« Richesse en trompe l’œil d’un pays en développement, la Côte d’Ivoire » (élus PDCI)

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« Richesse en trompe l’œil d’un pays en développement, la Côte d’Ivoire » (élus PDCI)
« Richesse en trompe l’œil d’un pays en développement, la Côte d’Ivoire » (élus PDCI)

Africa-PressCôte d’Ivoire. La Côte d’Ivoire a levé des Euro-bonds d’un milliard d’Euros au taux de 5% (24 novembre 2020):

• S’assurant une maturité de 10 ans au taux de remboursement de 5%,
• Justifiant ainsi la confiance des investisseurs présents sur le marché.

Mais qu’en est-il de la fracture et des inégalités sociales. Des pans entiers de la population qui subissent les délestages, le rationnement de l’électricité, sans omettre les difficultés d’accès aux soins ? Nous ne pouvons pas nous réjouir d’une telle disparité quand on nous annonce régulièrement des ressources nouvelles.

La marche vers l’émergence promise n’est-elle pas dans l’impasse, dans une dynamique si négative que nous semblons marcher à reculons ?

Il suffit d’interroger, pour constater ces disparités, les habitants de nombreux quartiers d’Abidjan (PK18 dans la commune d’Abobo) et nombreuses autres villes de l’intérieur du pays.
Nous voulons nous souvenir de certains propos du RDR (mars 2010) qui à bras raccourcis stigmatisait l’incapacité des prédécesseurs à pérenniser les acquis du secteur énergétique.
C’est à croire que la mauvaise gouvernance suffit à expliquer, la gravité des problèmes auxquels notre secteur électrique a dû faire face en 2010 ? Cette interrogation est à rapprocher des propos tenus en 2019, par notre jeune ministre du pétrole et de l’énergie. Affirmant la surproduction avec un solde positif de 200 mégawatts.
En effet, notre capacité de production électrique à hauteur de 2200 mégawatts ferait pâlir d’envie nombre de pays voisins de notre sous région. La croissance de notre production s’estime en moyenne à +6,16% l’an. Il apparait nécessaire de rappeler que nos sources de production se répartissent de la manière suivante :
• 67,55% issus du thermique (4 centrales thermiques de producteurs indépendants : CIPREL, AZITO et AGGREKO),
• 32,45% de l’hydraulique (7 centrales hydrauliques).
• Notre pays n’exporte que 11% de sa production nationale.

Il faut noter que la centrale d’Azito fournit le tiers de la production électrique du pays.
C’est au regard de cet état des lieux, qui ne prétend pas être exhaustif, que nous nous devons de nous pencher su la nature de la crise énergétique en Côte d’Ivoire, qui se matérialise par des coupures intempestives d’électricité dans tout le pays.

Rappelons que c’est grâce au choix de notre révolution énergétique qui a commencé en 1993, sous l’impulsion du gouvernement du président Bédié qu’a été décidé l’ouverture du marché de l’énergie au secteur privé pour éviter de connaître à nouveau les grosses crises de délestage de 1984. Dans cette optique, appel a été fait à deux consortiums internationaux. Le premier a construit la centrale de CIPREL qui a commencé à produire de l’électricité dès 1995, le second IFC (filiale de la Banque mondiale) a mobilisé nombreux partenaires.
A la lumière de ces efforts, peut-on penser que notre crise est uniquement liée à une insuffisance de capacité de production ? Ou peut être un défaut d’anticipation pour nous propulser vers une nouvelle ère énergétique ?

En nous attardant sur ce problème de la production, il sera de bon ton de souligner que depuis 2010, l’anticipation n’a pas été l’apanage de nos dirigeants. Le réchauffement climatique, les saisons sèches prolongées ne sont pas suffisamment pris en compte. Leurs effets ont pu naturellement entraver la productivité et contrarier notre économie.

Dans son objectif d’émergence, la Côte d’Ivoire avait prévu de doubler en cinq ans son potentiel électrique en passant de 2200 mégawatts (en 2019) à 4000 mégawatts (en 2025). Pour espérer y parvenir, le gouvernement a établi un plan de production destiné à privilégier l’hydroélectricité et les énergies renouvelables au gaz. Il faut savoir que, les énergies renouvelables dans notre pays sont peu utilisées, malgré notre grand potentiel en biomasse (valorisation des déchets). Il faut avoir présent à l’esprit que nos engagements portent sur une part d’énergie renouvelable qui devrait se situer à 42% en 2030. Or, le choix de centrales à gaz est privilégié, pour accroître la production nous paraît un non sens, sachant que les ressources en gaz de la Côte d’Ivoire diminuent inexorablement vers l’épuisement total d’ici à l’horizon 2025. A moins de vouloir dépendre des gisements étrangers !

