Brofodoumé, une affaire de 72 hectares de terre source de conflit entre des fils du village, un affrontement évité de justesse

47
Brofodoumé, une affaire de 72 hectares de terre source de conflit entre des fils du village, un affrontement évité de justesse
Brofodoumé, une affaire de 72 hectares de terre source de conflit entre des fils du village, un affrontement évité de justesse

Africa-Press – Côte d’Ivoire. Des populations de Kongofon sur l’espace public du village en concertation (Ph KOACI)

Kongofon, village situé à une vingtaine de kilomètres d’Alépé et appartenant à la sous-préfecture de Brofodoumé au sud de la Côte d’Ivoire dans le département d’Abidjan, Région des Lagunes est au centre d’un conflit foncier entre des natifs du même village. Le village était au bord d’un affrontement pour une affaire de terre.

Au centre de cette affaire qui a failli virer à un affrontement le lundi 14 mars 2022, une affaire de 72 hectares de terre. Cette portion de terre serait revendiquée par Pascal N’Chi Monney, fils de Kongofon et petit-fils du feu patriarche Albert Adji.

L’intervention d’un détachement de la brigade de gendarmerie d’Anyama a permis de mettre en veilleuse la tension qui prévaut entre les deux clans, celui d’un groupe des natifs de Kongofon et le clan de Pascal N’Chi.

Aucun clan ne veut entendre raison dans ce conflit interne qui concerne les 72 hectares querellés.

Alors que le clan de l’opérateur économique Pascal N’Chi Monney affirme être dans ses droits en brandissant par ailleurs un document signé du chef du village de Kongofon Bakabou Achou, ceux opposés au petit-fils d’Albert Adji soutiennent que leur adversaire n’est légitimement pas en droit de disposer de ces 72 hectares de forêt sur lesquels il a déjà déployé des machines pour décaper l’espace.

Pour cause, l’arbre généalogique de Pascal N’Chi est remis en cause. Ces adversaires affirment que les grands-parents de ce dernier n’étaient que des personnes qui étaient de passage dans le village.

Selon M. Bakabou Bakabou, chef de terre du village de Kongofon, depuis que son grand-père a créé le village, c’est la première fois qu’il est confronté à ce genre de problème.

« Ceux qui ne vivaient même pas dans le village avec nous, sont ceux qui viennent prendre une grande partie de nos terres. Pourtant, nos parents qui sont venus fonder ce village, personne n’a revendiqué 72 hectares. Ce Pascal N’Chi, moi personnellement, je ne le connais pas dans ce village. », fait savoir le chef de terre du village de Kongofon.

Charles Achou Koma, président du collectif des propriétaires terriens de Kongofon quant à lui, pointe du doigt l’appétit qu’attirent les projets de développement de certaines infrastructures dans la sous-préfecture.

« Ces temps, on est là, il y a un jeune qui vient, il dit que son grand-père a des terres. Moi, sincèrement, le jeune, je ne le connais pas. », ajoute-t-il à son tour.

Bakabou Achou, le chef du village de Kongofon qui aurait signé un document dont se prévaut l’opérateur économique Pascal N’Chi Monney, pour sa part, rejette sa responsabilité dans cette affaire. Il évoque pour se justifier une crise d’AVC qu’il aurait fait.

« Dans cette affaire qui m’éclabousse aujourd’hui, le jeune Pascal N’Chi fait sortir une feuille sur laquelle j’ai porté une signature, je ne me souviens pas avoir porté cette signature, moi, j’ai mes plantations sur l’espace querellées. J’étais paralysé, peut-être que j’ai signé sans le savoir », relate le chef du village de Kongofon qui s’en remet à la décision du sous-préfet Mamadou Traoré.

Dans les 72 hectares, sources de conflits entre des fils du même village, Thomas Abelot Achi, non-voyant et natif de Kongofon dit être une victime des actions de l’opérateur économique Pascal N’Chi et ses machines.

Cliquez pour agrandir l’image

Il fait savoir qu’une partie de ses 6 hectares de terre pour lesquels il détient des actes juridiques a été détruite par les machines.

Joint, l’opérateur économique, Pascal N’Chi Monney, affirme qu’il n’a rien à dire à notre rédaction. Il nous a fait savoir qu’au moment venu, il fera savoir sa position.

« Il serait judicieux de convoquer les deux parties à cette rencontre pour que chacun puisse présenter ses preuves d’ayants-droits. Je ne comprends pas pourquoi la rencontre a eu lieu sans moi, donc je ne peux pas m’expliquer », a-t-il lâché.

Dans cette affaire qui oppose des natifs du même village, le sous-préfet de Brofodoumé Mamadou Traoré est accusé par le camp adverse de faire le jeu de l’opérateur économique Pascal N’Chi.

Pour Marc-Kouassi Grah Taussiagnon, directeur des opérations de l’organisation Jury International Promotion des droits de l’Homme (PDH), il faut tirer cette affaire au clair.

Il exprime avoir été contacté par des natifs du village eu égard aux risques d’affrontement du lundi 14 mars 2022.

Ce défenseur des droits de l’homme dont l’organisation s’est donnée pour mission de faire la médiation entre les populations du village de Kongofon entend par sa démarche ramener le calme dans la localité.

Il révèle que son organisation fera des investigations sur ce dossier à l’effet de sortir un rapport sur cette affaire de conflit foncier à Kongofon.

« On va pousser les enquêtes pour savoir qui est ce Pascal N’Chi, le niveau d’implication du sous-préfet, est-ce qu’il était fondé à agir ? Nous sommes convaincus que les autorités du pays sont contre toute forme d’expropriation des villageois de leurs terres », a-t-il exprimé.

Enfin, M. Marc-Kouassi Grah de Jury International PDH a lancé un appel aux autorités ivoiriennes afin qu’elles puissent s’impliquer dans ce dossier pour éviter le pire.

Jean Chrésus, Abidjan

Pour plus d’informations et d’analyses sur la Côte d’Ivoire, suivez Africa-Press

LAISSER UN COMMENTAIRE

Please enter your comment!
Please enter your name here