La pollution lumineuse, un facteur de risque pour la maladie d’Alzheimer ?

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La pollution lumineuse, un facteur de risque pour la maladie d'Alzheimer ?
La pollution lumineuse, un facteur de risque pour la maladie d'Alzheimer ?

Africa-Press – Côte d’Ivoire. Une étude américaine pointe une association positive entre pollution lumineuse nocturne et apparition de cette pathologie. À prendre en considération mais à confirmer.

Il n’y a peut-être pas que les cambrioleurs et les amoureux qui devraient se plaindre de la pollution lumineuse. Les astronomes amateurs ont de plus en plus de mal à trouver des zones à l’abri pour pouvoir observer sereinement le ciel. Et le sommeil de tout un chacun peut être perturbé par l’excès d’éclairage, de panneaux éblouissants et d’autres artifices émettant de la lumière.

Quelques études pointent aussi un lien entre ce phénomène et des pathologies telles que l’obésité, la dépression ou même le cancer mais elles ne sont pas assez nombreuses pour être significatives. De même, de rares travaux se sont penchés sur les effets de l’éclairage nocturne sur les maladies neurodégénératives ou neuroinflammatoires. Cette fois, c’est à la maladie d’Alzheimer que s’est intéressée une équipe de l’Université Rush, à Chicago.

Un problème mondial

La pollution nocturne lumineuse n’affecte pas uniquement les habitants des grandes cités du monde. En fait, près de 80% de la population y est exposée, à divers degrés. Dans plusieurs endroits sur Terre, les lumières ne s’éteignent jamais ; entre l’éclairage urbain et routier, les façades des magasins et les panneaux lumineux, l’œil est constamment soumis à un flux de photons. Pour se rendre compte de l’impact de cette clarté sur une pathologie comme la maladie d’Alzheimer – qui est associée au grand âge mais dont les causes ne sont pas encore clairement établies – les chercheurs se sont avant tout servis de cartes.

Ainsi, ils ont étudié les cartes de pollution lumineuse des 48 États contigus des États-Unis et y ont intégré d’autres cartes de données médicales dans leur analyse. Elles portent sur des variables considérées comme des facteurs de risque de la maladie d’Alzheimer (alcoolisme, diabète, hypertension…). Ils ont ainsi généré, pour chaque État, cinq catégories de groupes locaux classés en fonction de l’intensité lumineuse nocturne, de la plus faible à la plus élevée. Puis pour chaque secteur ainsi défini, ils ont examiné la prévalence de la maladie, c’est-à-dire le nombre de cas recensés à un instant donné.

Une association positive entre lumières nocturnes et Alzheimer

Les résultats, publiés dans la revue Frontiers in Neuroscience, révèlent une association positive entre l’exposition nocturne à la lumière et la prévalence de la maladie d’Alzheimer. Elle est particulièrement nette chez les moins de 65 ans chez qui elle domine sur les autres facteurs de risque étudiés. En revanche, chez les personnes âgées de plus de 65 ans, le diabète, l’hypertension et les antécédents d’accidents vasculaires cérébraux sont plus fortement corrélés à la maladie d’Alzheimer que la pollution lumineuse. Mais moins que d’autres atteintes de santé comme l’alcoolisme, la dépression ou l’insuffisance rénale.

Il reste maintenant à comprendre la raison de cette association entre lumière et maladie neurodégénérative, tout en rappelant qu’association ne signifie pas causalité. Pour Robin Voigt-Zuwala, première auteure de l’étude, “la perturbation du rythme circadien est le principal mécanisme sous-jacent par lequel la lumière nocturne favorise la maladie d’Alzheimer, mais cela nécessitera des recherches supplémentaires pour le confirmer”. Ce qui pourrait également expliquer pourquoi les moins de 65 ans semblent plus affectés: ils vivent plus fréquemment dans des zones urbaines et ont un mode de vie qui les expose davantage aux éclairages nocturnes.

“Mettre des lunettes de soleil au lit”

La scientifique rappelle aussi que cette étude ne porte que sur l’exposition à la pollution lumineuse à l’extérieur de la maison mais qu’à l’intérieur des foyers, les sources de lumière sont aussi nombreuses et potentiellement problématiques. “L’évaluation de l’exposition à la lumière à l’intérieur de la maison est essentielle pour que nous comprenions comment la lumière affecte la santé cognitive des personnes âgées”, souligne-t-elle.

Et d’énumérer quelques règles simples pour diminuer l’impact des éclairages au domicile: “On peut utiliser des variateurs de lumière, des ampoules aux tons chauds plutôt que des LEDs qui émettent de la lumière bleue, installer des filtres sur les appareils électroniques portables ou même mettre des lunettes de soleil si l’on dort à côté de quelqu’un qui utilise ces appareils ! De plus, si dans la maison on est gêné par les lumières de la ville, il peut être intéressant de recourir à des rideaux occultants ou à des masques de nuit”.

Si cette récente recherche révèle un nouvel élément à prendre en compte dans l’étude de la maladie d’Alzheimer, il convient de modérer ses conclusions. Comme le rappelle les chercheurs, l’exposition à la lumière varie pour chaque individu au cours de la vie et l’étude ne porte que sur des habitants aux Etats-Unis. Quoiqu’il en soit, modérer l’éclairage nocturne semble une proposition valable, ne serait-ce que pour retrouver la voûte céleste.

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