Découverte des plus anciens outils fabriqués dans de l’os par les premiers humains, il y a 1,5 million d’années

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Découverte des plus anciens outils fabriqués dans de l'os par les premiers humains, il y a 1,5 million d’années
Découverte des plus anciens outils fabriqués dans de l'os par les premiers humains, il y a 1,5 million d’années

Africa-Press – Côte d’Ivoire. Ils sont au nombre de 27 et ressemblent à de gros morceaux de pierre qu’on aurait brisés dans la longueur. 27 outils standardisés, en réalité faits d’os d’hippopotames et d’éléphant, datant de plus de 1,5 million d’années. Tous ont été récemment retrouvés dans les gorges d’Olduvaï, en Tanzanie, par une équipe internationale de chercheurs, parmi lesquels des scientifiques du CNRS et de l’université de Bordeaux. À eux seuls, ces artefacts repoussent d’un million d’années la date à partir de laquelle les premiers hominidés ont maîtrisé la conception d’outils en os. La découverte, publiée le 5 mars dernier dans la revue Nature, révèle ainsi que ces anciens humains disposaient à cette époque de « kits » d’outils plus complexes qu’on ne le pensait.

Lames de boucherie

D’emblée, Francesco d’Errico, archéo-anthropologue et directeur de recherche au CNRS qui a participé à l’étude, tient à le préciser: « Ce ne sont pas les plus anciens outils en os que nous connaissons. Ces derniers ont été trouvés sur plusieurs sites d’Afrique du Sud et remontent à 2,2 millions d’années. » En revanche, les outils d’Olduvaï sont bel et bien, à ce jour, les plus anciens outils en os façonnés par des individus du genre Homo jamais trouvés. Car pour les chercheurs, il ne fait pas de doute qu’ils ont été sciemment transformés à des fins utiles. « Nous sommes en mesure de dire qu’ils ont été retouchés volontairement », affirme Francesco d’Errico à Sciences et Avenir. « Ce qui n’est pas le cas des outils en os plus anciens. Ceux-là étaient ramassés tels quels au sol et permettaient, à la manière des bâtons, de fouiller des tubercules ou des termitières. »

Les outils façonnés d’Olduvaï, eux, ont avant tout servi à casser des articulations de grands animaux. Dans un bon état de conservation, et pouvant mesurer jusqu’à 40 centimètres, ils ont été fabriqués à partir à partir de la partie centrale des os des pattes d’hippopotames, dont la chair elle-même était consommée et donc débitée avec ces mêmes outils. Des hippopotames ont justement été trouvés en grande quantité dans la couche stratigraphique. « En revanche, si nous avons identifié plusieurs outils en os d’éléphant, aucun éléphant ne semble avoir été consommé sur place. »

Un assemblage unique

Selon Francesco d’Errico, la trouvaille est d’ampleur pour une autre raison: le fait qu’elle se présente sous la forme d’un assemblage. « C’est la première fois que nous trouvons une telle série dans une même couche », s’enthousiasme-t-il. Disposer de plusieurs outils façonnés au même endroit permet de démontrer qu’ils ont bien des caractéristiques particulières issu d’un travail artisanal persistant. « Ce sont tous des outils énormes, qui ont fait l’objet d’enlèvements importants et, surtout, qui ne trouvent pas de correspondance dans les outils en pierre. En somme, ils prouvent que les humains qui les ont modifiés ont transféré et adapté leurs compétences pour produire des outils différents de ceux en pierre. »

Pour les chercheurs, le « kit » d’Olduvaï s’inscrit dans une période de transition technologique. « Ces outils semblent avoir été créés dans un moment charnière, qui marque le tournant entre ce que l’on appelle l’Oldowayen, une industrie lithique du Paléolithique inférieur qui se caractérisée par sa technique relativement simple (les outils sont grosso modo des galets, de nucléi peu élaborés et des éclats, NDLR) et le début de l’Acheuléen, qui voit apparaître les premiers grands bifaces. »

L’énigme de l’espèce

Mais comme souvent lorsque l’on identifie d’anciens outils, la même interrogation persiste: à quelle espèce appartenaient les individus qui en étaient à l’origine ? « C’est toujours difficile à dire », tempère Francesco d’Errico. Reste qu’il y a 1,5 millions d’année, trois espèces différentes vivaient dans cette région d’Afrique de l’Est: Homo Erectus, Homo Habilis et Paranthropus boisei. Pour l’archéoanthropologue, il s’agirait plutôt d’Habilis ou d’Erectus, « tout simplement parce que ces espèces fossiles sont présentes sur le site à ces périodes-là, plus généralement en Afrique de l’Est, et qu’elles étaient carnivores ».

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