Visite guidée dans les consulats africains et arabes au Sahara

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Visite guidée dans les consulats africains et arabes au Sahara
Visite guidée dans les consulats africains et arabes au Sahara

Africa-Press – Côte d’Ivoire. En quelques années, Laâyoune et Dakhla sont devenus l’incarnation de la réussite du Nouveau Modèle de développement des provinces du Sud lancé par le roi Mohammed VI en 2015, mais aussi des avancées diplomatiques réalisées par le Maroc sur la question de son intégrité territoriale. Sénégal, Côte d’Ivoire, Émirats arabes unis, Gabon, Comores, Jordanie, Bahreïn, Djibouti… Ces quatre dernières années, pas moins de 28 pays y ont ouvert des consulats, réunis pour la plupart dans ce qui tient lieu de quartier diplomatique dans ces cités emblématiques du Sahara.

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Certes, les villas qui les abritent, de construction récente, sont de taille bien plus modeste que les chancelleries situées à Rabat, par exemple, dans le triangle d’or Ambassadors, zone OLM-Pinède et Hay Riad. Mais elles bénéficient de dispositifs de sécurité équivalents, voire plus stricts, avec une forte présence policière et des guérites de surveillance devant chaque antenne. Une mesure avant tout dissuasive, aux dires des représentants des missions diplomatiques rencontrés sur place.

« Ces ouvertures de consulats, qui traduisent le soutien de nombreux pays africains et arabes à la marocanité du Sahara, sont autant d’échecs pour le Front Polisario, qui a évidemment tenté de faire pression sur les différents diplomates envoyés ici », souligne l’influent homme d’affaires sahraoui Mohamed El Imam Maelainin, qui a ouvert le bal des inaugurations de consulats dans les régions du Sud quand il a été nommé en 2019 consul honoraire de Côte d’Ivoire à Laâyoune, du fait de ses connexions à Abidjan.

Liens historiques

Un témoignage qui rejoint celui de Said Omar Said Hassane, à la tête du consulat général des îles Comores à Laâyoune — l’un des premiers à avoir ouvert au Sahara, en 2019, juste après le consulat honoraire de Côte d’Ivoire. « Certains ont même reçu des lettres de menace », nous confie celui qui était auparavant membre du conseil exécutif de l’ISESCO (Organisation du monde islamique pour l’éducation, les sciences et la culture), et un des piliers de la recherche sur les plantes médicinales au sein de l’université des Comores. « Mais cela ne nous a pas déstabilisés, notre présence ici repose sur des convictions, les Comores et le Maroc ayant toujours partagé les mêmes points de vue sur le plan diplomatique, avec un soutien mutuel et constant sur la question de l’intégrité territoriale de nos deux pays, aussi bien au niveau des instances internationales que sur le plan bilatéral. »

De fait, l’ouverture d’une représentation diplomatique comorienne au Maroc, et tout particulièrement dans les provinces du Sud, s’inscrit d’ailleurs dans la droite ligne de la relation historique entre les deux pays. Lors de l’exil de Mohammed V à Madagascar, par exemple, des Comoriens étaient venus des quatre coins de l’île pour manifester leur soutien à la famille royale. Plus tard, au nom de l’amitié qui le liait au roi Hassan II, le président des Comores, Ahmed Abdallah Abderamane, soutiendra le souverain chérifien lorsque ce dernier décide de quitter l’OUA (actuelle UA) en 1983 à la suite de l’admission de la RASD au sein de l’organisation panafricaine, déclarant notamment : « Je vais suivre mon frère. »

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Une dimension historique et affective que l’on retrouve également dans le regard porté par le consul général intérimaire du Gabon à Laâyoune, Lezin Issha Boussougou, qui tient à rappeler que son pays a participé à la Marche verte en 1975. « Cet épisode est dans la mémoire de tout le peuple gabonais, pour qui la marocanité du Sahara ne fait aucun doute », martèle le diplomate, auparavant en poste au Togo. Il voit donc dans la présence d’un consulat gabonais au Sahara un rappel de ce soutien ferme et sans équivoque du Gabon au royaume, mais aussi de la très forte relation entre les deux pays.

« Les liens entre les présidents gabonais et les rois du Maroc sont de l’ordre de la fraternité, bien plus que de la simple amitié. Cela a commencé entre Hassan II et Omar Bongo, et ça se poursuit aujourd’hui entre Mohammed VI et Ali Bongo, qui se rendent visitent régulièrement », souligne le consul, installé à Laâyoune avec femme et enfants.

Lorsque nous le croisons, en marge d’un dîner avec d’autres membres de la communauté diplomatique installés dans la région, dont celui de Sao-Tomé-et-Principe, tous le félicitent, car son épouse vient d’accoucher. De toute évidence, au Sahara comme ailleurs, les diplomates en poste se connaissent, s’invitent dans leurs résidences pour diverses occasions comme les fêtes nationales… Mais ils interagissent aussi régulièrement durant des événements, des conférences ou des forums auxquels ils participent dans le cadre de la coopération avec le Maroc. Comme le 3 décembre dernier, lorsqu’ils se sont réunis avec une délégation de la commission des affaires étrangères de la Chambre des représentants en visite à Laâyoune.

Aide aux étudiants et transfert de compétences

« Sur le plan géostratégique, la mise en place de ces représentations consulaires s’inscrit dans la vision du roi Mohammed VI sur l’intégration africaine et sur la nécessité d’en finir avec les conflits entre pays qui gangrènent la mise en place de grandes entités ou blocs économiques régionaux, en travaillant main dans la main au développement de tout le continent », insiste le consul des Comores.

Titulaire d’un doctorat en physique-chimie de l’université Ibn-Tofail de Kénitra, Said Omar Said Hassane connaît bien le Maroc, qu’il a sillonné de long en large et en qui il voit une formidable source d’inspiration : « Nous encourageons les jeunes Comoriens, via des bourses et des partenariats avec le royaume, à venir au Maroc, soit pour y poursuivre leurs études, car c’est un pays de référence en matière d’enseignement, soit pour s’inspirer de l’expérience marocaine en matière d’entrepreneuriat des jeunes. »

Lui comme ses confrères gabonais, sénégalais, ivoiriens ou comoriens s’occupent d’ailleurs de gérer les affaires courantes des ressortissants de leurs pays présents dans les provinces du Sud, dont certains effectuent leurs études dans les établissements supérieurs de la région tels que l’ENCG Dakhla ou l’université de Laâyoune. Ils sont secondés dans cette mission par une poignée de personnes travaillant au sein des consulats.

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« Nous sommes des petites structures, mais on ne chôme pas », lance de son côté le consul du Togo, arrivé récemment à Dakhla avec sa famille. Issu d’un pays qui avait commencé par reconnaître l’autoproclamée RASD à l’époque du général Gnassingbé Eyadéma, en 1976, avant de se rétracter en 1997, le diplomate défend bec et ongles le modèle marocain : « Le développement phénoménal du Sahara ces dernières années constitue un modèle pour les autres pays du continent, notamment en matière d’agriculture, d’irrigation, de tourisme, d’halieutique, d’énergies renouvelables… Et nous sommes bien décidés à mettre à profit cette opportunité qui nous est offerte d’être en poste dans cette région pour favoriser les transferts de compétences. »

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