En Côte d’Ivoire, un journal pro-Gbagbo suspendu six jours

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En Côte d’Ivoire, un journal pro-Gbagbo suspendu six jours
En Côte d’Ivoire, un journal pro-Gbagbo suspendu six jours

Africa-Press – Côte d’Ivoire. Saisie par le ministère de la Justice et des droits de l’homme, l’Autorité nationale de la presse (ANP) de Côte d’Ivoire a suspendu pour une durée de six jours la publication du quotidien Le Temps, journal proche de l’ancien président Laurent Gbagbo.

Le directeur de la publication et rédacteur en chef du titre, Yacouba Gbane, se voit pour sa part interdit de signer des articles pendant trois mois. Une décision qui a pris effet à compter de ce mercredi 5 avril.

« Atteinte à l’honneur du corps judiciaire »

L’ANP, organe de régulation des médias dans le pays, estime que deux articles écrits par Yacouba Gbane, publiés le 20 mars en page 6 du quotidien d’opposition, « portent atteinte à l’honneur et à la considération du corps judiciaire ».

En cause, notamment, la photo de la doyenne des juges d’instruction (chargée du 10e cabinet d’instruction au tribunal de première instance d’Abidjan), qui illustrait un article relatif à la convocation par cette magistrate du secrétaire général du Parti des peuples africains – Côte d’Ivoire (PPA-CI, le parti de Laurent Gbagbo), Damana Pickass.

Ce dernier devait s’expliquer sur son rôle présumé dans l’attaque d’un camp militaire à Abobo, en 2021. Dans le second article mis en cause, Yacouba Gbane accuse la justice ivoirienne d’être instrumentalisée par les autorités. Mais « sans en rapporter la moindre preuve », juge l’ANP.

Intégrité physique

« L’ANP, relevant que ces articles sont intervenus dans le cadre d’une procédure en cours, a estimé qu’en publiant la photographie de la magistrate sans son contentement, le journal porte atteinte à son droit à l’image et met à mal son activité, le secret de l’instruction, son intégrité physique et fait d’elle l’une des figures de proue de cette oppression alléguée », conclut l’autorité.

Cette suspension s’inscrit dans un contexte de tensions croissantes entre le PPA-CI et les autorités ivoiriennes depuis plusieurs semaines. Au cœur de cette crispation inédite, l’arrestation de vingt-six militants jugés pour « troubles à l’ordre public » après s’être rassemblés en soutien à Damana Pickass, lui-même finalement inculpé « pour atteinte à la sûreté de l’État, participation à des activités de terrorisme, blanchiment d’argent et détention d’armes ».

La liberté d’expression « menottée »

Le PPA-CI avait dénoncé « une provocation injustifiée du gouvernement ivoirien à l’égard du parti » et « l’instrumentalisation de la justice à des fins politiques ». Condamnés à deux ans de prison en première instance, les militants avaient vu leur peine allégée à deux ans de prison avec sursis en appel, le 22 mars.

Joint par téléphone, Yacouba Gbane s’estime « dans la vérité » et dénonce une liberté d’expression « menottée ». Mais explique qu’il ne fera pas appel de la décision de l’ANP.

En février 2022, le journal avait déjà écopé de vingt-six jours d’interdiction de parution – une peine finalement ramenée à treize jours – pour « l’annonce de la parution d’un article sur les scandales du régime Ouattara », d’après le directeur de la publication du Temps.

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