Africa-Press – Congo Kinshasa. Le musée national de Lubumbashi a servi de cadre, le 24 juillet dernier, à la journée culturelle dédiée au peuple Tabwa. Organisée par le centre d’art Waza, en collaboration avec l’association socioculturelle Bunvuano bwa ba Tabwa et l’université de Lubumbashi à travers son Observatoire des pratiques culturelles, cette initiative visait à promouvoir la culture Tabwa et à renforcer l’unité dans la diversité.
Présents dans le Sud-Est de la République démocratique du Congo, ainsi qu’en Zambie et au Kenya, les Tabwa forment un peuple bantou structuré autrefois en chefferies et clans, tels que les Bakunda (à Kasenga, Kalemie, Kongolo et Moba), les Bazimba (à Kabalo et Kongolo) ou encore les Bananza (à Mpweto).
Une mémoire culturelle dispersée
Malgré leur forte implantation sur les rives du lac Tanganyika, les Tabwa restent peu représentés dans les espaces culturels. Au musée de Lubumbashi, seules quelques pièces illustrent leur patrimoine. Une situation héritée en grande partie de la colonisation, au cours de laquelle de nombreux objets rituels ont été spoliés: calebasses, statuettes, perles, instruments de musique…
La journaliste Denise Maheho (RFI, La Guardia) rappelle que plus de 150 objets Tabwa sont conservés au musée royal d’Afrique centrale de Tervuren, en Belgique: « Certains de ces objets, arrachés aux chefs symbolisant le pouvoir, restent enfermés loin de leur contexte d’origine. Cela a rompu le lien entre le peuple Tabwa et son histoire. »
Des voix s’élèvent aujourd’hui pour réclamer la restitution de ces œuvres, mais aussi des restes humains, comme ceux du roi Lusinga, décapité en 1884. Pour Landry, membre de l’association Bunvuano bwa ba Tabwa, « ces objets racontent l’histoire de tout un peuple. Leur restitution permettra une réconciliation avec nos ancêtres. Il est essentiel que la jeunesse Tabwa entre en contact avec ce patrimoine pour pérenniser sa culture ».
Transmission affaiblie, traditions en péril
La modernité, l’influence de cultures étrangères et l’exode rural freinent la transmission de la culture Tabwa. À cela s’ajoute l’absence d’objets symboliques et l’impact de certaines pratiques religieuses, qui affaiblissent des rites comme les initiations, la transmission des valeurs et de la langue. Malgré tout, des efforts sont fournis pour préserver l’identité Tabwa.
Odilon Kakonge, historien, se veut rassurant: « Il existe à Lubumbashi des centres d’apprentissage de la langue Tabwa. J’encourage les jeunes à parler leur langue, sans honte. »
L’unité dans la diversité, un moteur national
La journée culturelle Tabwa a aussi été un moment de convergence. Elle a réuni, au-delà de la communauté Tabwa, d’autres associations culturelles de Lubumbashi. Nadine Kabwanga, cheffe de bureau de la promotion culturelle dans la ville, rappelle: « C’est dans la diversité culturelle que réside la richesse du peuple congolais. »
Préserver chaque culture contribue ainsi à renforcer l’unité nationale. Transmettre ce patrimoine aux générations futures est un choix vital pour ne pas rompre le lien avec les racines.
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