Africa-Press – Côte d’Ivoire. Deux scrutins, deux trajectoires opposées: en Côte d’Ivoire, une stabilité sans suspense ; au Cameroun, un pouvoir fragilisé par l’usure et un vent inédit de contestation. L’analyse de François Soudan, au micro de RFI.
Les élections présidentielles se sont tenues en octobre en Côte d’Ivoire et au Cameroun, dans des contextes similaires en apparence, mais aux issues radicalement différentes. Si à Abidjan comme à Yaoundé, les principaux opposants des présidents sortants ont été exclus du jeu, les conséquences politiques, elles, divergent nettement. L’analyse de François Soudan, directeur de la rédaction de Jeune Afrique, au micro de RFI pour « La Semaine de JA ».
Pour François Soudan, « la principale similitude entre ces deux élections, c’est qu’elles se sont jouées avant même le scrutin ». L’exclusion de figures de l’opposition – Tidjane Thiam en Côte d’Ivoire, Maurice Kamto au Cameroun – a transformé les deux rendez-vous en « scrutins sans concurrence ». Mais là où l’élection ivoirienne a été transparente – les perdants reconnaissant leur défaite –, celle du Cameroun a déjoué les pronostics: « Personne n’avait anticipé que Tchiroma Bakary, ancien pilier du système Biya, incarnerait un vent de dégagisme inattendu », note François Soudan.
Usure du pouvoir et fractures politiques
Entre Alassane Ouattara, 83 ans, et Paul Biya, 92 ans, les différences sont profondes. « Ouattara, malgré quatorze ans de pouvoir, conserve un bilan économique favorable, avec un SMIC 30 % plus élevé qu’au Cameroun et une croissance supérieure de deux points », rappelle François Soudan. Mais du côté camerounais, le poids des années pèse lourd: « Pour beaucoup de Camerounais, avoir à leur tête le chef d’État le plus vieux du monde n’est plus un motif de fierté, mais d’humiliation », analyse-t-il.
En Côte d’Ivoire, Ouattara devra désormais affronter la question de sa succession, « une équation à somme nulle » alors que l’abstention record dans les fiefs de l’opposition traduit une défiance persistante. Au Cameroun, la situation est, elle, anxiogène: le bras de fer entre Biya et Tchiroma se poursuit, avec « de vrais risques de fracturation régionale ». Le pouvoir joue « sur l’étouffement et l’épuisement du mouvement », tandis que l’opposition appelle au soutien international. « Biya avait déjà affronté une telle contestation en 1992, mais il a aujourd’hui 33 ans de plus », conclut François Soudan.
Source: JeuneAfrique
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