Le Rwanda a joué un rôle dans la prise de Goma et Bukavu

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Le Rwanda a joué un rôle dans la prise de Goma et Bukavu
Le Rwanda a joué un rôle dans la prise de Goma et Bukavu

Africa-Press – Congo Kinshasa. Un rapport d’experts de l’Onu à paraître revient sur le « rôle déterminant » de Kigali aux côtés du M23 dans la conquête et l’occupation de Goma et de Bukavu dans l’est de la RDC.

Les experts mandatés par l’Onu disent se baser sur des photos et des vidéos authentifiées prises notamment par drone, ainsi que sur des témoignages et du renseignement, pour évoquer le rôle du Rwanda dans la chute de Goma et de Bukavu dans l’est de la RDC.

« Une semaine avant l’attaque de Goma, des responsables rwandais ont confidentiellement informé le groupe d’experts des Nations unies sur la RDC que le président Paul Kagame avait décidé de prendre immédiatement le contrôle de Goma et de Bukavu », ajoutent les chercheurs.

Dans le document consulté par le journal belge De Standaard, le Rwanda et le M23 construisent un Etat parallèle au Congo, avec pour objectif final le contrôle des matières premières dans l’est de la RDC.

Selon la porte-parole du gouvernement rwandais Yolande Makolo, le rapport « déforme délibérément les préoccupations sécuritaires de longue date du Rwanda liées à la menace persistante que représentent les FDLR ».

Ce rapport qui sera publié dans les prochains jours intervient après la signature vendredi de l’accord de paix entre le Rwanda et la RDC. Accord qualifié de promesse de paix par le président Félix Tshisekdi. Corneille Nangaa, cordonnateur de l’AFC/M23 a jugé l’accord de pas « limité ». Sur place la vie quotidienne reste compliquée pour les populations.

Les établissements financiers de Bukavu toujours fermés

Debout sur l’artère principale de la ville de Bukavu dans la province du Sud-Kivu, Annie Yuma, âgée d’une quarantaine d’années, regarde les portes de sa coopérative d’épargne fermées.

« Il m’est impossible d’accéder à mon compte, pourtant je dois vivre ! Donc, je suis vraiment limitée. C’est pourquoi je lance un appel au gouvernement central pour décanter cette situation, car si on continue comme ça, ça va mettre en danger non seulement ma vie, mais la vie de toute une population. Cinq mois après, tout ce qu’on avait en épargne à la maison c’est fini, on n’a plus rien… »

Malgré la fermeture, les institutions bancaires et de microfinance continuent de facturer les frais de tenue des comptes.

Emile est en colère contre sa banque: « Chaque mois, je reçois le message que l’argent de maintien de compte a été retiré, alors que je ne peux pas passer des opérations bancaires sur mon compte. C’est vraiment paradoxal. Nous demandons au gouvernement national de faire la part des choses: il faut penser à la population ».

Emile ajoute que “ce ne sont pas les comptes des groupes armés qui ont été fermés, ce sont les comptes des paisibles citoyens. La zone où il y a l’AFC/M23 est une zone habitée par plusieurs milliers de personnes. Ça, c’est arrêter la vie des paisibles citoyens ».

Yvette Rubuye est propriétaire d’un restaurant qu’elle a ouvert au centre-ville, grâce au crédit accordé par sa banque. Les affaires sont mauvaises en raison de la situation sécuritaire et elle ne sait plus comment rembourser son prêt.

« C’est difficile d’avoir un rendez-vous avec la banque pour expliquer la situation que je traverse. Alors, ça risque de nous poser un problème plus tard, quand les banques vont ouvrir. Le temps aura passé et nous serons bloqués dans les activités pour lesquelles nous avons demandé un prêt. Donc, ce sont les banques qui bénéficient de la situation, mais moi, je n’en bénéficie pas, car je suis en train de perdre de l’argent. »

Manque à gagner

Lors d’un point de presse à Bukavu, ce mardi, le vice-président de la société civile du Sud-Kivu, Sammy Jean Takimbula, a ainsi exigé la réouverture des banques. Il explque qu' »il y a une fermeture exagérée des banques ».

« Est-ce qu’il y a eu des combats ou des pillages ici? Il n’y avait que quelques coins qui étaient ciblés, mais les banques sont restées intactes. Et l’on se pose maintenant la question: pourquoi subissons-nous cette punition de la part des autorités de Kinshasa? On observe maintenant des agents de l’Etat, des enseignants qui vont au Rwanda pour retirer leur salaire (dans les banques rwandaises, grâce à des cartes bancaires, ndlr). N’est-ce pas un manque à gagner pour les Congolais? » s’interroge Sammy Jean Takimbula.

Début juin, le porte-parole du gouvernement congolais, Patrick Muyaya, a expliqué que les institutions financières sont fermées en raison de la situation sécuritaire dans l’est du pays. Il a espéré que l’initiative de paix en cours va mettre fin à la souffrance des populations.

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