Nouveau Gouvernement Avant Accord Final de Doha

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Nouveau Gouvernement Avant Accord Final de Doha
Nouveau Gouvernement Avant Accord Final de Doha

Africa-Press – Congo Kinshasa. L’annonce inattendue d’un nouvel exécutif

Dans le contexte des négociations de Doha, l’opinion congolaise ne s’attendait pas à un réaménagement technique du gouvernement Suminwa, encore moins à la formation d’une nouvelle équipe, avant un accord final entre le pouvoir de Félix Tshisekedi et l’AFC/M23. Pour beaucoup, ce processus devrait conduire à un dialogue global et inclusif devant déboucher sur un gouvernement de large union nationale.

Pourtant, contre toute attente, le chef de l’État a annoncé un nouveau gouvernement. Une décision qui bouscule les attentes et révèle une stratégie offensive du pouvoir. La décision est jugée précipitée et intempestive, pour l’opposition non armée qui compte sur une influence extérieure pour peser dans les discussions. Elle en sort particulièrement affaiblie.

Questions clés

▪︎ Pourquoi Félix Tshisekedi forme-t-il un gouvernement avant l’accord de Doha?

▪︎ Ce nouvel exécutif ne risque-t-il pas d’être éphémère, pour être remplacé par une équipe issue des pourparlers?

La réponse se trouve dans une stratégie visant à asphyxier l’opposition, tant militaire que politique.

Stratégie « À malin, malin et demi »: Kinshasa prend les devants

Lors de l’ouverture du procès contre Joseph Kabila, le 25 juillet dernier, le M23/AFC avait réagi implicitement, avertissant: « L’autorité de l’État à rétablir dans les zones conquises ne sera pas celle du régime Tshisekedi. »

En réponse à cela, Kinshasa a activé une manœuvre subtile, visant à intégrer des figures de l’opposition non armée telles que Martin Fayulu et Adolphe Muzito, au gouvernement.

Trois objectifs sont visés à travers cette stratégie:

1. Contrer les revendications du M23/AFC à Doha, et rendre caduque toute revendication d’ouverture politique par la rébellion, en démontrant qu’elle est déjà actée.

2. Opposer le M23/AFC aux ex-opposants désormais au pouvoir. Fayulu et Muzito pourraient ainsi être positionnés comme porte-voix républicains pour défendre Kinshasa lors des négociations, en sapant les arguments des rebelles.

3. Préparer l’option militaire en cas d’échec à Doha. Si les pourparlers achoppaient, le gouvernement pourrait compter sur ces nouveaux alliés pour mobiliser l’opinion contre le « proxy rwandais ».

Fayulu I ou Suminwa II? Les indices à suivre

Difficile de prédire si le nouvel exécutif sera un simple remaniement ou une refonte complète avec un Premier ministre issu de l’opposition. Deux scénarios se dessinent:

▪︎ Réaménagement technique: maintien de Suminwa, avec l’arrivée de Fayulu et Muzito.

▪︎ Nouvelle équipe: Fayulu en tête, ou une surprise avec Muzito.

Indice décisif

La démission éventuelle de Judith Suminwa. Si elle quittait ses fonctions, cela signalerait l’arrivée d’un nouveau chef de gouvernement. Fayulu est favori, mais sa radicalité pourrait favoriser Muzito, plus ouvert à une loyauté tactique envers le président.

Un coup dur pour l’opposition non armée

Cette annonce sonne comme une défaite pour l’opposition non armée, qui espérait tirer parti des négociations de Doha. Elle révèle aussi la mainmise de Tshisekedi qui semble imposer son tempo sur le processus, soutenu en coulisse par ses alliés américains.

Conséquence

Les opposants n’ayant pas rejoint les consultations républicaines d’Eberande Kolongele, ou le camp de la patrie de Martin Fayulu se retrouvent marginalisés. Sans levier d’influence, leur capacité de nuisance s’amenuise.

Le piège du « poids politique »: priorité aux résultats

Alors que les ministres en poste se battent pour leur survie politique, et que les nouveaux venus convoitent des portefeuilles, le vrai défi revient à Tshisekedi: choisir des compétences propres, loin des calculs partisans. C’est le moment pour le chef de l’État de procéder à un casting stratégique, fait de compétence et probité sans céder à la pression des poids politiques ou des clans. S’il cède aux pressions ou aux beaux discours, le président portera seul la responsabilité d’un échec.

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