Africa-Press – Côte d’Ivoire. Alors que la CEDEAO célèbre ses 50 ans d’existence, la capitale économique ivoirienne accueille, du 1er au 3 juillet 2025, la réunion-bilan de la Task Force sur le Schéma de Libéralisation des Échanges (SLE).
L’enjeu? Faire le point sur les avancées, les blocages et les perspectives en matière de libre circulation des biens dans l’espace communautaire.
Devant de hauts responsables communautaires, des experts et des partenaires techniques, Dr Mohamed Ibn Chambas, président de la Task Force, a expliqué dès l’ouverture de cette session, ce mardi, les raisons du rendez-vous d’Abidjan.
Visiblement préoccupé mais résolument optimiste, il a d’abord tenu à exprimer sa reconnaissance aux autorités ivoiriennes pour leur accueil, ainsi qu’à la Commission de la CEDEAO pour l’organisation de cette importante rencontre.
« Cette réunion doit être pour nous l’occasion d’échanger sans langue de bois sur les problèmes rencontrés, et surtout de faire des propositions concrètes visant à renforcer les actions de la Task Force sur le SLE », a-t-il indiqué.
Créé pour lever les obstacles au commerce entre les États membres, le Schéma de Libéralisation des Échanges est censé incarner l’esprit même de la CEDEAO: celui d’une communauté unie par les échanges et le mouvement fluide de ses citoyens.
Sur le papier, les textes existent. Dans les faits, les entraves persistent.
Pour Dr Ibn Chambas, l’heure est donc au réalisme.
« Nous devons créer les conditions appropriées pour faire prospérer les richesses de la région. Car la CEDEAO, ce n’est pas seulement une organisation politique, c’est une promesse économique pour les peuples », a-t-il souligné.
Il a également rappelé que la sous-région ouest-africaine reste la seule en Afrique où la libre circulation est garantie sans visa. Un acquis majeur, certes, mais insuffisant selon lui, sans la mise en œuvre effective des mesures commerciales adoptées.
Dans la même veine, Mme Massandjé Touré-Litsé, Commissaire aux Affaires économiques et à l’Agriculture de la Commission de la CEDEAO, a salué la mobilisation des membres de la Task Force ainsi que les avancées techniques notables.
« Nous avons enregistré des progrès tangibles, notamment avec l’adoption du certificat d’origine électronique, le déploiement du SIGMAT – le Système Intégré de Gestion des Marchandises en Transit – et l’harmonisation des normes sanitaires et phytosanitaires », a-t-elle indiqué.
Ces acquis, a-t-elle poursuivi, sont le fruit d’un long plaidoyer de la Task Force auprès des États membres, des conseils des ministres et même des sommets des Chefs d’État.
Toutefois, la route reste semée d’embûches.
« Nos populations et nos opérateurs économiques continuent de faire face à des obstacles, notamment sur les corridors et dans le transit des produits agro-sylvo-pastoraux », a-t-elle reconnu.
Avec une diplomatie maîtrisée mais une fermeté de ton, Mme Touré-Litsé, qui la veille encore invitait les dirigeants des pays membres à traduire dans les actes les décisions prises pour le fonctionnement de la CEDEAO, a exhorté les participants à produire des recommandations audacieuses:
« Les attentes sont grandes, et nous devons rester à la hauteur des ambitions de l’intégration régionale », a-t-elle insisté.
Elle a également rappelé que la Task Force, mise en place par les Chefs d’État, a pour mission d’intervenir à la fois comme médiateur et comme vigile sur le terrain, en arbitrant les litiges entre États et en menant des actions de surveillance aux frontières.
En ce sens, les deux équipes qui se sont succédé depuis 2016 ont contribué à exposer les pratiques contraires aux textes communautaires, parfois ignorées ou tolérées par les administrations nationales.
Leurs visites surprises, notamment sur le corridor Abidjan-Lagos ou dans le cadre de l’Union du Fleuve Mano, ont permis de révéler les réalités du terrain et d’alimenter les débats au plus haut niveau.
Alors que les discussions se poursuivent jusqu’au 3 juillet, l’objectif de la Task Force est clair: parvenir à une feuille de route pragmatique, qui prenne en compte les réalités locales tout en respectant les engagements communautaires.
Dr Ibn Chambas a alors lancé un appel à la mobilisation générale.
« Le SLE ne peut réussir sans une volonté politique ferme et une implication active de toutes les parties prenantes. Nous avons les textes. Ce qu’il faut désormais, c’est les faire vivre », a-t-il tranché.
Dans une sous-région en quête de souveraineté économique, cette réunion d’Abidjan sonne comme une exhortation au pragmatisme.
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