Banque Mondiale: Potentiel de Croissance en Afrique

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Banque Mondiale: Potentiel de Croissance en Afrique
Banque Mondiale: Potentiel de Croissance en Afrique

Africa-Press – Côte d’Ivoire. Entre 2025 et 2050, la population africaine en âge de travailler s’agrandira de 625 millions de personnes, dont 98 millions de Nigérians, 72 millions de Congolais (RDC) ou 67 millions d’Éthiopiens. Une transition démographique « sans précédent à l’échelle mondiale et dans l’histoire récente », et qui va considérablement peser sur le marché de l’emploi, a prévenu Andrew Dabalen, chef économiste pour l’Afrique à la Banque mondiale, lors de la présentation du rapport Africa Pulse sur les perspectives économiques en Afrique, que l’institution publie ce 7 octobre.

Et ce, explique-t-il, alors même que le continent est déjà confronté à plus de vents contraires que les autres régions qui ont eu à connaître des transitions démographiques: pauvreté, déficit en capital humain, faiblesse des institutions… Dans un tel contexte, la création d’emploi, dont la Banque mondiale a choisi de faire le thème phare de la 32e édition d’Africa Pulse, n’est pas loin d’être une gageure.

Le rapport balaie d’emblée l’idée reçue d’un supposé haut niveau de chômage en Afrique en soulignant que le continent affiche « un taux d’activité parmi les plus élevés au monde – 75 % pour les hommes et 65 % pour les femmes âgées de 15 ans et plus ». Mais souligne que « la majorité des nouveaux entrants sur le marché du travail rejoignent des secteurs informels, caractérisés par une faible productivité et des perspectives limitées en matière de croissance des revenus, de réduction de la pauvreté et de mobilité sociale ».

Des économies africaines qui restent résilientes

Pourtant, Andrew Dabalen affiche une certaine confiance. Alors que l’institution dirigée par Ajay Banga se montrait très alarmiste dans les conclusions des Global Economics Propects, publiées en juin, du fait de l’escalade des tensions commerciales et de la multiplication des conflits et des catastrophes naturelles, le rapport Africa Pulse montre une certaine résilience, avec 3,8 % de croissance attendue pour 2025, contre 3,5 % en 2024. Certains pays s’en sortent particulièrement bien, à l’image de la Guinée (7,5 %) du Bénin (7,3 %) ou du Niger (6,5 %).

« Nous avons revu à la hausse les perspectives de croissance de 30 des 47 économies africaines, dont l’Éthiopie (+0.7 point ,à 7,2 %), le Nigeria (+0,6 pt, à 4,2 %) ou la Côte d’Ivoire (+0,5 pt, à 6,3) », a expliqué Andrew Dabalen, pour qui ces performances, « plutôt surprenantes », sont notamment liées à la faible exposition commerciale des économies africaines aux États-Unis. Cette bonne nouvelle, conjuguée à la jugulation de l’inflation dans la majorité des pays du continent, pousse l’économiste en chef à voir le verre à moitié plein.

Des emplois dépendants des réseaux, routiers, ferroviaires, électriques et numériques

Pour développer des emplois, et plus encore, des emplois de qualité (stables, convenablement rémunérés et porteurs de perspectives), il y a des leviers à activer: l’accélération de l’électrification, de la transition numérique, l’amélioration des réseaux routiers et ferroviaires, la formation ou encore l’amélioration du cadre des affaires sont des éléments essentiels sur lesquels l’Afrique peut – et doit, de manière urgente – jouer. Car, rappelle la Banque mondiale, l’augmentation du revenu réel par habitant tel que projetée actuellement ne permettra pas d’endiguer la pauvreté, qui concerna 671 millions de personnes en 2027, contre 576 millions en 2022.

Le rapport s’appuie sur des exemples concrets, chiffrables, pour appuyer son argumentation. Ainsi de la Côte d’Ivoire, où l’initiative de développer la transformation locale d’anacarde a permis la création de quelque 18 000 emplois. Ou l’arrivée de la fibre optique, qui a « permis de créer entre 5 et 7 % d’emplois supplémentaires dans des pays tels que le Bénin, la République démocratique du Congo, le Ghana, le Kenya, la Namibie, le Nigeria, le Togo et la Tanzanie«.

À l’inverse, prévient la Banque mondiale, les coupures d’électricités réduisent de 5 à 14 points de pourcentage les taux d’emplois, tandis que « la médiocrité des infrastructures augmente de 30 à 40 pour cent le coût des échanges intrarégionaux et, conjuguée aux retards de traitement et aux barrières non tarifaires, contribue à une perte de 37 pour cent des produits alimentaires locaux ».

La formation comme mesure immédiate

Si la Banque mondiale appelle à une transformation économique structurelle (refonte des régimes fiscaux, formalisation de l’activité économique, développement des infrastructures, intensification du commerce intra africain), elle plaide aussi pour des mesures immédiates.

« Les investissements dans la santé des adultes et la formation aux compétences techniques et numériques peuvent rapidement améliorer la productivité de la main-d’œuvre. En parallèle, les programmes de travaux publics et les interventions “cash-plus” – qui associent transferts monétaires, formation ou dotation en actifs – peuvent offrir un soutien immédiat aux populations pauvres et ouvrir la voie à des emplois durables » estime-t-elle, citant par exemple les effets immédiats d’initiatives comme les cases de santé gérées par les communautés au Sénégal ou les crèches mobiles au Burkina Faso.

Outre leur caractère intensif en termes de main-d’œuvre, des travaux publics de grande envergure, à l’image de la campagne Green Legacy en Éthiopie ou de la Grande muraille verte dans le Sahel, pourraient en outre contribuer à la lutte contre la dégradation de l’environnement, note la Banque mondiale, qui rappelle que la multiplication des chocs climatiques pourrait, au même titre que l’escalade des conflits, l’instabilité politique et les difficultés budgétaires résultant de la diminution de l’aide des bailleurs de fonds, perturber la reprise de la croissance.

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