Maher Hajbi
Africa-Press – Côte d’Ivoire. À l’heure où le président Alassane Ouattara veut accélérer la prospection, le groupe public se mobilise pour augmenter, à moindre coût, la production de pétrole et de gaz.
Première découverte majeure d’hydrocarbures dans le bassin sédimentaire ivoirien, le gisement Baleine, exploité en partenariat entre Eni et Petroci, est entré en production fin août, soit près de deux ans après sa découverte par la major italienne. Un délai « record » qui reflète la volonté des autorités ivoiriennes d’accélérer la cadence pour répondre au besoin croissant d’énergie du pays.
Dans ce contexte, la Société nationale des opérations pétrolières de Côte d’Ivoire (Petroci) se mobilise pour accompagner la montée en puissance du secteur des hydrocarbures. « Notre ambition est de devenir une société pétrolière indépendante de référence avec une expertise opérationnelle dans le domaine de l’exploration et de la production », affirme la direction de Petroci à Jeune Afrique.
Sur la carte des pays producteurs
Après le « First Oil » du gisement Baleine, le niveau de production journalière se situe à environ 39 000 barils de pétrole par jour (bpj) et devrait monter autour de 80 000 bpj, et 500 millions de pieds cube par jour (mpcj) de gaz naturel associé à l’horizon 2026. Pour la troisième phase de développement du gisement, le consortium Petroci-Eni vise même une production de 150 000 bpj de pétrole et 200 mpcj de gaz naturel associé.
« Le gisement Baleine positionnera notre pays sur la carte des pays producteurs de pétrole », souligne Fatoumata Sanogo, la nouvelle directrice générale, intronisée cet été à la tête du groupe public. L’ex-cadre de TotalEnergies affirme que l’un de ces objectifs majeurs est aussi « d’augmenter à moindre coût la production d’huile et de gaz en Côte d’Ivoire ».
Sangafowa Coulibaly en tour de contrôle
Avec des ressources estimées à 2,5 milliards de barils de pétrole brut et à 3 300 milliards de pieds cubes de gaz naturel, Baleine permet au pays de multiplier par 20 ses réserves d’or noir. Insuffisant pour freiner l’engouement d’Abidjan : s’il loue les compétences de Fatoumata Sanogo pour faire décoller Petroci, le ministre des Mines, du Pétrole et de l’Énergie, Mamadou Sangafowa Coulibaly n’en est pas moins exigeant.
Adepte des coups de pression, comme celui mis au géant italien ENI pour accélérer la mise en production du gisement Baleine, Mamadou Sangafowa Coulibaly veut que la directrice générale de Petroci accélère encore. « Nous devons aller vite, car nous avons besoin d’énergie […] Le président Alassane Ouattara attend une autre découverte de pétrole », a-t-il insisté au moment de la signature, en juin dernier, de cinq contrats de partage et de production avec le groupe américain Murphy E&P. Deux mois plus tard, il a mis Petroci au défi d’optimiser les gisements gaziers marginaux dans l’optique de booster la capacité de production de gaz naturel de la Côte d’Ivoire.
En poste depuis plus d’un an, le ministre des Mines, du Pétrole et de l’Énergie scrute de très près les performances de Petroci. Initialement société à participation financière publique, devenue, en 2021, une entreprise publique à 100 %, le groupe avait été secoué par « le scandale du gaz butane disparu ». La disparition de 17 000 tonnes de gaz butane des quantités stockées a, en effet, coûté son poste à l’ancien directeur général du groupe, Vamissa Bamba.
« Valeurs fortes »
Désignée pour « révolutionner » la société pétrolière ivoirienne, Fatoumata Sanogo assure s’appuyer sur une culture d’entreprise fondée sur « des valeurs fortes » comme « la transparence, la performance et le sens du collectif ». « Notre personnel sera le pilier d’un management participatif et constructif, c’est pourquoi nous continuerons de renforcer les capacités de nos agents pour assurer la pérennité de Petroci », explique la spécialiste en ingénierie pétrolière.
La direction du groupe public continuera les roadshows, en l’occurrence à Cape Town lors de l’Africa Oil Week, pour attirer les pétroliers et enrichir son portefeuille de projets stratégiques. Première femme à diriger Petroci, Fatoumata Sanogo veut fournir des volumes journaliers supplémentaires au secteur électrique dans le cadre de « partenariats gagnants-gagnants ». « Nous travaillons à accroître notre capacité opérationnelle quotidiennement et à anticiper les défis », souligne la patronne de Petroci.
En 2023, le groupe public a également signé un arrangement de financement pour renouveler ses infrastructures et sécuriser les stocks. Avec 60 milliards de F CFA (91,5 millions d’euros), répartis entre la BOAD (30 milliards), Bridge Bank (15 milliards) et Banque Atlantique (15 milliards), Petroci veut passer à l’étape supérieur et étendre son réseau.
Source: JeuneAfrique
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