Africa-Press – Côte d’Ivoire. Réunis à l’occasion du séminaire bilan du deuxième trimestre 2025, les cadres de la Direction Générale des Impôts (DGI) ont eu droit à un diagnostic sans fard de leur performance. Un exercice de vérité conduit par leur premier responsable, Ouattara Sié Abou, qui a reconnu une contre-performance préoccupante pour le premier semestre, tout en promettant de relever le défi des objectifs fixés pour la fin de l’année.
Dans son allocution d’ouverture, le directeur général a donné ces chiffres: 2511,7 milliards de FCFA collectés sur un objectif semestriel de 2659,9 milliards, soit un écart négatif avec un taux de réalisation de 94,4%. « Ce taux, bien qu’en progression de 16,9% comparé au premier semestre 2024, reste en deçà de nos ambitions », a reconnu Ouattara Sié Abou.
La situation est peut-être difficile puisque le deuxième trimestre affiche un taux de réalisation encore plus bas: 91%, avec 1404,4 milliards FCFA encaissés sur un objectif de 1542,9 milliards de FCFA.
Cette contre-performance, serait, selon le DG, lié principalement à la faiblesse du rendement des actions particulières, qui plafonnent à 60% de l’objectif fixé. « Nous avons collecté seulement 235,6 milliards de FCFA sur 386,7 attendus. C’est une alerte rouge », a-t-il reconnu, indexant également les impôts dits « leaders » en chute libre depuis quelques années.
En outre, l’impôt sur le traitement des salaires, celui sur les bénéfices industriels et commerciaux, ou encore l’impôt sur les revenus des valeurs mobilières sont tous en net repli. Le retard dans la mise en œuvre de réformes phares telles que la facture normalisée électronique ou la réforme de l’impôt foncier n’a pas arrangé les choses.
Malgré ces revers, le DG n’a pas voulu sombrer dans le pessimisme. Il a salué la résilience des ses hommes (agents de l’administration fiscale) dans un contexte économique mondial instable. « Vous avez tenu bon malgré une conjoncture difficile, une méfiance croissante du secteur privé et des réformes structurelles lourdes », a-t-il souligné, félicitant les efforts fournis.
Il a aussi tenu à rassurer: « Nous allons redresser la barre. Ce séminaire doit déboucher sur des stratégies concrètes et efficaces pour combler l’écart dans les deux prochains trimestres », a-t-il exhorté ses collaborateurs.
Représentant le ministre des Finances et du budget à cette cérémonie, Bamba Fossogbo, directeur de cabinet adjoint, a réaffirmé la confiance du gouvernement en l’institution fiscale. « Malgré le gap enregistré, le ministre me charge de vous adresser ses félicitations pour le travail accompli », a-t-il déclaré en insistant sur l’urgence de « redoubler d’ardeur ».
Pour lui, l’atteinte des objectifs reste un impératif majeur, surtout dans le cadre du programme économique conclu avec le FMI, qui exige une hausse du taux de pression fiscale de 0,5 point de PIB d’ici à 2028.
Parmi les solutions évoquées, Bamba Fossogbo a prôné un suivi plus rigoureux des contribuables défaillants, l’intensification de la sensibilisation fiscale, ainsi qu’un renforcement des actions de recouvrement forcé et du contrôle fiscal. Il a aussi annoncé la tenue prochaine des Journées Nationales du Civisme Fiscal, comme « levier de mobilisation » et de conscientisation.
Il a enfin encouragé les agents à s’approprier pleinement la culture du contrôle interne, thème central du séminaire, vu comme un instrument clé de performance. « Le ministre s’engage à soutenir toute initiative qui vise l’amélioration continue des résultats de la DGI », a-t-il conclu.
Si les résultats du premier semestre 2025 n’ont pas atteint les objectifs fixés, la DGI veut croire à un second souffle. Le défi est lancé. Et pour Ouattara Sié Abou, la mobilisation de tous les agents est plus que jamais un impératif: « Ce n’est qu’en resserrant les rangs que nous pourrons combler ce retard et inscrire notre administration dans une dynamique d’excellence durable », a-t-il rappelé.
Ainsi, l’administration fiscale ivoirienne joue gros. Et les deux prochains trimestres s’annoncent décisifs.
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