D’ailleurs le Plan Cadre de Gestion Environnementale et Sociale (PCGES) d’octobre 2019 qui affiche l’ambition du gouvernement visant à réduire le temps moyen de coupure vers des seuils minimums, renferme d’autres objectifs : fournir une électricité de qualité dans les centres urbains, raccorder les 8519 localités de plus de 500 habitants que compte la Côte d’Ivoire avant fin 2020 et l’électrification totale du pays avant fin 2025 pour faire passer à cette échéance, le taux de couverture à 100%. Pour atteindre ces objectifs, CI-ENERGIES (CIE) a sollicité l’appui de la Banque Africaine de Développement (BAD) en vue du financement d’un important programme visant à améliorer l’accès à l’électricité en milieu rural par le raccordement et par extension de réseaux de 1088 localités réparties dans les districts et régions de la Côte d’Ivoire.

C’est bien entendu, habitués de ces effets d’annonce que nous recevons une fois de plus toutes ces données prévisionnelles chiffrées qui sont censées nous mener à l’émergence. Il est vrai que nous avons un gouvernement en perpétuelle campagne électorale. En cela, l’arrivée d’une ligne électrique dans une localité est célébrée à coup de fanfare, d’uniforme vestimentaire à l’effigie des dignitaires du camp présidentiel, donateur avec les deniers publics.

Au cours de ce troisième mandat, certain d’avoir le vent en poupe, on nous annonce de nouvelles prévisions ciblant le triplement de la production actuelle de notre réseau électrique qui passerait de 2200 mégawatts actuels à 6600 mégawatts à l’horizon 2030. Espérant devenir du coup, le hub énergétique de l’Afrique de l’Ouest dès 2020 (objectif non atteint à ce jour). Pour cet ambitieux programme, nous demeurons peu persuadés de la pertinence du choix de l’entreprise chinoise Sinohydro, qui après le barrage de Soubré, persiste dans l’édification de nouvelles centrales hydrauliques.

Pour répondre à ce qui nous préoccupe : à savoir comment améliorer notre autonomie énergétique ?
A l’échelle du pays mais aussi du ménage, il convient de réduire notre consommation d’énergie et la produire localement grâce aux énergies renouvelables. Les économies d’énergies et les énergies de transition, véritables angles morts devraient constituer dès lors deux axes d’action forts à explorer, en vue de renforcer la sécurité d’approvisionnement et surtout de créer une politique énergétique plus durable.
Le gros avantage des énergies renouvelables réside dans leur abondance (soleil, vent, eau…) et leur disponibilité au niveau local. Il est regrettable que les centrales solaires de Korhogo et de Boundiali n’ont point fait d’émules dans d’autres régions.

Les moyens de production d’énergie renouvelable locale sont accessibles à tous. Une collectivité, une industrie, une petite entreprise ou encore un ménage peuvent investir dans une installation de production d’énergie renouvelable en fonction de leurs besoins, de leurs moyens financiers et du gisement énergétique à leur disposition. Ainsi, un détenteur d’une unité de production solaire photovoltaïque.(installation, sur un toit orienté vers le soleil), peut couvrir une grande partie des besoins en électricité. L’énergie ainsi autoproduite peut être autoconsommée ou réinjectée sur le réseau électrique en cas de surplus. Une vraie politique doit être déployée pour la mise en œuvre et sa réussite (Subventions, aides spécifiques…).

La Côte d’ivoire a sans conteste fait le choix de la privatisation d’une partie de son secteur électrique. Mais c’est à regret que nous soulignerons la stricte logique financière qui anime ces investisseurs privés. L’électricité, dans un pays si jeune dans sa phase de développement, doit être un bien collectif bénéficiant de tous les privilèges idoines.

Le groupe parlementaire Pdci-Rda au contact des associations des consommateurs. Ici étape d’Adjamé

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