Patrick Muyaya De Kigali En Mode Avion

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Patrick Muyaya De Kigali En Mode Avion
Patrick Muyaya De Kigali En Mode Avion

Africa-Press – Congo Kinshasa. Au Rwanda, tout le gouvernement reste en place, seul le Premier ministre, Édouard Ngirente a été remercié, au milieu de la semaine dernière, et remplacé par le vice-gouverneur de la Banque nationale du Rwanda, Justin Nsengiyumva. L’information rendue publique par le service de presse de la présidence rwandaise n’a même pas été relayée par le ministère de la Communication et de l’information. Pis, au Rwanda, le compte-rendu de réunions du Conseil des ministres relève du secret d’État, contrairement à la RDC, où chaque vendredi soir, le ministre de la Communication et médias [ pas de l’information fait le compte-rendu.

Ça fait Gestapo, disait Étienne Tshisekedi. À Kinshasa, le porte-parole du gouvernement, Patrick Muyaya Katembwe, rend, point après point, compte à l’opinion les délibérations et décisions de l’Exécutif. À Kigali, l’information sur l’action gouvernementale, relève en pratique, de la sûreté d’État. Il y a encore peu, le ministre de l’Information dépendait directement du Premier ministre qui n’est en réalité que « le Papa m’a dit de Paul Kagame ». Des observateurs se rappelleront du chercheur devenu ministre près le Premier ministre chargé de l’Information, Laurent Nkusi, décédé en 2020, « des suites d’une maladie », selon la formulation de Kigali. Il y a près de trois mois, début avril 2025, le porte-parole adjoint du gouvernement rwandais, Alain Mukuralinda (55 ans) est évacué à l’hôpital principal de Kigali où il meurt officiellement « des suites d’une crise cardiaque ». Leader d’opinion, l’homme, proche des milieux sportifs et musicaux, – genre Zacharie Bababaswe – avait la réputation de déclarer haut et fort ce qu’il n’aquiescait pas. Or, à Kigali, tel agissement est assimilable au crime de lèse-majesté… plutôt lèse-Kagame et la sanction est inévitablement la peine capitale.

Fin 2024, le jeune acteur politique, Anselme Mutuyimana (30 ans) a été retrouvé mort, a annoncé un responsable gouvernemental. Deux ans plus tôt, Jean Damascene Habarugira, un responsable de son parti, le FDU-Inkingi, a aussi été retrouvé mort. 2010, le vice-président du Parti vert démocrate, Andre Kagwa Rwisereka, a été retrouvé mort. Le 17 février 2020, la police annonce que le chanteur populaire rwandais Kizito Mihigo a été retrouvé mort dans sa cellule dans un poste de police à Kigali. Alain Mukuralinda a été nommé porte-parole adjoint du gouvernement en décembre 2021, il occupait ce poste aux côtés de Yolande Makolo, porte-parole principale. « Sois belle et tais-toi ! », ainsi se résume la fonction de Yolande Makolo.

Au pays de Kagame, les comptes-rendus de réunions du Conseil des ministres ne sont donc pas disponibles publiquement. Ici, redevabilité, connais pas ! Toutefois, de temps à autre, l’on peut lire des bribes sous forme des communiqués sur le site web du gouvernement rwandais. Mais il est impossible de les copier. Aussi, arrive-t-il de lire certaines décisions sectorielles, mais vagues et axées sur les résultats généraux et les directives politiques sur des comptes X ex-Twitter (ou supposé l’être) des ministres dont la ministre rwandaise en charge des Technologies de l’information et de la communication (TIC) et de l’Innovation, Mme Paula Ingabire, à ne pas confondre avec la porte-parole du gouvernement. Ou encore avec l’opposante rwandaise Victoire Ingabire, rare voix critique du président, Paul Kagame. Cette dernière a été arrêtée, mi-juin 2025, suite à sa comparution la veille au procès à Kigali de neuf personnes accusées d’avoir fait circuler le livre de l’activiste serbe Srdja Popovic, Comment faire tomber un dictateur quand on est seul, tout petit et sans armes (Payot, 2015), qui détaille des méthodes pacifiques pour résister à l’autoritarisme.

En clair, l’exécutif rwandais mené de main de fer, voilà pratiquement 30 ans, par Paul Kagame, s’estime exempté de l’obligation de redevabilité vis-à-vis de son peuple. Au pays des Mille collines, des ONG type Odep, Crefdl, Licoco, etc., passeraient pour des structures terroristes déstabilisatrices de l’État. L’on comprend donc pourquoi Patrick Muyaya est tant redouté par le régime de Kigali. Début juillet, prenant prétexte d’une grossière fakenews selon laquelle le porte-parole du gouvernement de la RDC avait lancé un ultimatum au régime de Kigali sur le retrait de ses troupes venues en soutien aux rebelles AFC/M23, les médias publics rwandais ont déversé toute leur haine sur Muyaya en tentant de convaincre l’opinion publique rwandaise sur le danger d’une communication non autorisée par la haute hiérarchie. Mais, tout le monde n’est pas dupe au Rwanda.

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