Africa-Press – Côte d’Ivoire. Alors que l’Intelligence Artificielle se développe à une vitesse sans précédent, avec son lot de désinformation, le défi n’a jamais été aussi significatif pour les journalistes. L’Afrique ne déroge pas à cette règle.
Selon une enquête menée par KnowBe4 en juin 2024 dans cinq pays africains (Botswana, Kenya, Maurice, Nigeria et Afrique du Sud) 84 % des africains s’informent directement à partir des réseaux sociaux. Ceci rend la population vulnérable à la désinformation. Selon la vice-présidente de cette société spécialisée dans la cybersécurité, Anna Collard, « la diffusion rapide de fausses informations via les réseaux sociaux et l’accessibilité croissante des outils d’IA permettent des campagnes de désinformation peu coûteuses mais extrêmement efficaces. »
Source majeure de déstabilisation dans les pays en crise, la désinformation en Afrique prend une tournure dangereuse avec l’Intelligence Artificielle (IA). Dans une volonté de nuire, les campagnes de propagande sur les réseaux sociaux, désormais par l’IA, tendent à influencer le résultat d’élections et à manipuler les opinions publiques entre autres objectifs. En Afrique, de nombreux pays ayant connu des coups d’États, comme les pays de l’Alliance des États du Sahel, ou des crises pré ou post-électorales, comme le Sénégal et le Tchad, en sont de parfaits exemples.
Concrètement, en Afrique et comme dans le reste du monde, en matière de désinformation, l’IA peut être utilisée pour générer des « infox » et nourrir des campagnes de désinformation convaincante ciblant les masses. Elle représente également un outil majeur pour les malfaiteurs cherchant à imiter des médias crédibles. « Chatbots », « deepfake », « robocalls » (faux appels téléphoniques), aucun effort n’est épargné pour manipuler l’opinion publique. Selon le centre d’étude stratégique de l’Afrique, ces campagnes, visant à manipuler les systèmes d’information africains ont quadruplé depuis 2022.
Les chiffres avancés par le centre d’étude stratégique de l’Afrique sont alarmants: « près de 60 % des campagnes de désinformation menées sur le continent sont parrainées par des États étrangers, la Russie, la Chine, les Émirats arabes unis (EAU), l’Arabie saoudite et le Qatar étant les principaux sponsors ». L’institut désigne la Russie comme « responsable de près de 40 % de toutes les campagnes de désinformation en Afrique et touchant plusieurs millions d’utilisateurs grâce à des dizaines de milliers de fausses pages et de faux messages coordonnés. ».
Les initiatives pour faire face
Pour faire à cet aspect néfaste de l’IA, d’autres IA ont vu le jour. Il est possible de citer « AI + Fact-Checking » qui permet de vérifier si un texte est généré par l’IA ou encore « deepware » pour détecter les deepfakes. Google a également mis en place une série d’outils pour aider à la vérification de la qualité des contenus générés par l’IA (images comme textes).
Aussi, de nombreuses initiatives locales ont pu être développées par des journalistes africains pour faire face à la menace des fak-news, générées par IA ou non. Africa-Check est un exemple parfait pour un modèle de réussite du fact-checking made in Africa. Au-delà des travaux de vérification, le média dispense également des formations à des journalistes à travers tout le continent. Les 18 et 19 septembre 2024, une vingtaine de journalistes tchadiens ont été formés sur la notion de la désinformation et les techniques de fact-checking.
Enfin, malgré les menaces que représente l’IA, celle-ci revêt un immense potentiel d’innovation et d’impact dans le journalisme africain. Il convient de l’exploiter pour en faire une arme fatale face à une progression non-maîtrisée de la désinformation dans le continent.
Source: Alwihda Info
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