La purge du réseau Kabila

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La purge du réseau Kabila
La purge du réseau Kabila

Africa-Press – Congo Kinshasa. Le régime Tshisekedi veut éradiquer politiquement tous ceux qui gravitent autour de Kabila, neutraliser leurs formations politiques et dissoudre toute influence héritée de l’ancien pouvoir.

C’est dans ce cadre que le gouvernement congolais a officiellement saisi le Conseil d’État pour demander la dissolution d’une douzaine de partis d’opposition, ciblant en priorité les formations accusées de connivence avec les forces rebelles. L’annonce a été faite le samedi 1er novembre par le vice-Premier ministre de l’Intérieur, Jacquemain Shabani. La décision traduit une volonté claire du régime de frapper tous ceux qui ont participé au conclave de Nairobi, tenu sous l’égide de Joseph Kabila.

Parmi les partis visés figurent le PPRD de Kabila lui-même, le LGD d’Augustin Matata Ponyo, Piste pour l’émergence de Seth Kikuni, l’AAP de Théophile Mbemba, l’ATD de José Makila, l’UDA de Claudel Lubaya, le MPCR de Jean-Claude Vuemba, le MLP de Franck Diongo ainsi que l’UPC, le COFEDEC, le PNEC et ACDP. Le ministère de l’Intérieur reproche à ces formations politiques d’avoir violé les principes de consolidation de l’unité nationale, de compromission de la souveraineté de l’État congolais et de menacer la sécurité et l’intégrité du territoire national.

Une offensive juridique à finalité politique

Officiellement, explique un haut fonctionnaire du ministère de l’Intérieur, la démarche se veut légale et constitutionnelle, fondée sur la loi n°04/002 du 15 mars 2004 portant organisation et fonctionnement des partis politiques, qui prohibe toute activité à caractère militaire ou assimilé. Dans la pratique, cette saisine du Conseil d’État constitue pourtant une opération politique de grande ampleur, visant à neutraliser tous les partis et figures encore liés au réseau Kabila. Pour Kinshasa, la participation au conclave de Nairobi représente une atteinte directe à l’ordre public et à la souveraineté nationale, tandis que pour l’opposition, il s’agissait d’une simple rencontre politique. Cette lecture stricte du patriotisme traduit une logique de revanche politique assumée, où l’ombre de Kabila continue de hanter le pouvoir Tshisekedi.

La purge continue

Cette offensive intervient dans la continuité de suspensions ciblées. Le PPRD et l’ATD de José Makila avaient été frappés en premier. Plus récemment, le gouvernement a suspendu le LGD de Matata Ponyo, PISTE de Seth Kikuni et l’AAP de Théophile Mbemba. Les trois leaders de l’opposition ont été accusés d’avoir « adhéré à une entreprise de déstabilisation du pays ». Le schéma est simple. Le régime veut, en clair, effacer toute trace de l’influence kabiliste, imposer sa vision du patriotisme et rappeler que toute opposition tolérée doit être strictement alignée sur ses intérêts.

Pour le gouvernement, il s’agit de préserver l’ordre public, l’intégrité territoriale et la souveraineté nationale face à toute menace d’ingérence ou d’alliance avec des mouvements armés. Pour plusieurs observateurs, cette série de mesures traduit plutôt une dérive autoritaire, où le droit est instrumentalisé pour museler la pluralité politique et discipliner l’opposition. Le Conseil d’État se retrouve désormais au centre d’un bras de fer politique, avec la responsabilité de légitimer ou non une décision qui pourrait redéfinir durablement la scène politique congolaise.

Une leçon politique sans précédent

Sous couvert de légalité, le régime Tshisekedi croit administrer une vraie leçon à ceux qui ont trahi le pays en cherchant à s’allier avec le M23 ou à collaborer avec le réseau Kabila. Chaque parti suspendu ou visé par la saisine illustre la détermination inébranlable du pouvoir à restructurer l’espace politique, imposer son autorité et redéfinir les contours de la loyauté nationale. L’acté posé par le pouvoir constitue un tournant majeur dans la gouvernance Tshisekedi, où la ligne rouge politique est désormais claire: « toute proximité avec Kabila ou son héritage politique sera sanctionnée sans concession ».

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