Koné Katinan critique vivement un système de santé ivoirien inégal et les privilèges accordés aux élites

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Koné Katinan critique vivement un système de santé ivoirien inégal et les privilèges accordés aux élites
Koné Katinan critique vivement un système de santé ivoirien inégal et les privilèges accordés aux élites

Africa-Press – Côte d’Ivoire. Lors de la 37e édition de la Tribune du Parti des Peuples Africains – Côte d’Ivoire (PPA-CI) qui s’est tenue le 22 mai 2025 au siège du parti à Cocody, Justin Koné Katinan, vice-président du PPA-CI, a exprimé sa profonde désapprobation envers le système de santé en Côte d’Ivoire, qu’il juge fortement inéquitable et inefficace.

Il a reproché notamment les accords d’évacuation sanitaire entre des institutions locales et des partenaires étrangers, qui permettent à une petite minorité privilégiée, y compris des hauts responsables politiques, d’obtenir des soins à l’étranger, accentuant ainsi l’écart entre les élites et la population générale.

Le constat de Justin Koné Katinan est sévère. La Côte d’Ivoire est confrontée à une centralisation excessive des infrastructures et du personnel médical à Abidjan, négligeant ainsi les régions intérieures qui ont un accès très limité aux soins de santé.

Il a indiqué que 85 % des spécialistes et 70 % des équipements médicaux modernes sont situés dans la capitale économique, obligeant ainsi de nombreuses personnes à parcourir de longues distances pour des examens basiques ou des traitements essentiels. Cette inégalité territoriale contribue selon lui à des indicateurs de santé préoccupants. Par exemple, le taux de mortalité infantile reste élevé, à 59,2 décès pour 1 000 naissances, presque le double de celui des pays voisins comme le Ghana. La mortalité maternelle est à 385 décès pour 100 000 naissances, un chiffre bien au-dessus des objectifs fixés par l’Organisation mondiale de la santé (OMS). De plus, des maladies comme le paludisme continuent de causer de nombreux décès, notamment chez les enfants, en raison du manque de moyens et de l’accès difficile aux traitements.

Pour le natif d’Arikokaha, ce système est également miné par une mauvaise gestion et des priorités politiques discutables. Il a critiqué vigoureusement les accords passés entre des institutions ivoiriennes et la compagnie aérienne Corsair ainsi qu’un établissement médical privé à Paris, qui permettent à certains hauts fonctionnaires et leurs familles de recevoir des soins à l’étranger, tandis que la majorité des Ivoiriens n’a pas accès à un système de santé efficace et abordable.

Il considère ces accords comme une violation claire du Code des marchés publics, qui devrait être exclusivement orienté vers l’intérêt commun et la gestion transparente des fonds publics. Cela reflète, selon lui, une gestion patrimoniale où l’État est géré comme la propriété d’un groupe politique, et où les ressources publiques sont captées par une élite au détriment de la majorité.

Le financement du secteur de la santé est aussi une préoccupation majeure. En 2023, le budget alloué à la santé ne représentait que 7,29 % du budget national, bien en deçà des 15 % promis lors de la conférence d’Abuja, révélant ainsi une sous-financiation chronique. De plus, près d’un quart de ce budget dépend encore de l’aide internationale, rendant le système fragile et peu autonome.

Paradoxalement, alors que les hôpitaux manquent cruellement de ressources, d’équipements et de personnel, des fonds importants sont dirigés vers des projets prestigieux, comme la construction de stades, soulevant des questions sur les priorités des dirigeants, a fait savoir Katinan.

Cette gestion déséquilibrée des ressources humaines dans le secteur de la santé est aussi préoccupante. Selon l’ancien porte-parole de Gbagbo, la Côte d’Ivoire fait face à une fuite importante de ses médecins, avec près de 40 % des praticiens formés à l’étranger choisissant de s’installer dans des pays offrant de meilleures conditions de travail. Sur le plan national, le ratio est alarmant, avec seulement 0,23 médecin pour 1 000 habitants, contre 0,6 au Gabon par exemple. La formation locale ne parvient pas à compenser ces départs, avec environ 250 nouveaux médecins diplômés chaque année, nombre insuffisant pour répondre aux besoins croissants de la population.

Justin Koné Katinan appelle à une refonte complète de la politique de santé ivoirienne. Il propose une approche axée sur la prévention, le renforcement des infrastructures locales, la production nationale de médicaments et une valorisation renforcée des professionnels de santé.

Il a insisté pour terminer sur l’importance d’une gestion transparente, exempte de privilèges et d’intérêts personnels, dans le but de redresser un système de santé au service de tous les Ivoiriens.

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