Il reste 6 ans seulement avant de dépasser les 1,5°C : l’Accord de Paris ne sera pas respecté

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Il reste 6 ans seulement avant de dépasser les 1,5°C : l'Accord de Paris ne sera pas respecté
Il reste 6 ans seulement avant de dépasser les 1,5°C : l'Accord de Paris ne sera pas respecté

Africa-Press – Côte d’Ivoire. 2024 pourrait bien être une année charnière dans la lutte contre le changement climatique. C’est en effet l’année où le système européen de surveillance de l’atmosphère Copernicus a enregistré pour la première fois une hausse de 1,5°C de la température mondiale par rapport à la période 1850-1900 sur toute l’année. Quasiment au même moment, le Projet Carbone Mondial (Global Carbon Project – GCP), ce consortium de climatologues qui calcule les émissions mondiales de CO2, a estimé qu’il y a 50% de chances que le réchauffement dépasse 1,5°C de manière constante d’ici six ans, soit peu ou prou la fin de la décennie.

« Pour que le seuil de 1,5°C soit officiellement franchi, il faut qu’on puisse en effet le constater sur six ou sept ans, rappelle Philippe Ciais, chercheur au Laboratoire des sciences du climat et de l’environnement (LSCE, CNRS/CEA) et partenaire du GCP. Au vu des résultats actuels, je ne vois pas comment on pourrait l’éviter ».

Les émissions de CO2 continuent en effet d’augmenter et 2024 a ainsi atteint un record absolu. 37,4 milliards de tonnes provenant de la combustion des énergies fossiles ont été relâchées dans l’atmosphère. Il faut y ajouter 4,2 milliards de tonnes provenant de la déforestation et des incendies pour atteindre ce montant jamais vu de 41,6 milliards de tonnes, contre 40,6 milliards en 2023.

L’usage de charbon, de pétrole et de gaz s’intensifie alors qu’il devrait commencer à diminuer

Les chercheurs affirment qu’il n’y a toujours « aucun signe » d’atteinte d’un pic d’émissions de CO2 fossile. En clair: l’usage de charbon, de pétrole et de gaz s’intensifie alors qu’il devrait commencer à diminuer. Le bilan s’aggrave, car la courbe des émissions liées au changement d’affectation des terres qui dans les années précédentes diminuait, a cette fois-ci augmenté. La cause de ce renversement de tendance ?

La sécheresse marquée en Amérique latine du fait du phénomène El Nino qui a rendu le massif amazonien beaucoup plus sensible aux incendies. En 2024, les émissions totales des incendies ont été de 11 à 32% plus élevées que sur la moyenne 2014-2023 du fait des feux affectant à la fois les Amériques du Nord et du Sud, représentant 2 milliards de tonnes de CO2 de juin à septembre. Les teneurs en CO2 dans l’atmosphère sont aujourd’hui de 422,5 ppm.

L’Inde dépasse l’Europe, la Chine pourrait diminuer ses émissions en 2025

Dans le détail, le charbon contribue pour 41% des émissions, le pétrole pour 32% et le gaz pour 21%. Plus émissif, le charbon a augmenté ses rejets de 0,2% en 2024, signe que son usage ne faiblit pas, contre +0,9% pour le pétrole et +2,4% pour le gaz. La Chine (32% du total mondial) voit ses émissions faiblement augmenter de 0.2%, et pourrait entamer une diminution dans les mois qui viennent.

Les émissions des Etats-Unis (13% du total) devraient diminuer de 0,6%, une tendance à la baisse régulière à la fois du fait du remplacement du charbon par le gaz de schiste, deux fois moins émissif, et par la pénétration des énergies renouvelables. Pour la première fois, les émissions des 1,5 milliard d’Indiens vont dépasser celles des 350 millions d’Européens. L’Inde augmente ses rejets de 4,6%, l’Europe les diminue de 3,8%.

La particularité du GCP, c’est de calculer le budget de carbone restant à émettre pour respecter les seuils de 1,5°C et de 2°C que la communauté internationale doit respecter pour atteindre les objectifs de l’Accord de Paris de 2015. Depuis le début de l’ère industrielle, 2650 milliards de tonnes de CO2 ont été émises. Pour respecter les 1,5°C, il ne reste plus que 235 milliards de tonnes de budget, soit moins de six ans au rythme actuel. Même les 2°C apparaissent aujourd’hui comme un objectif irréaliste. Le budget restant est en effet de 1110 milliards de tonnes.

Dans un tel contexte, les discussions actuellement en cours à la COP29, qui se déroule jusqu’au 22 novembre 2024 à Bakou (Azerbaïdjan), n’apparaissent pas à la hauteur d’un tel enjeu. Si l’objectif de la sortie des fossiles est bien reconnu par l’ensemble des pays, sa réalisation est continuellement repoussée. Il n’y a aucune contrainte exercée sur les Etats qui ont aujourd’hui pour seule obligation de rédiger leur « contribution » volontaire à la réduction des gaz à effet de serre.

Il reste cependant un petit espoir que le pic des émissions de gaz fossile soit atteint dans les deux ou trois ans qui viennent. Bien trop tardivement selon les constats du GCP.

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