Africa-Press – Côte d’Ivoire. Le groupe panafricain, en cours de rachat par Vista, a relevé de ses fonctions la directrice générale adjointe de sa filiale ivoirienne.
Orabank Côte d’Ivoire, la filiale du groupe bancaire éponyme, est mise à mal par une affaire de fraude présumée qui a conduit la maison mère, basée à Lomé au Togo, à relever de ses fonctions depuis le 6 novembre, Sylvie Yao Bassanté, la directrice générale adjointe depuis janvier 2021.
Selon l’organigramme de la banque, le cluster ouest-africain, composé de six filiales et basé à Abidjan, est piloté par le directeur général Losseni Diabaté – qui reprend les fonctions de l’ex-DGA- le reste de l’état-major étant composé de directeurs généraux adjoints.
Anomalies
Avant de prendre sa décision, le groupe, détenu par le holding Oragroup et dont la cession par le fonds d’investissement Emerging Capital Partners (ECP) au groupe Vista est en cours, avait recommandé la démission de la patronne de sa filiale ivoirienne, en vain.
Selon nos informations, la suspension de la dirigeante, passée par la Banque internationale pour le commerce et l’industrie de la Côte d’Ivoire (Bicici), la Banque nationale d’investissement (BNI) et Ecobank Côte d’Ivoire avant de rejoindre Orabank, est liée à la gestion d’une anomalie concernant un produit de cash management proposé par la banque, le coffre-fort intelligent, et qui aurait provoqué un préjudice d’environ 1,2 milliard de francs CFA.
Le service en question permet à la banque, via le recours à un prestataire, Cashdev, de mettre à disposition de ses clients un coffre-fort contenant un sac scellé et permettant de faire des dépôts sécurisés, directement crédités sur leur compte bancaire. Le contenu du coffre est par la suite récupéré par une compagnie de transfert de fonds alors que la banque contrôle à distance les codes d’accès, recevant des alertes à chaque fois que le coffre est ouvert et fermé.
Inspection
C’est l’utilisation de ce service chez un client de la banque, West Africa Coast Limited, société active dans le négoce, l’import-export, les services et dirigée par l’homme d’affaires d’origine libanaise Hassan Ali Attié mais au sein de laquelle un mandataire dénommé Kamel Zein semble également impliqué, qui pose problème.
Alors que l’activité de la société engendre de fréquents mouvements de liquidités, Orabank a constaté, après plusieurs vérifications, que le coffre installé au sein de West Africa Coast Limited présentait des anomalies : non seulement la banque ne recevait plus d’alerte en cas d’ouverture du coffre, mais la compagnie de transfert de fonds a aussi constaté des sommes manquantes.
Cette situation a conduit le holding bancaire à diligenter une inspection au sein de sa filiale ivoirienne. Si le groupe a, dans un premier temps, parlé d’un simple incident dans une relation commerciale avec un client, dans un second temps, après plusieurs auditions et confrontations, il a décidé de suspendre la directrice générale adjointe. Cette dernière a, dans la foulée, porté plainte contre la banque.
C’est la deuxième fois en moins d’un an qu’Orabank Côte d’Ivoire est exposée à une fraude bancaire. En 2022, la filiale a subi un préjudice de 3 milliards de francs CFA dans une affaire, encore en cours d’instruction, de corruption, faux et usage de faux en écriture privée de commerce, escroquerie par cavalerie financière et blanchiment de capitaux. Dans ce dossier, le client le plus touché était Société générale Côte d’Ivoire, dont le préjudice a été estimé à 22 milliards de francs CFA. Le secteur bancaire ivoirien avait, lui, été exposé à hauteur d’environ 52 milliards de francs CFA.
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