Africa-Press – Côte d’Ivoire. Après la Suisse et les USA, nouveau coup dur pour Tidjane Thiam mais cette fois-ci en Côte d’Ivoire où il vient d’être assigné en justice ce mardi 18 février 2025 pour une destitution immédiate de la présidence du PDCI. L’audience est programmée pour le 27 février.
La procédure judiciaire lancée par quatre militants du PDCI fait suite à une série de dénonciations quant à son éligibilité à la tête du parti et sur des violations présumées des statuts dudit parti.
L’affaire, qui mêle questions de nationalité et de conformité aux règles internes du PDCI, pourrait avoir des répercussions majeures sur l’avenir politique de Thiam qui peine toujours à trouver sa place sur l’échiquier politique ivoirien après une absence de plus de 20 ans.
Tidjane Thiam a été porté à la présidence du PDCI-RDA lors d’un congrès extraordinaire tenu les 22 et 23 décembre 2023 à Yamoussoukro qu’un grand nombre ont qualifié de putsch soudain après le décès de Bédié.
Cette élection n’a, de fait, pas fait l’unanimité en interne. Dès le départ, des voix se sont élevées pour contester sa légitimité, notamment celle de Thierry Tanoh, qui avait soulevé des inquiétudes quant au respect des critères d’éligibilité définis par les statuts du parti.
Selon l’article 41 des statuts du PDCI-RDA, tout candidat à la présidence du parti doit avoir été membre du Bureau Politique pendant au moins dix ans. Or, Tidiane Thiam ne remplirait pas cette condition. Malgré ces réserves, le comité chargé de l’organisation des élections, dirigé par Kacou Gervais, a assuré que Thiam répondait à tous les critères requis, permettant ainsi la tenue du congrès et son élection.
Le 7 février 2025, une nouvelle polémique éclate lorsque Tidjane Thiam annonce sur les réseaux sociaux avoir entamé une procédure de renonciation à sa nationalité française. Cette déclaration, présentée par Thiam comme une simple formalité administrative, même si elle peut prendre jusqu’à 10 mois pour être définitivement actée, a immédiatement suscité des interrogations quant à sa nationalité au moment de sa candidature à la présidence du PDCI-RDA.
En effet, l’article 41 des statuts du parti stipule clairement que le candidat à la présidence doit être de nationalité ivoirienne. L’emploi du verbe « doit » dans le texte laisse peu de place à l’interprétation: il s’agit d’une condition sine qua non. Les militants à l’origine de la plainte estiment que si Thiam détenait la double nationalité franco-ivoirienne au moment de sa candidature, cela constituerait une violation flagrante des statuts du parti. Ils demandent donc son inéligibilité et sa destitution immédiate.
Au-delà des questions juridiques, cette affaire expose les divisions internes au sein du PDCI-RDA. Les opposants à Tidiane Thiam estiment que sa démarche de renonciation à la nationalité française, bien que légale, porte atteinte à l’unité du parti et à ses intérêts. Ils invoquent également l’article 110 du Règlement Intérieur, qui prévoit des sanctions en cas de comportement nuisible aux intérêts du parti.
Cette affaire met également en lumière les tensions entre les anciennes et les nouvelles générations au sein du PDCI-RDA, ainsi que les défis liés à la modernisation d’un parti historique tout en respectant ses traditions et ses règles internes.
L’assignation en justice de Tidjane Thiam marque un tournant dans l’histoire récente du PDCI-RDA. Entre questions de nationalité, respect des statuts et luttes internes, cette affaire illustre les complexités de la vie politique ivoirienne.
Quelle que soit l’issue du procès, l’affaire aura des répercussions durables sur le parti et sur la carrière politique de Tidjane Thiam. Les militants et sympathisants du PDCI-RDA attendent désormais avec impatience la décision du tribunal, qui pourrait redéfinir les contours du leadership au sein de ce qu’il reste de cette formation politique en perte de vitesse depuis la perte du pouvoir en 1999 et la récente disparition de Bédié.
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