L’Afrique à Genève : que de grandes pluL’Afrique à Genève : que de grandes plumesmes

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Africa-Press – Côte d’Ivoire. L’un, silhouette longiligne élégamment vêtue, ne passait pas inaperçu. Son phrasé posé, sa curiosité, tout chez l’écrivain Henri Lopes, qui nous a quittés le 2 novembre 2023, laissait une empreinte que son sourire venait couronner, et il ne s’agit là que des apparences… Car le vrai, le plus secret, se raconte au sein d’une œuvre poétique, romanesque et autobiographique qu’il serait bon de lire ou redécouvrir tant elle est riche de bijoux comme Le Pleurer-rire (Présence africaine), Une enfant de Poto-Poto (Gallimard) et, bien sûr, son autobiographie Il est déjà demain (Lattès)… Deux de ses compatriotes congolais, Alain Mabanckou et Boniface Mongo Mboussa, viendront évoquer leur aîné disparu lors d’une des rencontres proposées par Le Point, partenaire au long cours du Salon africain de Genève, qui ouvre ses portes ce jeudi 7 mars et battra son plein jusqu’au dimanche 10.

Diversité de la production littéraire du continent

L’autre, Tchicaya U Tam’si, (1931-1988), poète et romancier, mais encore dramaturge, ne connut pas le même succès pour son œuvre tout à fait en rupture avec son temps, et pourtant si puissante: « Notre premier poète moderne », dit Boniface Mongo Mboussa, auquel on doit non seulement d’avoir édité ses œuvres complètes, mais encore une biographie inspirée: Tchicaya U Tam’si, vie et œuvre d’un maudit, que rééditent les éditions Riveneuve, après une première publication sous le titre Le Viol de la lune (Vents d’ailleurs 2014). Bien sûr, le programme de cette nouvelle édition du Salon africain du livre de Genève, concocté par Gladys Marivat, qui succède au duo formé des années durant par Pascale Kramer et Boniface Mongo Mboussa à la programmation, est avant tout peuplé de plumes bien actives, des plus jeunes (Diadié Dembélé) aux plus expérimentées: on va saluer le grand retour au roman du Sénégalais Boubacar Boris Diop, écouter Hemley Boum parler de son magnifique roman Le Rêve du pêcheur, on se promènera de tous les côtés du continent et de sa diaspora, dans les îles: Maurice d’Ananda Devi, Haïti de Lyonel Trouillot, et de son compatriote devenu québécois Rodney Saint-Éloi en dialogue avec Yara El-Ghabdan, d’origine palestinienne, sur le racisme pour dégager l’horizon. On y croisera encore, en cette année de triste mémoire, celle des rescapés du génocide des Tutsis du Rwanda, Beata Umubyeyi Mairesse conversant avec son compatriote Dorcy Rugamba. Le Gabon sera bien représenté cette année avec la romancière suisso-gabonaise en vedette, Bessora. Et Janis Otsiemi, le roi du polar gabonais, qui nous revient avec une nouvelle aventure… Au ras des hommes.

Le polar toujours aussi bien représenté

À propos de genre policier et d’Afrique, digressons un peu pour rendre hommage à un autre disparu: le Sénégalais Abasse Ndione (1946-2024), mort le 25 janvier dernier, et qui a marqué la collection Série noire de Gallimard par le talent de ses intrigues policières menées dans son pays natal. Si vous n’avez jamais lu La Vie en spirale ou Ramata, (Gallimard), foncez, vous comprendrez qui fut cet écrivain infirmier de profession, le premier à écrire depuis les côtes africaines sur le départ de ses compatriotes en pirogue depuis Rufisque, où il vivait. C’était en 2008, à l’origine un scénario de film, qu’il a romancé: Mbëkë mi: à l’assaut des vagues de l’Atlantique.

Autre grande disparition que ce tour d’horizon permet de rappeler: penseur devenu classique, Paulin Houtondji, disparu le 2 février dernier à Cotonou à l’âge de 81 ans, continue de rayonner sur la philosophie du continent, on se souviendra de l’entretien qu’il nous avait donné pour un hors-série « La Pensée noire ». Pour le mieux connaître, il faut lire l’essai que lui a consacré récemment Bado Ndoye aux éditions Riveneuve.

Autant dire que le voyage littéraire en compagnie des plumes du continent commence à Genève et n’en finira pas d’enrichir les bibliothèques.

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