Africa-Press – Côte d’Ivoire. Pour soigner l’eczéma, il ne faudrait pas s’attaquer aux bactéries qui le causent mais plutôt au mécanisme d’adhésion de celles-ci. C’est ce qui ressort de l’étude publiée dans la revue Sciences Advances par une équipe internationale de chercheurs de Belgique, du Royaume-Uni, des États-Unis et de France.
Staphylococcus aureus, plus communément appelé staphylocoque doré, est une bactérie trouvée chez environ 1/5e des adultes. La plupart du temps, elle est inoffensive. Toutefois, dans certaines circonstances, elle peut se révéler pathogène voire responsable d’infections mortelles.
Dans les cas d’un eczéma, la bactérie est connue pour aggraver les symptômes. Une peau irritée par la démangeaison et le grattage devient vulnérable et poreuse à l’intrusion du pathogène dans l’épiderme, déclenchant une infection qu’il est difficile d’endiguer.
Quand les staphylocoques dorés résistants à la méticilline attaquent
Dans les cas les plus sévères, le staphylocoque se répand sous l’épiderme et le colonise progressivement. Les traitements antibiotiques ne font plus effet, les souches ont muté pour y devenir résistantes, devenant des SARM (Staphylococcus aureus résistant à la méticilline) potentiellement mortelles, y compris chez des personnes en bonne santé.
Depuis des années, une question hantait les spécialistes: par quel mécanisme la bactérie pouvait-elle adhérer de manière si tenace à la peau humaine et pourquoi les traitements antibiotiques finissaient-ils parfois par échouer?
Finalement, la réponse à cette énigme vient d’être mise au jour par la présente étude. Et, elle a, non seulement, apporté aux chercheurs l’identité du mécanisme adhésif mais également permis de franchir un record: celui de la plus robuste interaction jamais mesurée, plus forte que la superglue.
Un grappin d’une force jamais mesurée avant
Au centre de la découverte se trouve une protéine bactérienne, SdrD, que le pathogène utilise comme un grappin pour s’arrimer à une protéine humaine, la desmogléine-1. Les chercheurs ont mobilisé une batterie de techniques – microscopie à force atomique, simulations informatiques, entre autres – pour mesurer la puissance de ce grappin moléculaire et pour le détacher. « Nos données démontrent que la force nécessaire pour déplier une protéine SdrD est extrêmement élevée, représentant le pliage protéique le plus puissant jamais mesuré jusqu’à présent », écrivent les scientifiques.
Ces derniers ont mis le doigt sur l’un des talons d’Achille de cette adhésion, à savoir l’implication du calcium. « Nos expériences en laboratoire démontrent qu’une perte de calcium affaiblit significativement la stabilité mécanique du complexe SdrD/desmogléine-1. A l’inverse, en rajouter non seulement restaure la force du lien mais l’accroit encore plus ! »
Changer de stratégie pour traiter l’eczéma
Ce qui est totalement cohérent avec des observations antérieures ayant démontré qu’une augmentation de l’apport en calcium était associée à une prévalence de l’eczéma ou qu’une peau baignant dans une eau trop calcaire avait plus de risque de développer ce type de dermatites.
De ce résultat fondamental, une nouvelle stratégie médicale peut alors s’établir. Ne plus vouloir tuer à toute force les bactéries, car cela amplifie le problème et favorise l’apparition de souches résistantes aux antibiotiques.
Mais plutôt bloquer ou en tout cas diminuer l’arrimage des protéines SrdD à la peau. De sorte que le système immunitaire puisse facilement se débarrasser des micro-organismes envahissants avant que l’infection ne se propage et que le cercle infernal – grattage, fragilisation de la peau et entrée des bactéries, démangeaison accrue, grattage, etc. – ne se mette en marche.
En concentrant les efforts de la recherche et les pistes thérapeutiques sur l’adhésion des protéines bactériennes et non plus sur la destruction des bactéries, les chercheurs en sont convaincus: les dermatites comme l’eczéma ou les infections dues au staphylocoque doré pourraient se voir plus efficacement et radicalement soignés.
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