Africa-Press – Côte d’Ivoire. En marge du premier sommet de l’accord de partenariat stratégique Côte d’Ivoire-Ghana, le 11 octobre à Abidjan, les deux présidents ont abordé les dossiers politiques et sécuritaires qui les préoccupent.
Le chef de l’État ghanéen, Nana Akufo-Addo, qui s’est engagé à quitter le pouvoir à la fin de son second mandat, en décembre 2024, s’est rendu en Côte d’Ivoire les 10 et 11 octobre. Si ce voyage était prévu de longue date, ni lui ni Alassane Ouattara (ADO) n’étaient jusque-là parvenus à faire coïncider leurs agendas.
Une date a enfin pu être fixée en marge du XIXe sommet de l’Organisation internationale de la francophonie, qui s’est déroulé à Villers-Cotterêts et à Paris les 4 et 5 octobre, et au cours duquel les deux chefs d’État se sont entretenus à deux reprises. La visite de Nana Akufo-Addo à Abidjan ayant été décidée à la dernière minute, les services de la présidence ivoirienne n’ont pas eu le temps de pavoiser la ville, comme le veut la coutume, aux couleurs du Ghana et de la Côte d’Ivoire. Ce dernier, qui a logé au Palais des hôtes, qui surplombe la baie de Cocody, n’a été accueilli ni par le vice-président, ni par le Premier ministre et aucun accord n’a été signé.
Patrouilles aux frontières
Les deux dirigeants se connaissent de longue date. Leur amitié remonte à l’époque où Alassane Ouattara était opposant à Laurent Gbagbo, et Nana Akufo-Addo ministre des Affaires étrangères de John Kufuor (2003 à 2007).
Nana Akufo-Addo a été l’un des médiateurs dans la crise ivoirienne, qui s’est conclue par la signature des Accords de paix d’Accra, en 2002, 2003 et 2004. Il entretient en outre un lien très particulier avec la Côte d’Ivoire: le président Félix Houphouët-Boigny avait en effet accueilli sa famille en 1972, après le coup d’État qui, au Ghana, avait renversé son père, Edward Akufo-Addo. Nana Akufo-Addo était ensuite parti travailler à Paris, avant de rentrer à Abidjan et de devenir conseiller juridique de la Société nationale d’opérations pétrolières de Côte d’Ivoire (Petroci), alors dirigée par Adama Toungara. Les deux hommes sont restés très proches.
Le 11 octobre, Alassane Ouattara et Nana Akufo-Addo ont évoqué l’élection présidentielle ghanéenne, qui doit se tenir le 7 décembre, et évalué les chances de Mahamudu Bawumia, le dauphin du chef de l’État sortant, de l’emporter sur l’ancien président John Dramani Mahama, candidat de l’opposition. ADO souhaite entretenir d’aussi bonnes relations avec le futur président du Ghana qu’avec le sortant.
Avant de briguer la magistrature suprême, en 2016, Nana Akufo-Addo avait dépêché l’ancienne gloire du football Abedi Pelé à Abidjan, pour s’assurer du soutien d’Alassane Ouattara. Depuis, les deux pays ont noué une coopération sécuritaire qui s’est révélée très efficace, avec des patrouilles aux frontières de l’Est, dans la région du Bounkani, en Côte d’Ivoire, et dans celle de la Volta, au Ghana, où essaiment des groupes terroristes. Ce dossier est géré par les ministres de la Défense Téné Birahima Ouattara et Dominic Nitiwul.
Le lobbying de Ouattara au FMI
Sur le plan économique, les échanges commerciaux sont passés de 361 milliards de FCFA en 2022 à 48 milliards en 2023. Une chute due à la dépréciation de la monnaie ghanéenne, le cedi, et à un défaut de paiement, qui a conduit Accra à engager une restructuration de sa dette (estimée à 14 milliards de dollars) en eurobonds. Alassane Ouattara avait alors volé au secours de son homologue, en plaidant sa cause auprès de Kristalina Georgieva, la directrice générale du FMI.
Le Franco-Ivoirien Ibrahim Magassa, fondateur de la banque d’affaires Algest, a été le conseiller stratégique d’Accra dans cette restructuration, dont le closing définitif s’est fait le 9 octobre à Londres et à New York par l’émission de nouveaux titres ghanéens. Alassane Ouattara a demandé à Nana Akufo-Addo de hâter la mise en place de l’eco, la monnaie unique ouest-africaine, censée entrer en vigueur en 2027.
Dans le domaine du cacao, la grande disparité des systèmes de commercialisation de la Côte d’Ivoire et du Ghana, respectivement premier et deuxième producteur mondial, fragilise la position de ces pays sur les marchés. Malgré la création de l’Initiative Côte d’Ivoire-Ghana (2017), sorte de l’Opep du cacao, rien ne semble fonctionner concrètement. Seule réalisation notable, la construction du siège de ladite Initiative, à Accra, dont les frais de fonctionnement s’élèvent à 3 millions de dollars par an – un sujet également abordé par les deux présidents.
Source: JeuneAfrique
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