Africa-Press – Côte d’Ivoire. Au mois de janvier 2022, le Premier ministre Patrick Achi avait lancé officiellement le « programme spécial d’insertion des jeunes des régions frontalières des pays en proie au terrorisme » lors d’une tournée dans le nord de la Côte d’Ivoire. Et ce, afin d’éviter que ces derniers ne rallient les groupes jihadistes dans ces zones où le sentiment d’abandon de l’État est présent.
Initialement doté d’une enveloppe de 2 milliards de F CFA (3,05 millions d’euros), le budget a été revu à la hausse, de même que le nombre de bénéficiaires. À la fin de 2022, 22 912 jeunes auront été intégrés au projet, désormais doté de 9,602 milliards de F CFA, déjà mobilisés en grande partie par l’État. À terme, en 2024, ils seront 65 613 et l’enveloppe aura été réévaluée à 33,3 milliards de F CFA.
Du 10 au 13 novembre, une mission conduite par Mamadou Touré, ministre de la Promotion de la jeunesse, de l’Insertion professionnelle et du Service civique, qui pilote le programme, se rendra dans les régions du Tchologo, de la Bagoué et du Poro, afin d’évaluer l’avancée de la mise en œuvre des dispositifs. Il sera accompagné par les représentants en Côte d’Ivoire de l’Agence française de développement (AFD), de la Banque mondiale (BM), du Bureau international du travail (BIT), du Programme des Nations unies pour le développement (PNUD), du Fonds des Nations unies pour l’enfance (Unicef), etc., qui sont parties prenantes du programme ou qui financent déjà des projets dans le Nord.
Menace sérieuse
Selon nos informations, à la fin de septembre 2022, 16 785 jeunes avaient déjà été sélectionnés et pris en charge dans les différents dispositifs d’insertion : financement d’activités génératrices de revenus des micros et petites entreprises, formations de reconversion et de requalification, apprentissage, permis de conduire, volontariat…
Au cours de sa tournée, Mamadou Touré visitera d’autres réalisations dans le cadre du Programme social du gouvernement (PS Gouv 2), visant à améliorer les conditions de vie des populations de ces zones. À Kafolo par exemple, ville située près de la frontière avec le Burkina Faso et particulièrement touchée par les attaques jihadistes, la mission se rendra sur des chantiers d’infrastructures. L’État a lancé la construction d’un collège, d’un dispensaire et d’une école maternelle avec des logements d’instituteurs et des pompes pour l’alimentation en eau.
Depuis le mois de juin 2020, le nord de la Côte d’Ivoire est la cible d’attaques attribuées à des hommes de la katiba Macina d’Amadou Koufa, chef jihadiste affilié au Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans. Si la dernière remonte à la fin de juin 2021, à Tougbo, dans le département de Bouna, les autorités prennent la menace très au sérieux. Elles ont musclé le dispositif militaire dans la zone en construisant des bases dans plusieurs villes et en améliorant les relations avec les populations. Les patrouilles ont permis de détecter quelques engins explosifs sur des axes routiers. Plusieurs milliers de réfugiés venus du Burkina Faso sont accueillis à la frontière, ajoutant de la fragilité à ces régions où un important retard de développement existe.
Au mois d’août 2021, Alassane Ouattara avait discrètement mis en place le Centre de renseignement opérationnel antiterroriste, chargé de centraliser les actions de l’État contre les terroristes présumés. Cette structure est placée sous la double tutelle du président, qui dirige le Conseil national de sécurité, et du ministre de la Défense, Birahima Téné Ouattara.
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