
Africa-Press – Côte d’Ivoire. La question, de la dette publique a été au centre de l’entretien accordé par le directeur général du Trésor et de la comptabilité publique, Assahoré Konan Jacques, au quotidien pro-Gouvernemental (Fraternité Matin).
Il a apporté des clarifications sur l’endettement du pays qui suscite des inquiétudes au sein d’une partie d’une partie de l’opinion nationale, notamment l’opposition.
D’entrée, M. Assahoré a expliqué que la dette publique désigne l’ensemble des sommes d’argent empruntées par un État et ses démembrements (collectivités territoriales, établissements publics nationaux, organismes de sécurité sociales, etc.) pour financer leur développement.
« Le recours à l’endettement est un instrument de politique économique comme tout autre. La principale raison pour laquelle les États y ont recours est l’insuffisance de leurs ressources intérieures ou domestiques pour couvrir l’ensemble de leurs dépenses », a fait savoir le financier.
Selon le DG du Trésor, cette situation n’est pas propre à la Côte d’Ivoire, car à l’en croire, aucun État au monde, encore moins les États confrontés aux dépenses sociales pressantes et à la crise sécuritaire, n’arrive à couvrir ses dépenses avec ses ressources propres, puis d’expliquer.
« (…) La dette est contractée pour financer le gap entre les dépenses et les ressources de l’État. Quand une telle situation se pose, nous avons trois solutions possibles : la première, qui paraît la plus simple, c’est de dire qu’il faut réduire les dépenses pour les aligner sur les ressources. A ceux qui sont tentés par cette solution, je voudrais les inviter aux arbitrages budgétaires pour voir combien il est difficile, pour le ministre du Budget, de supprimer la construction d’une école, d’un hôpital ou la construction ou le bitumage d’une route.
Face au caractère prioritaire des dépenses de l’État, la deuxième solution, c’est d’accroître les ressources fiscales et non fiscales. Cette solution est la plus viable, car elle a l’avantage d’augmenter les ressources de l’État sans créer la dette. De plus, le taux de pression fiscale d’environ 12% aujourd’hui est faible comparé à l’objectif de 20% que cherchent à atteindre nos États. Il y a donc de la marge. Mais combien sommes-nous aujourd’hui disposés à payer nos impôts ou à payer nos droits de douanes sans rechigner ou sans chercher à faire des arrangements ? Savons-nous que c’est en payant nos impôts que nous contribuerons à accroître les ressources propres de l’État et à réduire l’endettement ? C’est donc à son corps défendant que l’État est obligé de se tourner vers l’endettement, sans bien sûr, renoncer aux deux autres solutions », a justifié Assahoré Konan Jacques.
Evoquant le stock de la dette ivoirienne, il a révélé à fin septembre 2022, il s’établit, « en valeur nominale, à 22 644,1 milliards de F CFA.
« Mais ce chiffre ne suffit pas à dire que notre pays est surendetté. Il suffit de savoir que ce stock représente 51,8% du Pib et que la norme communautaire de l’UEMOA nous impose une norme de 70%. En d’autres termes, pour 100 francs de richesses produites dans le pays (Pib), nous ne devons pas affecter plus de 70 francs au remboursement de notre dette, les 30 francs restant devant servir à financer les dépenses sociales et l’investissement. Or, la Côte d’Ivoire affecte (je suis tenté de dire seulement) 51,8 francs de sa richesse au remboursement de sa dette. On ne peut donc dire, raisonnablement, que notre pays est surendetté », a-t-il fait remarquer.
Le DG du Trésor voudrait rassurer les Ivoiriens, soutenant que, l’objectif de la gestion de la dette qui est confiée, est d’établir une stratégie permettant de mobiliser les financements dont l’État a besoin pour son développement en recherchant les meilleurs coûts possibles.
À ceux qui demeureraient sceptiques sur la dette publique, M. Assahoré leur pose cette question : « En définitive, qu’est-ce qui est plus inquiétant ? Vivre dans un pays où la crainte de l’endettement excessif empêche toute vision de développement et maintient le pays dans le statu quo, ou faire le choix et le pari de l’émergence et de l’industrialisation, grâce à un recours à l’endettement maîtrisé, pour un meilleur rayonnement national et un mieux-être des populations ? »
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