Guiglo, l’ombre d’un drame dans la filière café-cacao

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Guiglo, l'ombre d'un drame dans la filière café-cacao
Guiglo, l'ombre d'un drame dans la filière café-cacao

Africa-Press – Côte d’Ivoire. À Guiglo, dans la région du Cavally, la nouvelle s’est répandue comme une traînée de poudre, laissant la population abasourdie. Sanogo Issa, acheteur de produits agricoles bien connu des acteurs de la filière café-cacao, a été retrouvé pendu à son domicile le lundi 30 juin 2025. Âgé de 42 ans, cet homme que tous disaient affable et travailleur a mis fin à ses jours dans une mise en scène silencieuse, presque déroutante, qui laisse aujourd’hui plus de questions que de réponses.

Les faits se sont déroulés dans le quartier Résidentiel, un secteur habituellement calme. Ce matin-là, rien ne laissait présager une telle issue. Selon des témoignages recueillis auprès de proches et voisins, Sanogo avait adopté une attitude tout à fait normale. Il échangeait avec sa famille, plaisantait même. Mais derrière cette apparente tranquillité, se cachait un mal profond que nul n’avait réellement su mesurer.

Sanogo Issa, apprend-on, faisait face depuis plusieurs mois à une spirale de difficultés financières. Les dettes s’accumulaient, les plaintes se multipliaient, et l’étau se resserrait. L’ancien acteur dynamique de la chaîne d’approvisionnement agricole semblait s’être enlisé dans une crise qui le dépassait. Plusieurs créanciers auraient entamé des démarches judiciaires à son encontre. Rongé par la pression, il s’était progressivement isolé, fuyant le regard des autres et la honte qu’il croyait lire dans leurs yeux.

Le lundi du drame, il profite du départ de sa femme et de ses enfants, envoyés faire quelques courses, pour accomplir l’irréparable. Il installe une corde à une poutre de son salon, monte sur une chaise, et se laisse tomber dans le silence de sa maison, loin des regards, loin des jugements. À son retour, son épouse tombe sur l’insoutenable. Son cri résonne encore dans les têtes de ceux qui ont accouru. Les secours, arrivés en urgence, tenteront en vain de le réanimer. Le décès est constaté. La police effectue les constats, le médecin légiste confirme la cause du décès, et le corps est transporté à la morgue de l’hôpital général de Guiglo.

Ce drame dépasse le simple cadre individuel. Il met en lumière les zones d’ombre d’un système où les petits acteurs de la chaîne agricole sont souvent abandonnés à eux-mêmes face aux imprévus, aux créances, et à l’absence de garde-fous. Sanogo Issa n’est pas qu’un nom sur une fiche: il est le symbole d’un malaise plus large, d’un désespoir silencieux que peu de gens osent affronter. Son geste ultime vient rappeler crûment que l’échec économique peut aussi être une question de vie ou de mort.

Aujourd’hui, une famille pleure un père, un mari, un frère. Une ville perd un visage familier de ses marchés. Et la filière café-cacao, pilier de l’économie régionale, se retrouve orpheline d’un de ses rouages. Ce drame devrait nous obliger à réfléchir. Pas seulement sur la personne qu’était Sanogo Issa, mais sur ce que son geste nous dit de notre société.

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