Africa-Press – Côte d’Ivoire. Dans sa quête pour devenir la principale plateforme multimodale de la côte ouest-africaine, Abidjan dispose d’un atout assez rare dans la région avec la Société internationale de transport africain par rail (Sitarail). Créé en 1904 par les Français, ce service rallie, depuis, la capitale économique ivoirienne à Ouagadougou, le long d’une ligne unique à écartement métrique de 1 200 kilomètres de long. Pensée à ses origines comme un outil de désenclavement du Burkina Faso, la Sitarail a longtemps transporté fret et passagers. Elle a arrêté depuis 2020 cette seconde activité, suite au problème sécuritaire que connaît le Burkina Faso.
Concurrence de la route
Malgré ce contexte, la compagnie, opérée depuis 1995 par Bolloré Africa Logistics (BAL), charge bon an mal an, chaque année, 1 million de tonnes de marchandises, soit presque la moitié du total des exportations burkinabè transitant sur les différents corridors de sortie : ivoirien, mais aussi togolais et ghanéen. La ligne continue donc de justifier son existence, notamment face à la concurrence de la route.
« Nos tarifs sont inférieurs de 20 %, ce qui nous permet de retirer chaque année 25 000 camions du réseau routier », calcule Quentin Gérard, le directeur général de la Sitarail. Le service étant quotidien, à raison de 6 ou 7 trains par jour, c’est plus de 2 000 convois qui, chaque année, empruntent la voie dans les deux sens, permettant à la compagnie de réaliser un chiffre d’affaires annuel de 55 millions d’euros en moyenne.
Ligne de vie
Ligne de vie du Burkina Faso, la voie ferrée est également un argument commercial important pour la Côte d’Ivoire et son port principal, à l’heure où le Ghana et le Nigeria, avec des fortunes diverses, cherchent à développer leurs propres réseaux ferroviaires vers l’intérieur. Sitarail, qui a déjà démontré sa réactivité en s’équipant d’une cinquantaine de plateformes porte-conteneurs supplémentaires suite à l’inauguration du second terminal à conteneurs d’Abidjan et qui a déjà prévu d’investir une quinzaine de millions d’euros dans l’achat de nouveaux matériels roulants, attend maintenant des États qu’ils s’impliquent sur un projet beaucoup plus couteux : celui de la rénovation de la voie.
Estimée à 1,2 milliards d’euros, cette opération fait aujourd’hui l’objet d’âpres négociations entre les trois parties pour que le chantier puisse démarrer en 2025. La vitesse de croisière restera de 40 km/h et il faudra toujours trois jours pour rallier Ouagadougou, mais en rajeunissant l’infrastructure, Sitarail renforce son offre et pérennise ses services, déjà centenaires. Même si ce n’est plus pour le compte de Bolloré, mais de MSC.
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