Africa-Press – Côte d’Ivoire. C’est une arrestation qui résonne bien au-delà des frontières ivoiriennes. Mamadou Awa Gassama, membre du Conseil National de Transition (CNT) du Mali et voix virulente contre la politique ivoirienne en Afrique de l’Ouest, aurait été interpellé le mercredi 2 juillet 2025 à Abidjan.
Une information confirmée par une source judiciaire, selon laquelle l’homme a été placé sous mandat de dépôt pour « outrage, incitation à la haine et tentative de déstabilisation des institutions ».
L’homme fort de Yilémané, connu pour son franc-parler et son alignement assumé avec la junte malienne, ne se trouvait pas en territoire ivoirien pour des raisons politiques. Il s’apprêtait à se rendre à Séguéla, dans le nord-ouest de la Côte d’Ivoire, pour assister aux obsèques d’un proche parent, lorsqu’il a été arrêté dans la capitale économique. Les conditions exactes de cette interpellation restent entourées de zones d’ombre.
Ancien député élu à plusieurs reprises sous la bannière de l’Union pour la République et la Démocratie (URD), Gassama est devenu au fil des années un pilier de la scène politique malienne. Depuis l’installation des autorités militaires à Bamako, il a renforcé son influence au sein du CNT, l’organe qui tient lieu d’assemblée nationale durant la transition en cours. À ce titre, ses prises de position publiques ont souvent fait polémique, notamment ses critiques récurrentes contre la CEDEAO et la Côte d’Ivoire, accusées selon lui d’ingérence dans les affaires souveraines des pays sahéliens.
Dans plusieurs vidéos largement diffusées sur les réseaux sociaux, Gassama s’était illustré ces derniers mois par des propos très durs contre le président ivoirien et ses alliés ouest-africains, dénonçant ce qu’il qualifiait de « tutelle déguisée » et de « manipulations diplomatiques » visant à isoler le Mali, le Burkina Faso et le Niger. Sa liberté de ton, vue comme un atout à Bamako, a fini par lui valoir des ennuis à Abidjan.
L’affaire réveille les souvenirs encore vifs de la crise de 2022, lorsqu’un contingent de 49 soldats ivoiriens en mission au Mali avait été arrêté puis détenu pendant plusieurs mois à Bamako. À l’époque, les accusations de mercenariat avaient tendu les relations bilatérales, et leur libération n’était intervenue qu’au terme de négociations diplomatiques éprouvantes.
Aujourd’hui, c’est au tour d’Abidjan de tenir un ressortissant malien à forte charge politique. L’arrestation de Mamadou Awa Gassama est déjà perçue à Bamako comme un acte hostile. Plusieurs figures proches des autorités de transition dénoncent une manœuvre de provocation et réclament sa libération immédiate. Du côté ivoirien, aucun commentaire officiel n’a pour l’heure été fait, mais les répercussions de ce geste pourraient bien franchir le seuil du simple fait divers pour s’inscrire dans un nouvel épisode de tension entre les deux capitales.
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