Africa-Press – Côte d’Ivoire. Les abeilles sont grandement menacées par les effets combinés du changement climatique, de l’agriculture intensive, de l’usage de pesticides, de la perte en biodiversité et de la pollution », alertait en 2019 José Graziano da Silva, alors directeur général de l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture.
Les butineuses peuvent-elles être sauvées? Des chercheurs ont peut-être mis au point une partie de la solution: un complément alimentaire qui booste la reproduction des colonies. Une nouvelle étude, pilotée par l’Université d’Oxford (Angleterre), présente en effet une levure modifiée capable de produire six lipides différents connus pour répondre aux besoins de ces insectes.
Six stérols identifiés dans le tissu des abeilles
Aujourd’hui, les abeilles n’ont plus accès à la diversité florale qui leur est essentielle. « Le pollen, principal composant de leur alimentation, contient des lipides spécifiques appelés stérols, nécessaires à leur développement, explique l’université britannique dans un communiqué. Face à une pénurie de pollen naturel, les apiculteurs nourrissent de plus en plus leurs abeilles avec des substituts artificiels. Cependant, ces compléments commerciaux – composés de farine de protéines, de sucres et d’huiles – manquent des stérols nécessaires, ce qui les rend incomplets sur le plan nutritionnel ».
Au cours de cette étude, les chercheurs ont d’abord voulu identifier précisément ces stérols. Pour cela, ils ont recherché ceux présents dans des tissus de pupes et d’abeilles adultes. Ainsi, ils ont trouvé six de ces lipides dont le 24-méthylène cholestérol ou encore le campestérol. Encore fallait-il trouver le moyen de rendre ces composés disponibles pour les abeilles.
Une levure modifiée génétiquement
Pour cela, les scientifiques ont utilisé la technique d’édition génomique Crispr-Cas9 pour modifier la levure Yarrowia lipolytica afin de lui faire produire les six stérols d’intérêt. Les levures modifiées ont ensuite été cultivées dans un bioréacteur – un appareil permettant de cultiver des micro-organismes – récoltées puis transformées en poudre.
Ce complément alimentaire a ensuite été intégré dans le régime alimentaire de colonies d’abeilles durant trois mois. Selon les résultats, publiés dans la revue Nature, celles ayant reçu le complément alimentaire ont élevé jusqu’à 15 fois plus de larves jusqu’au stade nymphal que les autres. Et les colonies supplémentées s’occupaient aussi du couvain plus longtemps.
Selon le Dr Elynor Moore, auteure principale de cette étude, « pour les abeilles, la différence entre un régime enrichi en stérols et une alimentation conventionnelle serait comparable à la différence, pour les humains, entre une alimentation équilibrée et complète sur le plan nutritionnel et une alimentation dépourvue de nutriments essentiels comme les acides gras essentiels ». Et d’ajouter: « Grâce à la fermentation de précision, nous sommes désormais en mesure de fournir aux abeilles une alimentation sur mesure, nutritionnellement complète au niveau moléculaire ».
Les chercheurs pensent que ce nouveau complément alimentaire pourrait être disponible pour les apiculteurs d’ici 2027. Ils assurent que cette méthode sera rentable et durable.
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