Africa-Press – Congo Kinshasa. Le dernier rapport du Groupe d’experts des Nations unies relance les accusations contre le Rwanda. Publié hier, mercredi 2 juillet, il évoque une présence massive de soldats rwandais dans l’est de la RDC entre janvier et mai. Par ailleurs, quelques jours après la signature de l’accord de paix entre la RDC et le Rwanda à Washington, la question du désarmement des FDLR fait déjà débat. L’accord prévoit en effet la neutralisation de ces combattants hutus rwandais présents dans l’est de la RDC, ainsi que la levée des mesures défensives (comprendre les troupes rwandaises) dans les trois mois. Mais Kinshasa et Kigali ne semblent pas être d’accord sur l’ordre dans lequel doivent intervenir ces opérations. Kigali a toujours considéré les FDLR — fondés par d’anciens responsables du génocide des Tutsis au Rwanda – comme une menace et exige du gouvernement congolais qu’il les neutralise.
Pour Martin Ziakwau, enseignant en Relations internationales à l’Université catholique du Congo la neutralisation des FDLR par le gouvernement congolais risque d’être problématique à cause de leur proximité avec les Wazalendos. Selon le rapport des experts des Nations unies, le gouvernement congolais continue de s’appuyer sur les Wazalendos et les FDLR comme forces supplétives.
« Je constate que le groupe d’experts des Nations unies donne un certain nombre d’informations sur les relations entre les FDLR et les Wazalendo. Il y aurait des connexions entre les commandements des FDLR et d’autre part les commandants de Wazalendo attestant cette proximité pour montrer que la neutralisation des FLR devrait requérir l’assentiment, l’adhésion également des Wasalendo, explique t-il au micro d’Alexandra Brangeon, de la rédaction Afrique. Dans ce contexte, le gouvernement est en train de négocier avec le M23: on risque donc d’assister à un renversement d’alliance ; des Wasalendos peuvent constituer une entrave à la neutralisation des FDLR. Je ne sais pas si les Wasalendos ont été d’une manière ou d’une autre mis à contribution dans les négociations avec le M23, mais il faudrait s’assurer que les Wasalendos soutiennent la démarche gouvernementale, qu’ils ne vont pas se constituer en entrave si, demain, il y a accord entre le gouvernement et le M 23? »
Aujourd’hui, que reste-t-il des FDLR?
Selon le groupe d’expert de l’ONU, les FDLR, présents sur le sol congolais, représentaient environ 1000 combattants en début d’année. Un chiffre difficilement vérifiable, confie un chercheur, qui ne souhaite pas être identifié. Selon lui, l’aile dure des FDLR – d’anciens génocidaires rwandais – ne serait pas plus d’une centaine. Des combattants plus âgés, assurant les taches les plus sensibles, le renseignement, la formation… Le reste des troupes serait composé de nouvelles recrues, d’enfants de FDLR nés en RDC. Mais dont l’idéologie génocidaire reste très présente, note ce chercheur.
Avant l’importante offensive de l’AFC/M23 en janvier, les FDLR étaient présents dans le triangle reliant Rutshuru à Masisi, au sud du territoire de Lubero. Depuis, il est plus difficile de les localiser, ajoute ce même chercheur. Ils représentent des poches de résistance dans des zones contrôlées par le M23.
Dans leur dernier rapport, les experts de l’ONU notent que – contrairement à l’engagement de Kinshasa – l’armée congolaise a continué à utiliser les FDLR contre le M23. Ses combattants ont d’ailleurs subi d’importantes pertes – ajoutent ces expert- à Saké et Goma où leur numéro 2, le général Ezéchiel Gakwerere, a été capturé au mois de mars. Bras droit de leur chef militaire, le général Pacifique Ntawunguka, alias « Oméga ». Ezéchiel Gakwerere était sous-lieutenant dans l’armée rwandaise en 1994, lors du génocide des Tutsi dans lequel il aurait pris une part très active à Butare. Son nom a d’ailleurs été cité à plusieurs reprises devant le Tribunal pénal international pour le Rwanda à Arusha. Il s’est réfugié avec ses compagnons d’armes dans l’est de la RDC où ils ont finit par former les FDLR, dont il va gravir au cours des 30 dernières années tous les échelons.
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