Coupure internet en Afrique : la panne aurait-elle pu être évitée ?

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Coupure internet en Afrique : la panne aurait-elle pu être évitée ?
Coupure internet en Afrique : la panne aurait-elle pu être évitée ?

Maher Hajbi

Africa-Press – Côte d’Ivoire. Pas un, ni deux, ni trois, mais quatre câbles sous-marins de fibre optique ont été endommagés au large des côtes ivoiriennes. Une situation « inédite » pour les États et les opérateurs télécoms.

Après d’importantes coupures internet dans plusieurs pays africains le 14 mars, Orange, MTN, Vodacom ou encore Telecel ont progressivement rétabli l’accès au réseau. Privés de quatre câbles sous-marins de fibre optique, indispensables pour connecter le monde à la toile, les opérateurs télécoms se sont rapidement engagés à mutualiser leurs capacités pour accélérer le processus de rétablissement.

Alors que les fournisseurs d’accès à internet s’appuient sur trois câbles de fibre optique pour diversifier et sécuriser leur service, les incidents au niveau des infrastructures sous-marines WACS, ACE, SAT3 et MainOne sont désormais considérés comme « inédits et exceptionnels ». De la Côte d’Ivoire à l’Afrique du Sud, l’accès à internet a été perturbé, voire temporairement impossible, dans une dizaine de pays.

Un incident géologique

Sur le continent, les perturbations du service internet ne sont pas nouvelles, les incidents d’une telle ampleur se répètent souvent. Mais quelle serait l’origine des incidents au niveau des câbles sous-marins ? Généralement, ce genre d’incident est associé à des activités humaines telles que la pêche et l’ancrage, à des risques naturels, ou encore à des défaillances de l’équipement.

Fournisseur de services d’infrastructure numérique de premier plan en Afrique de l’Ouest, présent au Nigeria, au Ghana et en Côte d’Ivoire, MainOne explique que la rupture du câble serait due à « une forme d’activité sismique sur le fond marin ». Une hypothèse que l’entreprise compte toutefois analyser une fois en possession de plus de données, après la réparation de ces infrastructures.

Les réseaux terrestres en renfort

Privé de trois câbles sous-marins (ACE, SAT3 et MainOne), dont la remise en service peut prendre encore quelques semaines, Orange s’est de son côté appuyé sur son réseau terrestre pour rétablir la connexion. « Nous avons utilisé nos infrastructures terrestres fonctionnelles pour contourner la panne et rerouter le trafic des pays touchés, notamment la Côte d’Ivoire, la Guinée ou le Mali, en utilisant d’autres routes, notamment le Sénégal », explique à Jeune Afrique Brelotte Ba, directeur général adjoint d’Orange Afrique.

Porté par son réseau terrestre Djoliba, Orange a ainsi accéléré la reprise du trafic à l’heure où les infrastructures sous-marines sont toujours hors service. Si Brelotte Ba ne s’attendait pas à ce qu’autant de câbles fassent défaut, le responsable affirme que « l’accès à internet a été rétabli pour tous les clients Orange, avec un niveau de connexion correct ».

Dépendance numérique

Chercheure indépendante en géopolitique du numérique, auteure de Géopolitique du numérique – L’impérialisme à pas de géants, Ophélie Coelho estime qu’« une telle panne n’est pas prévisible » car « des ruptures de câbles, il y en a tout le temps ». Brelotte Ba, de son côté, tempère: « Il y a toujours un câble qui peut faire défaut mais trois câbles (ACE, SAT3 et MainOne) en même temps, c’est vraiment exceptionnel. »

En 2020, la coupure de deux câbles sous-marins de fibre optique WACS et SAT3, survenue à 300 kilomètres des côtes congolaises, avait déjà ralenti l’accès au réseau internet. À l’époque, l’Angola, le Botswana, le Gabon, la Gambie, le Mali, la Mauritanie, la Namibie, le Niger, la Zambie et le Zimbabwe ont été les plus concernés par la panne.

Pour Ophélie Coelho, ces incidents soulèvent souvent des questions de souveraineté, à plusieurs niveaux. Alors que les États africains dépendent de services numériques hébergés en dehors de leur territoire, l’arrivée de nouveaux acteurs comme Alphabet (Equiano) ou Meta (2Africa) contribuera à « bâtir sur ces dépendances infrastructurelles de nouvelles dépendances numériques, avec une capacité de négociation importante pour les propriétaires de câbles, et une dépendance technique et d’usage fondée sur les produits numériques des producteurs de technologie étrangers ».

Source: JeuneAfrique

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