goma », a-t-il expliqué, exprimant son empathie envers les populations meurtries par la guerre.
Il a encouragé les militaires et policiers congolais en formation en Égypte, leur promettant le soutien de l’État. « L’État congolais ne vous abandonnera pas », a-t-il assuré, suscitant des applaudissements nourris dans la salle. M. Tshisekedi a ainsi réaffirmé son engagement à défendre la souveraineté de la RDC tout en privilégiant la voie diplomatique. Il a également mis en garde la communauté internationale contre les ambitions de Kigali, qu’il qualifie de « belliqueuses et hégémoniques », et a réitéré son appel à une paix durable dans la région des Grands Lacs.
Le chef de l’État congolais a noté l’importance des rencontres avec la diaspora congolaise à chacun de ses déplacements à l’étranger:« Comme je le fais chaque fois que je voyage, je reçois la communauté congolaise pour échanger et savoir comment elle se porte, dans le but de voir s’il y a moyen d’aider à faciliter les choses là où elle vit ».
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